Le gendarme Maxime, passionné d’histoire et de la 8e division d’infanterie américaine

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 04 juillet 2024
Un gendarme mobile pose devant un momument à la mémoire de la 8e division d'infanterie. au pied du monument, un casque d'époque de l'unité
© BCOM RGBRET - GD. J Lebrument

Le 4 juillet 1944, jour de la fête nationale américaine, près d’un mois après le D-Day, la 8th Infantry Division (8e division d’infanterie américaine) débarquait sur le sol français. Une date qui a pris une place importante dans la vie du gendarme mobile Maxime, engagé sur la sécurisation des 80 ans du débarquement de Normandie, et passionné d’histoire.

« Je suis passionné d’histoire depuis toujours, sûrement grâce à mes parents car quand on était petits et qu’on partait en vacances en famille, on visitait la France, et mon père, passionné d’histoire, m’a transmis le virus », sourit le gendarme Maxime, aujourd’hui affecté à l’Escadron de gendarmerie mobile 13/3 de Pontivy. Si dans sa prime jeunesse, dans le Finistère, il s’intéresse à différentes périodes, vers l’âge de 15 ans, quelque chose change.

Il reçoit sa première pièce de collection d’un membre de sa famille, et commence à centrer son intérêt autour des deux conflits mondiaux. Il se documente, lit beaucoup, visite, apprend, et commence à collectionner des objets militaires et civils de ces périodes. Petit à petit, les choses s’affinent, et la deuxième guerre mondiale devient son sujet de prédilection.

Une collection de casques et de photos de la 8e division d'infanterie américaine
© D.R.

La 8e division d’infanterie américaine, un choix réfléchi

L’une des difficultés en histoire réside dans le fait que les thèmes, sujets, périodes sont si vastes, que l’on ne peut pas tout explorer. Non seulement cela s’avère trop complexe en termes de recherches, mais financièrement la collection finit par avoir un coût certain.

«  J’ai donc décidé de m’intéresser à un thème en particulier, que l’Histoire n’avait pas mis sur les devants de la scène. En tant que Breton, j’ai voulu choisir une unité qui ait un lien avec ma région. Il s’avère que dans mes objets de collection, j’avais l’insigne d’une division américaine, un insigne en tissu que les soldats cousaient sur leurs vestes : celui de la 8e division d’infanterie américaine », explique Maxime. Cet insigne prend la forme d’un bouclier bleu, surmonté d’un « 8 » blanc traversé de bas en haut par une flèche dorée.

L’unité en question a débarquée le 4 juillet 1944 à Saint-Martin-de-Vareville, dans le secteur d’Utah Beach, a combattu en Normandie, puis d’un bout à l’autre du territoire breton : de la libération de Rennes, en passant par des combats à Dinard, à Pleurtuit, jusqu’à la délivrance de Brest et celle de la presqu’île de Crozon.

« Une fois ce centre d’intérêt bien défini, il y a plus de 10 ans maintenant, j’ai commencé à orienter mes recherches historiques et les collections sur cette unité, ajoute-t-il. Elle n’est pas très connue, et pour moi c’est un réel défi d’aller fouiller là où peu de monde l’avait fait auparavant. » Le jeune homme se passionne pour son sujet, travaille avec des sites internet, se plonge dans les livres d’époque, paye des chercheurs pour compulser les archives américaines.

  • Deux photos d'objets de collection de la 8e division d'infanterie
    © D.R.
  • Deux images d'objets de collection dur la 8e division d'infanterie américaine
    © D.R.
  • Deux photos d'objets de collection de la 8e division d'infanterie américaine
    © D.R.
  • Deux photos d'objets de collection de la 8e division d'infanterie
    © D.R.
  • Deux images d'objets de collection dur la 8e division d'infanterie américaine
    © D.R.
  • Deux photos d'objets de collection de la 8e division d'infanterie américaine
    © D.R.

 

Une collection qui doit vivre

« Une collection est quelque chose d’évolutif, cela a un coût. Je vends certains objets pour en acquérir d’autres. J’ai chez moi une pièce où j’expose, et je prête aussi à des musées, à des copains...j’ai beaucoup mûri sur l’aspect conservateur : avant, je voulais tout avoir, maintenant je veux que ça vive à nouveau, donc si ils peuvent être visibles dans les musées, je les prête avec plaisir. »

Les réseaux sociaux : faire sortir la division de l’oubli

En 2015, le jeune homme crée une page Facebook, puis Instagram, au nom de la division, qu’il commence à alimenter avec les objets de collection qu’il réunit, ainsi que les résultats de ses recherches : actions militaires, combats, mémoires d’hommes…

Des Américains dont les proches appartenaient à cette unité commencent peu à peu à s’abonner à ces pages, et les échanges commencent. « Certaines familles sont en demande, cherchant à en savoir plus sur le passé militaires de leurs aïeux, et grâce à mes recherches je peux leur fournir des réponses, quant à l’inverse d’autres m’apportent des éléments complémentaires. C’est vraiment gratifiant », se félicite le Breton.

Un monument commémorant la 8e division d'infanterie américaine. au sol une gerbe de fleurs à gauche aux couleurs du drapeau français, à droite à celle du drapeau américain
© D.R.

Un monument à la mémoire de la 8th Infantry Division

L’année 2021 apporte un nouveau tournant dans l’entretien de la mémoire de la 8e division d’infanterie américaine sur le sol français, avec un projet de construction d’un monument sur le lieu-même de débarquement de l’unité en 1944, à Saint-Martin-de-Varreville.

Bien que n’ayant aucune expérience dans le domaine, Maxime se lance sans hésiter.

« J’ai donc construit un dossier destiné à la mairie pour que ce soit validé. J’y apportais des preuves historiques tirées de rapports d’action précisant bien que la division avait débarqué sur la commune, ainsi que les circonstances. À cela, j’ai associé les devis concernant les achats en lien avec ce monument, et joint une vingtaine de témoignages de soutien du projet qui émanaient de familles américaines. » Une fois le dossier validé, et transmis en préfecture, le jeune homme se rend sur place avec la maire de Saint-Martin-de-Varreville, afin de déterminer le lieu précis où bâtir l’ouvrage… juste à côté de celui célébrant le débarquement de la 2e division blindée du général Leclerc en août 1944 !

À l’aide d’une cagnotte pour financer le projet mais aussi de dons comme le caillou, offert par la carrière de Montebourg, ou le béton pour couler la dalle, le militaire peut commencer les travaux, en juin 2021.

« J’ai regardé des tutoriels sur Youtube pour savoir comment couler une dalle en béton. J’ai fait le coffrage, la pierre m’a été emmenée gracieusement par un transporteur et j’ai pris soin de faire une dalle correcte », sourit le jeune homme.

En vue de l’inauguration à venir, Maxime convie les autorités locales, le consulat américain de Rennes, l’American Battle Monuments Commission [NDLR : l’organisme qui gère les cimetières américains à travers le monde], les familles américaines…

Le 4 juillet 2021,77 ans jour pour jour après le débarquement de l’unité, le monument est inauguré. Et le 4 juillet 2023, le gendarme Maxime était convié à l’ambassade américaine, à Paris, pour y célébrer leur fête nationale. « J’avais fait une demande de port d’uniforme pour m’y rendre : une fierté en tant que gendarme d’aller sous l’uniforme à l’ambassade américaine, pour échanger sur un sujet militaire. »

un gendarme mobile en varesue discute avec l'ambassadrice américaine à Paris
© D.R.

En 2024, Maxime crée une association pour l’aider à entretenir le monument. « Avec la proximité de la mer, les ravages du temps sont précoces. Je dois régulièrement changer les mâts, refaire la dalle, la peinture, ou encore le ragréage au niveau de la dalle, car le béton bouge un peu, précise le jeune homme. Une association me permet d’être plus transparent et légitime auprès des collectivités pour obtenir des fonds. »

Cette année du 80e anniversaire du débarquement, il n’a pas cherché à obtenir de fonds et a restauré lui-même l’ouvrage. Il y a en revanche hissé un drapeau qui n’est pas le sien. « Un Américain m’a offert un drapeau, qu’il veut récupérer après les commémorations, pour avoir ce sentiment de fierté de le voir le flotter sur le monument qui commémore la division de son père. »

un gendarme mobile pose auprès dun monument à la mémoire de la 8e division d'infanterie américaine
© BCOM RGBRET - GD. J Lebrument

Participer à la sécurisation du 80e anniversaire du Débarquement de Normandie, une fierté pour Maxime

Le 6 juin 2024, Maxime était engagé avec ses camarades de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 13/3 de Pontivy, dans le cadre de la sécurisation des cérémonies de commémoration du 80e anniversaire du Débarquement et de la Bataille de Normandie. L’occasion de faire un lien fort et concret, entre le fait d’accomplir sa mission de gendarme, en uniforme, tout en étant au plus près des festivités.

« On commémore un événement très important qui a joué sur la libération de notre pays. La liberté est toujours quelque chose de fragile, j’ai donc énormément de fierté à pouvoir y porter l’uniforme et à faire en sorte que ces commémorations puissent se dérouler en toute sécurité, grâce à la gendarmerie. Je participe ainsi, à mon petit niveau, à ce que cet hommage qu’on rend à nos alliés, et auxquelques vétérans, se déroule dans les meilleures conditions. »

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