La colonelle Céline Michta, co-autrice d’un Guide de l’enquête pénale

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 10 juin 2023
A gauche, la colonelle Céline Michta devant le kakemono de la section de recherches d'Amiens, et à droite la couverture du Guide de l'enquête pénale.
© S.R. Amiens

Actuellement commandante de la Section de recherches (S.R.) d’Amiens, la colonelle Céline Michta a profité de son passage à la Cour de cassation, en tant que chargée de mission de 2019 à 2022, pour co-écrire, avec l’avocat général Jean-Paul Valat, un ouvrage de référence sur l’enquête pénale. Explications avec les deux auteurs.

Les choses n’arrivent pas toujours par hasard. Quand la titulaire d’un doctorat en droit privé et sciences criminelles, commandante d’une unité de recherches en gendarmerie, ayant occupé un poste de chargée de mission à la Cour de cassation, se retrouve à co-écrire, avec un avocat général, un ouvrage de référence sur l’enquête pénale, on peut y voir une forme de logique.

Actuellement commandante de la S.R. d’Amiens, la colonelle Céline Michta est entrée en gendarmerie par la porte universitaire, au moment où celle-ci venait de s’entrouvrir. « Lors de mes études de droit privé, en licence, je m’interrogeais sur mes choix de carrière, raconte-t-elle. En principe, c’est le moment où on choisit entre avocat ou magistrat, mais j’avais envie d’aller voir un peu ailleurs. La gendarmerie nationale a accepté ma demande de stage, et j’ai pu passer deux semaines à la S.R. de Metz. Ma religion était faite, je voulais devenir gendarme. »

Soldat de la loi donc, mais il n’y avait pas, à l’époque, de concours universitaire pour entrer en gendarmerie. Elle envisage de passer le concours de sous-officier, mais le colonel Roger Lembert, qui commande alors la S.R., lui conseille plutôt de finir ses études. « C’est lui qui a ensuite appelé mes parents pour les informer de l’ouverture du concours universitaire. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce à lui. »

Deux ans de travail

Après deux affectations de quatre ans, à la S.R. de Metz, puis à la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) d’Epernay, entrecoupées de périodes au Bureau police judiciaire de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), à Issy-les-Moulineaux, la colonelle Michta devient, en 2019, chargée de mission auprès du parquet général de la chambre criminelle de la Cour de cassation, à Paris. « Je rédigeais essentiellement des pré-conclusions sur des thématiques particulières et techniques, notamment pour les pourvois en nullité portant sur les actes d’enquête réalisés lors d’une instruction ou d’enquête. C’était un travail exigeant, qui nécessite de procéder très finement dans l’analyse juridique, de manière très méthodique. »

Elle échange beaucoup avec Jean-Paul Valat, avocat général à la chambre criminelle, passionné de droit comme elle. « Le droit m’a toujours intéressée, parce qu’il est source et garantie d’égalité entre les citoyens. Le premier avocat, Frédéric Desportes, qui entendait nos conversations, nous a alors conseillé d’écrire un livre ! » L’officier de gendarmerie et l’avocat général vont le prendre au mot. Deux ans de travail plus tard, le Guide de l’enquête pénale vient donc de paraître aux éditions LexisNexis. Un ouvrage de référence de 1200 pages, composé de plus de 80 fiches, comprenant l’ensemble des règles qui régissent les actes d’investigations au cours d’une enquête pénale.

« Il s’adresse aussi bien aux enquêteurs de terrain qu'aux magistrats, aux avocats et aux universitaires, précise la colonelle Michta. Nous nous sommes concentrés sur les actes d’enquête, de manière très concrète et très pratique, en partant du principe que les aspects théoriques et les grands principes sont acquis. »

Faire baisser le nombre de nullités

Pour les enquêteurs de gendarmerie, ce guide pourra être d’une grande aide. « Nos gendarmes ont une très bonne formation OPJ (Officier de police judiciaire), poursuit-elle, mais la procédure pénale est d’une telle complexité qu’il est nécessaire parfois, pour éviter de commettre des erreurs, de se poser les bonnes questions, auxquelles cet ouvrage répond avec des exemples concrets tirés de plus de 2000 arrêts de la chambre criminelle de la Cour de cassation. J’ai beaucoup appris en rédigeant ce guide aux cotés de Jean-Paul Valat. Nous sommes complémentaires et nous nous sommes enrichis mutuellement, professionnellement, humainement et intellectuellement. »

Pour le magistrat de la Cour de cassation, « l’objectif premier de ce guide est de sécuriser les procédures. J’ai été juge d’instruction pendant 20 ans, puis président de chambre d’instruction. J’ai donc pu constater qu’une erreur dans un acte d’enquête peut vicier toute une procédure. Ce qui m’a intéressé dans ce travail, c’était de ne pas faire de l’existant. Il n’y a quasiment pas d’ouvrages disponibles sur ce sujet. Avec nos deux profils, nos deux visions, nous avons pu combiner des aspects théoriques et plus pratiques. Ce serait une grande fierté si nous arrivions, par le biais de ce guide, à faire baisser le nombre de nullités, mais ça, seul l’avenir nous le dira ! »

Pour aller plus loin

Guide de l'enquête pénale, aux éditions LexisNexis, disponible dans les librairies spécialisées, les librairies en ligne et sur le site de l’éditeur.

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