L’adjudant Alexandre raconte l’interpellation risquée d’un forcené à Mayotte
- Par la lieutenante (R) Amélie Delcamp
- Publié le 10 juillet 2021

Intervenant avec son détachement de surveillance et d’intervention en renfort d’une patrouille de gendarmerie départementale aux prises avec un forcené, l’adjudant Alexandre frôle la mort en tentant d’interpeller l’individu armé d’une machette.
Ce jour de novembre 2020, l’adjudant Alexandre est en patrouille sur l’île de Mayotte, où il est déployé pour trois mois avec son escadron de gendarmerie mobile. La journée est calme, jusqu’à la demande de renfort d’une unité de gendarmerie départementale, à laquelle les gendarmes mobiles répondent immédiatement.
« J’ai commencé mon service du jour de façon sereine : la patrouille du dimanche autour des plages est souvent tranquille et nous faisons surtout de la prévention de proximité auprès de la population. Toutefois, une heure avant la fin de la mission, nous recevons un appel demandant un renfort des gendarmes mobiles au profit de la départementale, pour un forcené. Notre proximité avec le lieu de l’intervention nous permet d’arriver vite sur place, raconte l’adjudant.
Le gendarme ne se méfie pas tout de suite de cet homme, qu’il aperçoit d’abord assis, certes avec une machette, mais l’air placide. Il pense que l’action est passée.
« À notre arrivée sur les lieux, je suis étonné de ne rien constater d’inquiétant. Les gendarmes qui nous avaient contactés par radio parlent avec la population. Alors je me dirige vers eux pour leur demander plus de détails sur l’intervention. Mais l’individu portant une grande machette se lève soudainement et se dirige vers moi de façon agressive. »
Dans ces moments d’action, tout se déroule très vite, mais l’adjudant Alexandre pense surtout à écarter le forcené de la population présente.
Agressé par un forcené armé d'une machette
« Au début, j’ai surtout pensé à l’extirper de la foule pour qu’il soit à part. Je profite donc qu’il marche droit vers moi, l’air menaçant et les yeux fixes, pour le diriger vers une zone moins dangereuse pour les personnes présentes. L’objectif est aussi de pouvoir engager un dialogue plus facilement et plus posément. Mais au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la foule, il devient de plus en plus agressif et brandit sa machette pour me donner des coups. »
Esquivant les coups, l’adjudant Alexandre se voit contraint d’utiliser le conteneur lacrymogène de grande capacité.
« J’arrive à esquiver un premier coup, puis un deuxième, et j’ai réellement l’impression que le dialogue est inutile. Après mes sommations, j’utilise ma lacry pour me protéger, mais je constate que ça ne lui fait rien. Au contraire, il est plus rapide, plus hargneux. Je sens même un coup de machette passer à quelques centimètres de mon nez. »
Son binôme, témoin de la scène, tente de détourner l’attention de l’individu, qui reste cependant déterminé à blesser l’adjudant Alexandre. Seul l’usage de son arme de service permettra de stopper l’agression et ainsi de sauver son camarade.
« Je me souviens surtout avoir entendu un « clic-clac », sans tout de suite comprendre ce que c’était. Après ce son, l’individu est devenu encore plus vif et plus violent, et je me suis alors mis à courir. Il m’a suivi de très près sur une dizaine de mètres, avant de s’écrouler. J’ai alors réalisé que mon camarade avait utilisé son arme de service pour venir à mon secours. »
La première réaction de l’adjudant Alexandre et de son binôme n’a pas été de souffler ou de prendre quelques secondes, comme toute personne lambda aurait fait après avoir frôlé la mort. Non, leur réflexe a été de porter secours au plus vite au forcené, blessé à l’épaule.
« Sur le moment, la seule chose que je me suis dite, c’est que j’étais le plus gradé et donc que je devais prendre mes responsabilités. J’ai tout de suite demandé à mon camarade qui avait tiré de faire les gestes de premiers secours, pendant que je rendais compte aux autres unités par radio. Il fallait surtout protéger l’agresseur, devenu victime, tout en pensant également à la population autour. J’ai appelé du renfort et des secours. »
Caillassage des gendarmes après la neutralisation de l'auteur
Les difficultés ne s’arrêtent pas avec la neutralisation du forcené. Au contraire, la scène déclenche un mouvement de colère qui se traduit par des jets de pierres à destination des gendarmes. Mais l’adjudant Alexandre tiendra bon jusqu’à la prise en charge du blessé et son évacuation vers le centre hospitalier.
« Cinq autres patrouilles sont arrivées au moment où des jets de pierre ont commencé à se produire. J’ai donc créé un dispositif de protection grâce aux véhicules, aux boucliers et à l’ensemble du matériel que nous avions à disposition. Nous avons ainsi attendu, sous le caillassage, les secours et les autorités. Une fois le forcené évacué, il a fallu rendre compte, mais finalement nous avions les vidéos de la population témoin pour preuve. »
Pour l’adjudant Alexandre, il n’y a rien d’extraordinaire à ce récit. Il insiste d’ailleurs plus sur le terme « quotidien » que sur celui de « héros ». Pourtant, son sang-froid dans l’action, son sens du devoir et sa confiance en ses camarades confirment sa place parmi les « Héros du quotidien » honorés cette année à l’occasion des 14 et 15 juillet.
« Étrangement, à aucun moment je ne me suis senti en danger. C’est vrai qu’on était dans l’action, que tout se passait vite, mais j’avais confiance en mon binôme et je savais que je n’étais pas seul. Même si j’ai été surpris par le coup de feu, j’ai tout de suite su ce qu’il fallait faire ensuite. Le plus important, c’était de neutraliser l’individu dangereux et de protéger la population. Nous avons simplement rempli notre mission. »
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