Héros du quotidien : maréchal des logis-chef (MDC) de réserve Béchir, l’homme qui tombe à pic
- Par Antoine Faure
- Publié le 15 février 2023, mis à jour le 15 février 2023

En s’interposant courageusement lors d’une rixe extrêmement violente, en novembre 2021, à Cernay dans le Haut-Rhin, le maréchal des logis-chef (MDC) de réserve Béchir a sans doute sauvé la vie d’un homme. Pour cet acte, il sera honoré comme héros du quotidien de la gendarmerie, lors de la cérémonie du 16 février aux Invalides.
Le maréchal des logis-chef (MDC) Béchir appartient à la Compagnie de réserve territoriale (CRT) 68/1 de Colmar. Il est l’un des 29 000 réservistes qui composent cette force opérationnelle complémentaire de la gendarmerie nationale. Dans la grande majorité des missions, ces hommes et ces femmes renforcent les gendarmes d’active, patrouillent et interviennent à leurs côtés. Mais il peut aussi arriver que des circonstances exceptionnelles obligent un réserviste à intervenir seul. Le 19 novembre 2021, Béchir a rencontré ces circonstances.
Il n’est pas en service ce vendredi-là. Il sort d’un déjeuner avec ses parents et traverse à pied le parking d’une grande surface, à Cernay dans le Haut-Rhin, quand il entend des cris. Un homme passe devant lui en courant, suivi de près par deux autres. « Au début, je pensais qu’ils s’amusaient, mais j’ai vite compris que ce n’était pas un jeu. » Les poursuivants rattrapent leur cible, la mettent au sol et commencent à la rouer de coups, armés d’un marteau, d’une matraque télescopique et d’une bombe lacrymogène. L’un d’eux hurle : « Je vais te tuer ! »
Il fallait agir vite
« C’était extrêmement violent, se souvient Béchir. Il fallait agir vite. » Sur le parking, il n’y a que des femmes et des enfants. Il n’a pas d’autre choix que d’intervenir seul. « J’ai ceinturé l’un des deux agresseurs, ce qui a permis à la victime de prendre la fuite. L’autre homme l’a prise en chasse, et ça a été ma chance, parce que si j’avais été seul contre deux, cela aurait sans doute été une histoire différente. Celui qui est resté voulait en découdre, mais il n’a pas osé m’attaquer. » Il faut dire que la carrure de Béchir en impose et qu’il pratique plusieurs arts martiaux. « J’ai essayé de lui parler. J’ai un peu de bouteille, j’ai travaillé longtemps dans le secteur de la sécurité. Je suis habitué à gérer des situations de tension. »
Grâce à l’intervention de Béchir, la victime parvient à se réfugier à l’intérieur de la grande surface, en sécurité, bientôt rejointe par son sauveur. « J’ai pu appeler la gendarmerie en présentant ma qualité de réserviste, en exposant les faits et en décrivant les auteurs. J’ai ensuite demandé à la sécurité du magasin de braquer les caméras de surveillance sur eux, alors qu’ils prenaient la fuite. » Une patrouille de gendarmerie dépêchée rapidement sur les lieux interpelle l’un des mis en cause, l’autre parvenant à prendre la fuite. « Puis, je suis allé à la brigade de Cernay pour faire ma déclaration. » Il s’avère que les auteurs et la victime se connaissaient et qu’il y avait déjà eu une précédente agression au couteau. Il s’agissait d’un règlement de compte.
Une reconnaissance pour tous les réservistes
Avant de devenir réserviste de la gendarmerie en 2012, à l’âge de 35 ans, Béchir s’était engagé dans l’armée de Terre, d’abord dans l’infanterie, puis dans l’aviation légère. A sa sortie de l’armée, il entre chez Peugeot comme ouvrier, tout en continuant à travailler pour des entreprises privées de sécurité, pour arrondir ses fins de mois. « C’est mon frère, lui-même réserviste de la gendarmerie, qui m’a parlé de cette possibilité d’intégrer la réserve opérationnelle. Comme je suis un homme d’action, et que j’ai toujours été attiré par le métier de gendarme, je n’ai pas hésité. »
Ce jeudi 16 février, lors de la cérémonie d’hommage aux héros de la gendarmerie, aux Invalides, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, lui remettra la médaille d'or de la sécurité intérieure. « C’est un grand honneur, souffle Béchir. Je ne m’attendais pas à ça, et je sais que je serai très ému. C’est une forme de reconnaissance, non seulement de la gendarmerie mais aussi de la France, pour moi mais aussi, à travers moi, pour tous les réservistes. Je ne sais pas si je suis un héros, mais je pense avoir sauvé la vie d’un homme, et ça n’arrive pas tous les jours. »
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