Gendarmes et parachutistes : un métier, deux femmes, une passion

  • Par Doria Belkacemi
  • Publié le 06 mars 2024
L'équipe de parachutisme sautant d'un avion.
© D.R.

L’adjudant Maud, militaire du groupement de gendarmerie départementale du Val-d’Oise, et le maréchal des logis-chef Léocadie Ollivier de Pury, sportive de haut niveau de la défense – gendarmerie : deux femmes liées par une passion commune pour le parachutisme. Au-delà des sauts et des performances, toutes deux jonglent avec les défis du quotidien, illustrant force et détermination.

L’adjudant Maud, du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) du Val-d’Oise, s’est trouvé une passion dévorante pour le parachutisme. À 35 ans, elle incarne la détermination au service de la gendarmerie, mais aussi dans le sport. Pour le maréchal des logis-chef (MDC) Léocadie Ollivier de Pury, coéquipière mais surtout amie, l’adjudant Maud est une source d'inspiration : « Maud, c'est quelqu'un d'hyper motivé, qui s'est lancé dans le collectif il y a deux ans. Elle se démène pour être présente sur tous les stages et évoluer. C'est un espoir de la discipline, avec une valeur ajoutée, car elle jongle entre son travail de gendarme et son engagement sportif. »

Entrée dans le monde de la gendarmerie en 2012, à l'école de Montluçon, elle a gravi les échelons jusqu'au grade d'adjudant, ajoutant à sa panoplie de compétences celle d'Officier de police judiciaire (OPJ).

C'est en 2014 que le parachutisme a conquis son cœur. Malgré un nombre initial de sauts insuffisant, sa motivation la pousse à s'entraîner assidûment. En 2019, l'équipe gendarmerie la repère et lui offre une place, toutefois en tant que remplaçante. Après deux années de flou à la suite du COVID, elle est sélectionnée en équipe de France militaire. Elle sera propulsée aux championnats du Monde militaire en 2022, avec l’équipe de France féminine militaire, qui s’illustre alors en remportant par équipe le combiné des nations et une médaille de bronze en vol relatif.

À la suite de cette compétition, elle passe un accord avec l'entraîneur militaire pour rester en équipe de France militaire : se mettre à la précision d’atterrissage et à la voltige. « La précision d’atterrissage, c'est assez ingrat. Il faut beaucoup de sauts, c'est assez compliqué, mais je m'entraîne avec les meilleures, souligne Maud. Ce qui est génial, c’est qu’il y a une bonne cohésion au sein de l’équipe, même si je n’ai pas encore beaucoup d’expérience. On a une super équipe, une super ambiance et personne ne se la joue individuel. »

Sa bascule du judo à une passion longtemps rêvée pour le parachutisme reflète l’engagement total de  l’adjudant. Ses débuts lors du championnat de France militaire en 2019, quand bien même en tant que remplaçante au sein de l’équipe gendarmerie à l’époque, n'ont fait que renforcer sa détermination. « Elle a cette motivation pour entrer dans l'équipe, souligne Léocadie à propos de sa coéquipière. Elle s'est révélée lorsque nous sommes allées gagner des médailles ensemble en 2022 sur les championnats du Monde militaire en Autriche. »

Mais jongler entre sa vie de gendarme et son intense entraînement sportif n'est pas sans poser de défi.  Un équilibre délicat, comme le confesse la gradée : « C'est très compliqué, surtout dans une brigade en sous-effectif. Quand je faisais du judo, c'était déjà compliqué, et avec le parachutisme, cela prend énormément sur mes permissions. La plupart de mes vacances y passent, et pour le reste, je dois négocier lors de mes détachements. » Son métier exigeant, combiné à son implication dans le parachutisme de haut niveau, la contraint à négocier constamment pour trouver du temps pour s'entraîner, mais elle reconnaît avoir la chance d’avoir une hiérarchie qui la soutient et l’encourage.

Selon elle, ces deux univers s'harmonisent bien, tant les compétences nécessaires pour l'un et l'autre se complètent.

L’adjudant Maud livre un conseil aux femmes aspirant à ce double défi : « Il faut faire des choix et des concessions. Ne pas lâcher, même si cela signifie rogner un peu sur la vie privée. C'est un engagement total. »

Le parcours de la gendarme est en effet marqué par des sacrifices, des défis, mais surtout par une détermination sans faille.

  • Sur la gauche l'adjudante Maud, assise dans un avion porte ouverte, regardant au loin. Sur la droite, la gendarme venant d'atterrir en parachute.
    © D.R.
  • La gendarme Maud atterrissant sur un matelas lors de ses entraînements d'atterrisage de précision.
    © D.R.
  • L'adjudante Maud et ses coéquipères faisant une figure dans les airs.
    © D.R.
  • Sur la gauche l'adjudante Maud, assise dans un avion porte ouverte, regardant au loin. Sur la droite, la gendarme venant d'atterrir en parachute.
    © D.R.
  • La gendarme Maud atterrissant sur un matelas lors de ses entraînements d'atterrisage de précision.
    © D.R.
  • L'adjudante Maud et ses coéquipères faisant une figure dans les airs.
    © D.R.

Quand la gendarme sportive rencontre la sportive gendarme

À 31 ans, le maréchal des logis-chef Léocadie Ollivier de Pury incarne l'excellence au sein des Sportifs de haut niveau de la défense (SHND), représentant fièrement la gendarmerie. Passionnée de sport en compétition depuis toute petite, elle a commencé par neuf ans de gymnastique en compétition au niveau régional et départemental, de natation synchronisée, de taekwondo, auxquels se sont ajoutés différents types de danse ou encore des compétitions de ski, notamment en slalom géant.

« Le parachutisme, c'est une histoire familiale. J’ai baigné dans ce domaine, puisque mon père, ancien militaire parachutiste, a créé le club d’Aix-en-Provence : le parachute club d'Aix. Ma mère s'est quant à elle mise au parachutisme à 18 ans et a fait 14 ans en équipe de France. Et je me suis mise au para à l'âge de 15 ans », relate la jeune femme, dont la carrière dans ce sport a débuté en 2013.

Elle se distingue depuis dans trois disciplines : la précision d'atterrissage, la voltige et le vol relatif. Infatigable compétitrice, elle est membre de l'équipe de France depuis 11 ans, engrangeant les victoires sur les scènes nationales et internationales, certaines partagées d’ailleurs avec l’adjudant Maud, à l’instar des championnats du Monde militaire en Autriche ou encore de la dernière coupe du Monde à Dubaï.

Léocadie, alors civile, intègre le collectif France en 2013. En 2015, elle est sollicitée pour renforcer l'équipe de France militaire de parachutisme. À cette époque, elle débute en tant que réserviste dans l'armée de Terre, jetant ainsi les bases d'une carrière exceptionnelle. Elle rejoint finalement le bataillon de Joinville et l’Armée des Champions de la Défense en mars 2017 en qualité de SHND gendarmerie.

Pour Léocadie, l'union avec la gendarmerie a été un tournant majeur. Employeur et soutien dans son projet sportif, l’Institution permet en effet à la sportive de haut niveau de jongler habilement entre son engagement militaire et ses exploits parachutistes.

Sa vie est rythmée par des journées intensives, comportant de huit à douze sauts par jour lors des stages. Un programme varié, avec différentes disciplines, imposant une adaptation constante à des équipements et des combinaisons diverses. « On dort bien le soir ! », confirme-t-elle en riant, avant d’ajouter : « Il faut être courageux, un peu fou. C'est une discipline qui demande de la responsabilité, d’avoir la tête sur les épaules. »

À son tour, à toutes les femmes aspirant à concilier passion sportive et carrière, Léocadie lance un message clair : « Il ne faut pas se mettre de limite ni de frein et il faut oser, clairement. » Une  invitation à embrasser ses rêves.

Associées en équipe, amies et complices, la relation entre Léocadie et Maud transcende le simple cadre sportif. Pour l’adjudant, Léocadie n'est pas seulement une athlète, mais une amie précieuse : « Léo, c'est maintenant un peu comme ma sœur. On se connaît depuis 2022, mais c'est vraiment depuis l'été dernier que notre amitié s'est développée. On est plus que coéquipières, amies avant tout. C’est un véritable modèle. Pour elle, l’équipe passe avant tout. Elle a un mental de fou que j’adore. »

Au-delà des compétitions, les deux femmes partagent aussi des moments en dehors du spectre sportif. Une amitié qui se nourrit autant de moments sportifs que personnels.

  • A gauche, la sportive Léocadie Ollivier de Pury en tenue de gendarme. A droite, la sportive sur un podium avec une médaille au cou.
    © D.R.
  • La sportive Léocadie atterrissant au centre d'une cible d'atterrissage de précision.
    © D.R.
  • Léocadie Ollivier de Pury en descente de parachute avec le drapeau de la France accroché au dos.
    © D.R.
  • La sportive vu du dessous en parachute.
    © D.R.
  • L'équipe de gendarmerie en parachute à la première place du podium lors de la coupe du monde militaire en Australie. En deuxième position le Maroc et en troisième la Corée du Sud.
    © D.R.
  • A gauche, la sportive Léocadie Ollivier de Pury en tenue de gendarme. A droite, la sportive sur un podium avec une médaille au cou.
    © D.R.
  • La sportive Léocadie atterrissant au centre d'une cible d'atterrissage de précision.
    © D.R.
  • Léocadie Ollivier de Pury en descente de parachute avec le drapeau de la France accroché au dos.
    © D.R.
  • La sportive vu du dessous en parachute.
    © D.R.
  • L'équipe de gendarmerie en parachute à la première place du podium lors de la coupe du monde militaire en Australie. En deuxième position le Maroc et en troisième la Corée du Sud.
    © D.R.

 

Pour aller plus loin...

LA PRÉCISION D’ATTERRISSAGE
D’une hauteur de 1000 mètres, cette discipline sous voile consiste à venir se poser sur une cible de deux centimètres de diamètre. Les performances sont mesurées électroniquement en centimètres. La PA se pratique en équipe de 5 ou en individuel. Le vainqueur est celui qui cumule le moins de centimètres sur 10 manches.

LA VOLTIGE
Cette discipline en chute libre est associée à la précision d’atterrissage. Elle a pour but d’effectuer 6 figures imposées en un minimum de temps. On part à 2200m , filmé depuis le sol on effectue les figures imposées. Des pénalités sont données en fonction du chronomètre et du décalage par rapport aux axes de référence. Le record du monde actuel est de 5,18 secondes.

LE VOL RELATIF
D’un départ à une hauteur de 3200 mètres, cette discipline en chute libre a pour but de répéter un ensemble de figures dans un temps imparti. L’équipe est constituée de 4 équipiers filmés par un vidéoman. L’équipe qui réalise le plus de points à l’issue de l’ensemble des manches l’emporte.

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