Gendarme Florian : un sauvetage à flanc de roche

  • Par Lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 10 mars 2024
Un jeune homme brun, portant la barbe, en uniforme bleu marine et un képi bleu marine et doré, pose debout, les deux mains jointes devant lui, dans une cour pavée (il s'agit de la cour d'honneur des invalides). A l'arrière, on aperçoit le dôme des invalides, ainsi que le ciel gris.
© D.R.

Le 3 août 2023, sur les falaises de Cassis, surplombant la Méditerranée, alors qu’il accompagne un petit groupe de touristes, un moniteur de randonnée et d’escalade chute violemment d’une vingtaine de mètres dans la mer située en contrebas. Parmi les randonneurs qui assistent à l’accident, se trouve le gendarme Florian, de l’escadron de gendarmerie mobile 17/9 d’Hirson, dont le sang-froid et les réflexes vont permettre de sauver la vie de son moniteur.

C’était une belle journée d’été pour le gendarme Florian, affecté à l'Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 17/9 d’Hirson. En vacances dans le sud de la France avec sa compagne, elle aussi gendarme, ils commencent une activité de randonnée avec, au programme, descente en rappel dans l’un des trous souffleurs des falaises de Cassis. Une randonnée magnifique aux côtés d’un autre couple et du moniteur, qui va tout à coup basculer.

Une chute de plus de 20 mètres

En début de matinée, aux alentours de 9 heures, alors que l’excursion se déroule parfaitement bien, l’ensemble du groupe se harnache pour descendre en rappel, les uns après les autres, deux parois rocheuses. Alors que tous sont descendus, le moniteur, hors de vue des quatre marcheurs, se lance à son tour pour les rejoindre. C’est à ce moment-là que le gendarme Florian entend un hurlement. « D’un coup, je l'entends crier, et là, on le voit qui ricoche sur la falaise et qui tombe dans l’eau. Pendant 5 à 6 secondes, notre moniteur reste la tête sous l’eau, comme inconscient. On a cru qu’il était mort. » Dès qu’il le voit revenir à lui, Florian n’hésite pas un instant et se lance à son secours. « Quand je le vois flotter, je descends d’une corniche pour arriver à hauteur de l’eau et aller le chercher. Il y avait des vagues et du courant, ce n’était pas facile. J’arrive à l’attraper par la corde qui était encore accrochée à son baudrier, puis à le remonter sur une corniche. Pendant ce temps-là, les autres ont essayé d’appeler les secours, mais il n’y avait pas de réseau. » Comprenant qu’ils sont bloqués ici, sans pouvoir déplacer leur moniteur, conscient, mais mal en point, sans possibilité d’avoir du réseau et sans pouvoir être vus et donc secourus par des plaisanciers, Florian prend les choses en main et décide, accompagné d’un des autres membres du petit groupe, de descendre la dernière paroi, puis de franchir un axe horizontal pour rejoindre la berge et prévenir les secours. Pendant ce temps-là, sa compagne, gendarme, et la quatrième personne restent au côté du moniteur blessé, lui prodiguent les premiers secours et s'assurent de la stabilité de son état. Il est environ 10 heures, et malgré le beau temps estival, la victime se refroidit vite. Le temps presse.

Un secours aérien

Après avoir passé la paroi et traversé le haut de la corniche, Florian et l’autre randonneur parviennent à rejoindre un site toujours sans réseau, mais d’où ils peuvent être vus des bateaux environnants. En moins de dix minutes, ils réussissent à alerter l’un d’entre eux, qui vient à leur rencontre puis, comprenant la situation, appelle les secours. Trente minutes plus tard, les marins-pompiers de Marseille débarquent en zodiac. Le courant et l’étroitesse du passage du trou souffleur ne leur permettant pas de rejoindre la victime, ces derniers doivent se résoudre à faire demi-tour et retourner à Marseille chercher les équipes du GRIMP, le Groupe de Recherche et d’Intervention en Milieu Périlleux, spécialisé dans ce type d’intervention. Aux alentours de midi, après une attente qui semble particulièrement longue pour Florian et les autres membres du groupe restés sur place, les renforts arrivent. « Ils sont revenus avec le GRIMP et ensuite, c’est un hélico qui est arrivé. Ils ont fait descendre un médecin en treuillage pour récupérer la victime, qui était aussi accrochée à une coque. Ils ont accroché la coque et ils sont partis. Mais avant de pouvoir procéder à l’hélitreuillage, le GRIMP a été obligé d’effectuer le même franchissement vertical que j’avais dû faire pour passer de l’autre côté, cette fois avec la victime, pour qu’elle puisse être prise en compte par l’hélicoptère. Ils ont donc installé une sorte de tyrolienne pour faire sortir la victime de ce trou. » À 12 h 30, le moniteur sera emmené à bord de l’hélicoptère en direction de l’hôpital. Il s’en sortira avec un pneumothorax, des côtes et une malléole cassées. Un bilan qui aurait pu être beaucoup plus dramatique sans la réactivité de Florian, qui malgré sa méconnaissance du terrain et ses bases assez rudimentaires en escalade, n’a pas hésité à venir à son secours.

Des réflexes et un grand sang-froid

Ce secours, le gendarme Florian, qui a déjà vécu des expériences assez fortes, s'en souviendra encore longtemps. « En Nouvelle-Calédonie, j’avais déjà fait un crash d’avion. J’étais PAM (Premier À Marcher) la nuit, et on m’avait appelé pour une intervention. C'était un crash d’avion. On est arrivés en primo-intervenants. Il y avait quatre morts. Mais là, à Cassis, ce qui m’a marqué, c’est plus le fait de voir la chute en « live » (en direct, NDLR), de l’entendre crier, et de le voir ricocher. Et puis aussi de le voir dans l’eau, flotter durant quelques secondes, inconscient. Je me suis dit : “mais qu’est-ce qui se passe”. Cette image, je m’en souviendrai toujours, c’était un peu violent oui. » Pour faire face au mieux à cette situation, le jeune gendarme de 28 ans, entré à l’école de gendarmerie de Chaumont en 2017, a pu compter sur ses réflexes et ses compétences acquises en gendarmerie. « Le fait de garder son sang-froid, comme on a l’habitude de le faire sur les interventions tous les jours, ça a beaucoup aidé, ainsi que le fait de faire du franchissement lors des entraînements en gendarmerie. Finalement, le combo de tout ça fait que je n’ai pas été déstabilisé lors de l’événement. C’est plus après, lorsqu’on y repense, qu’on se dit que c’était quelque chose d’impressionnant ! Mais sur le moment, pendant les 5-6 secondes de la chute, j’étais assez focus sur ce qu’il y avait à faire, je n’étais pas dépassé par les événements. On a déjà plus ou moins des réflexes. »
Pour cet acte de bravoure, le gendarme Florian a été décoré le 16 février 2024 lors de la cérémonie nationale en hommage aux héros du quotidien de la gendarmerie, qui met en avant chaque année plusieurs militaires de l’Institution ayant accompli des actes exceptionnels. Un moment de fierté pour le jeune militaire : « C’est une grande fierté d’être récompensé. Ça fait vraiment plaisir, et puis aux Invalides, c’est incroyable. Après se sentir héros… Disons que pour moi, je n’ai fait que mon travail. À ce moment-là, je ne pensais pas à ça. Cela s’est fait instinctivement, il fallait lui porter secours, le sortir de là. »

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