Coupe du Monde de rugby : rencontre avec le lieutenant Aurélien Le Frapper, officier de liaison auprès de l’équipe d’Angleterre

  • Par Hélène THIN
  • Publié le 14 septembre 2023
Lieutenant Aurélien Le Frapper debout, de face, en train de parler, vêtu d'une veste et d'une caquette de couleur bleu marine portant l'inscription "Team 2023"
© BOULOT Nicolas

Afin d’assurer l’interface entre les délégations et les forces de sécurité intérieure déployées pour la Coupe du Monde de rugby, des officiers de liaison sont placés auprès de chacune des équipes. Parmi eux se trouvent des officiers de gendarmerie. Rencontre avec le lieutenant Aurélien Le Frapper, Team security liaison officer (TSLO) auprès de l’équipe d’Angleterre.

À une heure du lancement de l’entraînement public de l’équipe d’Angleterre de rugby, au Touquet, auquel est attendu plus d’un millier de spectateurs, le lieutenant Aurélien Le Frapper arpente les abords du stade. Vêtu d’une veste et d’une casquette à l’effigie de la Team 2023, il effectue les dernières vérifications. Son rôle : assurer la bonne coordination des forces concourant à la sécurité de l’équipe d’Angleterre, ainsi que celle du public venu assister à l’événement. Mis à la disposition du comité d’organisation France 2023 pour la Coupe du Monde de rugby, cet officier de gendarmerie occupe une fonction pivot : celle de Team security liaison officer (TSLO). Placé auprès de l’équipe d’Angleterre, dont le camp de base est établi au Touquet, il assure une mission de liaison et de coordination, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, au carrefour entre l’équipe, le comité d’organisation France 2023 et l’État. Une mission hautement stratégique confiée à un officier de la gendarmerie nationale ou de la police nationale, selon que les équipes bénéficient de la protection du GIGN ou du RAID.

Une fonction stratégique, au plus proche de l’équipe d’Angleterre

Tout a commencé par un appel à volontaires, lancé il y a un an. « Cet appel a immédiatement suscité mon intérêt, à la fois pour la mission et pour le rugby, un sport qui incarne des valeurs de cohésion, de courage et de défi, lesquelles sont partagées par la gendarmerie. C’était là une belle opportunité. J’ai donc présenté ma candidature. Mes chefs ont ensuite émis un avis favorable sur ma capacité à remplir la mission. Facultés d’adaptation, aptitudes organisationnelles et sens des relations publiques sont des compétences incontournables, sans oublier une bonne maîtrise de l’anglais. »

Une fois sélectionné, Aurélien part à l'école de gendarmerie de Rochefort (Charente-Maritime) pour y suivre une formation spécifique en langue. Un passage obligé, qui lui permet de rencontrer les autres TSLO. « Nous serons amenés à nous retrouver et à nous coordonner tout au long de la compétition, lorsque nos équipes respectives s’affronteront à l’occasion des matchs », précise-t-il.

Le 30 août, il prend ses quartiers au Touquet, quittant pour plusieurs semaines la Brigade territoriale autonome (BTA) de Ouistreham, dans le Calvados, qu’il dirige depuis 2021. Il rejoint le camp de base de la sélection anglaise, où l’équipe doit séjourner et suivre son programme de préparation et d’entraînement durant la phase de poules.
C’est pour lui le coup d’envoi d’un marathon de plusieurs semaines. Pendant toute la durée de la compétition, il tiendra un rôle de conseiller auprès du staff de l’équipe d’Angleterre sur toutes les questions liées à la sûreté quotidienne des joueurs, notamment à l’occasion de leurs déplacements.

Considéré comme l’une des équipes les plus sensibles, le « XV de la Rose » fait l’objet d’un dispositif de sécurité renforcé. Au quotidien, Aurélien travaille en collaboration étroite avec le manager sécurité de l’équipe d’Angleterre et le chef de détachement du GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale). Autre volet majeur de son action : le lien avec le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, auprès duquel il effectue une remontée d’informations lorsque la situation le nécessite.

Au regard de la portée internationale de cette 10e Coupe du Monde de rugby et des enjeux de sécurité intérieure qui s’y jouent, le rôle du TSLO est fondamental. La fonction requiert rigueur, réactivité, adaptabilité et vigilance de tous les instants. Une mission exigeante à laquelle Aurélien est parfaitement préparé, notamment grâce à un parcours alliant compétences techniques et connaissance du terrain.

Lieutenant Aurélien Le Frapper, en train de marcher, portant un costume bleu et regardant en direction du photographe
© BOULOT Nicolas

Première expérience de commandement

Après des études de droit et de sciences politiques réalisées à Paris, Aurélien présente, en 2019, le concours d’officier de gendarmerie. Un choix qui ne doit rien au hasard. Ce Breton, originaire du Morbihan, a alors déjà à son actif cinq ans d’expérience en gendarmerie en tant que réserviste au sein des compagnies d’Évry et de Palaiseau (Essonne). « Cette expérience très instructive m’a non seulement conforté dans mon projet professionnel, mais m’a aussi permis de m’y préparer de l’intérieur. Les militaires que j’ai côtoyés m’ont soutenu et conseillé, faisant également figure de modèle. » Déterminé et sûr de son choix, il ne passera que ce concours. Il a 25 ans lorsqu’il intègre l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), à Melun. Deux ans plus tard, il prend la direction du littoral normand, où l’attend son premier poste de commandant de la BTA de Ouistreham, dont la compétence couvre dix communes.

Connue pour sa célèbre plage du débarquement « Sword beach », la station balnéaire de Ouistreham présente la particularité de connaître chaque été une forte affluence touristique. C’est aussi le deuxième port transmanche après Calais en termes de nombre de voyageurs, avec pour corollaire une importante pression migratoire. S’ajoutent les problématiques « courantes » d’incivilités, de violences intrafamiliales, d’usage et trafic de stupéfiants…

Ce premier poste à la tête d’une brigade de 36 militaires est à la fois passionnant et diversifié, avec un large spectre de missions : commandement, service à la population civile, relations humaines, liens avec les autorités administratives, les élus locaux, les acteurs du territoire... « L’engagement opérationnel représente une part très importante de mon travail. Cette fonction est bien plus qu’un simple métier. Elle implique un investissement personnel indéfectible et une disponibilité totale. En tant que chef, la gestion humaine est ma plus grande satisfaction. Évoluer quotidiennement aux côtés des personnels, apporter mon soutien, notamment aux jeunes gendarmes adjoints volontaires, dont j’accompagne la progression, sont pour moi des aspects très enthousiasmants. Je veille aussi à insuffler une bonne dynamique au sein de l’unité, afin de favoriser l’esprit de cohésion. C’est un élément déterminant pour la solidité du groupe », estime-t-il.

Fortement attaché à l’exemplarité du chef, il partage le quotidien de ses équipes, prenant part aux patrouilles pour vivre à leurs côtés les mêmes interventions sur le terrain. « Accompagner, sans se substituer », précise-t-il. Lorsqu’il parvient à s’évader, ce passionné d’alpinisme se lance à la conquête des sommets. Une discipline qui incarne exigence et dépassement de soi, à l’image de l’exercice militaire.

 

GEND/SIRPA/ BOULOT Nicolas, MARTIN Valentin

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