Issue du recrutement universitaire, Mélina Clerc-Grosjean intègre l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), à Melun, de 2011 à 2013. Sortie d’école, elle choisit la dominante Police judiciaire (P.J.) et intègre la Section de recherches (S.R.) de Versailles, où elle commande le groupe stupéfiants. Elle dirige par la suite la Brigade de recherches (B.R.) de Chantilly, puis s’envole vers l’Italie, où elle devient adjointe à la division des opérations à l’état-major de la Force de gendarmerie européenne (FGE), basé à Vicenza, au nord de l’Italie.

De retour en France, elle commande la compagnie de gendarmerie départementale de Lunéville. Mélina Clerc-Grosjean se dit « comblée par la gendarmerie ». Pour elle, exercer son métier au sein de l’Institution est bien plus qu’un travail, c’est une vocation, un engagement profond au service de la nation et de ses concitoyens. Mais son dévouement ne s’arrête pas aux frontières de son uniforme, et derrière celui-ci se cache une sportive accomplie, une traileuse qui collectionne les victoires…

Un mental d’acier et une passion pour la course nature

Le trail, c’est sa passion depuis 15 ans. Mélina Clerc-Grosjean y trouve un exutoire, un moyen de se dépasser et de repousser ses limites. C'est dans l'effort et la confrontation aux éléments qu'elle puise sa force et sa détermination, des qualités précieuses en gendarmerie.

Son terrain de jeu favori ? Les courses courtes en nature, entre 20 et 40 kilomètres, où sa force physique et son mental font d’elle une redoutable adversaire. Mélina Clerc-Grosjean aime se mesurer aux autres et donner le meilleur d’elle-même pour se surpasser dans la difficulté. Cette envie de se challenger l’a d’ailleurs conduite à intégrer plusieurs équipes de course, en France et en Italie. « J’aime faire de la compétition. En France, j’ai fait partie de plusieurs petites équipes, et c’est en arrivant en Italie que j’ai été repérée sur les courses et que j’ai intégré deux belles équipes, Tornado et Brooks », explique l’officier.

Parmi ses souvenirs les plus marquants, la TransGranCanaria 2022 restera gravée dans sa mémoire. Partie sans préparation en raison d’un rythme de travail intense, elle remporte le trail de 26 kilomètres en partant plus de 40e dans la liste des favorites de la course. « Il y avait du niveau, j’arrivais pas du tout préparée, je m’étais dit soit ça passe, soit ça casse, mais pour le coup, ça s’est très bien passé, cette course restera gravée dans ma mémoire ! », confie-t-elle avec émotion.

Autre exemple mémorable, en septembre 2023, durant l’Infernal des Vosges, un trail réputé pour sa difficulté et ses parcours exigeants, où la sportive parvient à s’imposer avec 18 minutes d’avance face à une concurrente annoncée favorite au départ. Ce succès illustre une nouvelle fois sa persévérance et sa capacité à se dépasser. Mélina Clerc-Grosjean sait faire preuve de courage et de détermination pour aller décrocher les victoires !

Le sport, un allié précieux pour son métier

Le sport est bien plus qu’un hobby pour l’officier, il est un véritable allié dans l’exercice de ses fonctions de commandant de compagnie. Il lui permet d’évacuer son stress, lui donne de la résistance et maintient son endurance, indispensable à son métier.

« Le sport peut vraiment aider à exercer le métier de gendarme, où psychologiquement et physiquement, c'est difficile, car on a un rythme de travail soutenu. Mais si on arrive à concilier les deux, si on garde la motivation d’aller s’entraîner, c'est vraiment une aide pour le travail et ça permet de s'épanouir en tant que gendarme », explique le chef d’escadron.

Mélina Clerc-Grosjean s’entraîne dès qu’elle a du temps libre. Elle reconnaît ne pas avoir la possibilité de suivre un programme d'entraînement régulier en raison de ses contraintes professionnelles fortes, mais elle refuse de laisser cela l'empêcher de pratiquer le trail et adapte son approche en conséquence. « J’ai besoin du sport pour résister au rythme de travail et j’adapte l’entraînement à mes contraintes professionnelles. J’accepte donc de ne pas avoir un plan d’entraînement avec des sorties régulières, des séances de fractionné, des sorties longues, etc., mais plutôt un entraînement un peu décousu. Je m’entraîne le plus souvent dans la difficulté, dès qu’un créneau se libère, dès que j’ai un jour de repos. Donc même fatiguée, je vais m’entraîner, et je pense que c’est un peu grâce à ça que j’ai pu remporter certaines courses », ajoute-t-elle.

Malgré les nombreux avantages que le sport lui procure, l’officier garde les pieds sur terre et n'en fait pas sa priorité absolue. Elle le dit elle-même : « Le sport n'est pas ma priorité, je reste commandant de compagnie avant tout. » Consciente de devoir trouver un équilibre entre sa vie professionnelle et sportive, elle ne souhaite pas que le sport prenne le pas sur ses responsabilités de commandement. C’est pourquoi elle cible des courses importantes et prend des permissions pour y participer.

Enceinte, Mélina Clerc-Grosjean a mis ses entraînements et compétitions entre parenthèses pour le début de l'année 2024. Déterminée à retrouver le chemin des pistes dès que possible, elle confie : « Mon objectif est de participer à nouveau à des compétitions à partir d'octobre. La saison 2024 sera donc probablement assez légère, mais je suis impatiente de reprendre dès l'année prochaine. La planification précise de mon retour dépendra de ma condition physique après la grossesse. J’espère pouvoir retrouver mon rythme rapidement », précise la sportive.

Les sportifs valorisés par l’Institution

Dans une société où les exigences professionnelles peuvent souvent paraître incompatibles avec les aspirations sportives, Mélina Clerc-Grosjean met en lumière une dynamique positive au sein de la gendarmerie. Selon elle, les sportifs sont de plus en plus valorisés par l’Institution, qui reconnaît les vertus de l’engagement physique et mental que requiert la pratique sportive.

« Quand je gagne une compétition, mon commandant de groupement me félicite ! Le sport est reconnu dans l'Institution, il est mis en valeur, et les gens qui arrivent à être performants en gendarmerie et en sport, je trouve qu'on les met vraiment à l'honneur, et ça, c'est top ! », s’exclame-t-elle.

Le chef d’escadron Clerc-Grosjean souligne également le fait que certains membres de la gendarmerie arrivent à parfaitement concilier le métier de gendarme avec la pratique du sport à un niveau presque professionnel. « On a quand même chez nous des gendarmes qui ont quasiment un niveau professionnel et pour autant qui sont sur le terrain à faire le travail d’un gendarme quotidiennement, en parvenant à allier les deux et à performer dans les deux domaines », dit-elle, admirative.

Elle conclut en donnant un conseil précieux à celles et ceux qui aspirent à trouver un équilibre entre carrière professionnelle et sportive : « Le plus important, c’est de réussir à concilier les deux. Selon moi, l’un aide l’autre. Il faut accepter de ne pas forcément pouvoir s’entraîner certaines semaines, mais il faut rester motivé et toujours faire l’effort de ne rien lâcher ! » Un bel exemple illustrant une fois de plus que : « Quand on veut, on peut ! »