Anne Bonnenfant, costumière à la Garde Républicaine

  • Par Doria Belkacemi
  • Publié le 02 avril 2024
Madame Anne Bonnenfant, couturière de la Garde Républicaine dans son atelier
© Elane Maraldo - GR

Alors que la Garde Républicaine s’apprête à ouvrir les portes de la caserne Vérines (Paris Xe) au grand public, les 4 et 5 avril 2024, à l’occasion des Journées européennes des métiers d'art (JEMA), Anne Bonnenfant, 28 ans, couturière et costumière au sein de cette prestigieuse unité de gendarmerie, nous a ouvert celles de son atelier.

Le métier de costumière à la Garde Républicaine, bien que parfois méconnu, revêt une importance cruciale.
En 2019, Anne Bonnenfant obtient son Bachelor en stylisme modélisme de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne. Tout au long de ces trois ans de formation, elle a pu découvrir la conception et la fabrication de vêtements, du dessin à la réalisation du tissu, tout en perfectionnant son art du moulage et du patronage.
« Techniquement, je n'ai fait aucunes études dans le costume, cela reste un vêtement, certes d'époque. J'ai juste à me renseigner avec beaucoup de documentation sur la façon dont était fabriqué le costume à l'époque, et à partir de là, j'adapte la technique d'aujourd'hui avec celle d'hier », explique Anne Bonnenfant.

Bien que son intérêt pour l'histoire ait été limité dans sa jeunesse, elle se trouve aujourd'hui investie dans la mission de préserver ce patrimoine. Elle s'immerge dans l'apprentissage en consultant des livres et en explorant des documents au musée du quartier des Célestins et en rencontrant divers passionnés, parmi lesquels des docteurs en histoire.
Polyvalente, elle travaille aussi pour le cabinet communication du quartier des Célestins. « Mes missions sont principalement l’accompagnement de visites et la transmission de l’histoire de la Garde Républicaine. J’accueille donc des scolaires, des associations, des personnels de l’Institution, des élus, afin de leur faire découvrir le quartier, les artisans et l’histoire. »

« Le costume fait le personnage, le personnage fait le costume »

La passion d'Anne Bonnenfant pour le costume a des racines profondes. Du haut de ses 1m88, elle avoue toujours avoir eu un peu de mal pour s’habiller. C’est à partir de là qu’elle a commencé à prendre des cours de couture, dans le but de créer ses propres vêtements.
« De nos jours, tout le monde s’habille de la même façon. On ne sait pas vraiment qui est quoi. Alors que dans le costume, on retrouve une certaine symbolique. Le costume fait le personnage, le personnage fait le costume. Au travers de son vêtement, on va déjà connaître l'histoire de quelqu'un, son rang, parfois sa fonction. C'est ça que j'aime beaucoup. »

Se démarquant de l'uniformité contemporaine, Anne se consacre à la préservation de l'originalité et de la symbolique à travers ses créations.

Un atelier méconnu à la Garde

Son parcours au sein de la Garde Républicaine a débuté de manière inattendue. À la sortie de ses études, elle cherche à se faire la main. De manière inopinée, une ancienne collègue de sa mère l’informe alors que la Garde Républicaine recherche quelqu’un pour reprendre les commandes de l’atelier. Sans hésiter, Anne passe, avec succès, un concours exigeant. Aujourd’hui, cela fait cinq ans qu’elle y travaille.

Anne dit ne pas avoir de journée type : « J’arrive vers 7 h 45 et je me mets au galonnage ou à l’entretien. Parfois, j'ai des machines à faire tourner pour les serviettes de la caserne, après j'ai quelqu'un qui va passer et je vais refaire un point de couture parce qu’un bouton a sauté. J’essaie de tourner au fur et à mesure. »
Au milieu de cette diversité de tâches, elle se crée une ambiance en allumant la radio ou en écoutant de la musique sur son téléphone : « C'est important pour moi que chaque journée soit un peu différente », conclut-elle en souriant.

  • Plan rapproché des mains de la couturière cousant une veste de Garde.
  • Plan rapproché des mains de la couturière cousant une veste de Garde.
  • Plan rapproché des mains de la couturière cousant une veste de Garde.
  • Plan rapproché des mains de la couturière cousant une veste de Garde.

Entre histoire et traditions

Anne façonne ainsi des costumes, principalement des époques Louis XV et Premier Empire. Laissant transparaître son aisance dans son domaine, elle affirme ne pas avoir besoin de recourir à des croquis. Son processus créatif se nourrit de l'observation de photos ou de tableaux.
Expliquant la complexité de son travail, elle souligne l'importance de la symbolique dans le choix des matériaux, du bleu gendarmerie au doré qui reflète l'honneur de la Garde.

Les Étoiles dans les Yeux

Du haut de ses cinq ans d’expérience, son souvenir le plus mémorable s’ancre dans une expérience à la fois stressante et marquante, qu’elle raconte avec le sourire, faisant preuve d'un recul amusé sur cette aventure : « Je devais poser la 3e étoile sur le képi du général. C'était la première fois, et il ne fallait pas se rater. Les étoiles mesurent 0,8 cm, si petites qu'elles nécessitent une précision millimétrique. C'était un trou à faire dans le képi, une coiffe résistante. Il ne fallait vraiment pas se rater. Il fallait prendre sur soi et ça s'est bien passé ! »

Dans ce type de métier, la polyvalence, la soif d'apprendre, la résilience face au stress et la capacité à prendre du recul sur soi-même sont des atouts essentiels.
« Comme je suis seule, parce que je n'ai eu personne pour me former, le conseil, c'est de ne pas avoir peur et de se faire confiance, même s'il y a des moments de doute. Il faut aller au-delà, se dire que si on se trompe, ce n'est pas grave. On peut seulement apprendre de ses erreurs. »

Interrogée sur l'avenir de son métier, Anne Bonnenfant est optimiste quant à sa pérennité. Elle envisage d'étendre son domaine d'expertise à la restauration, mettant en avant son engagement envers la préservation du patrimoine.

En trois mots

Système D, passé, curiosité, trois mots qui, selon Anne, représentent son métier. Elle-même incarne la créativité et l'adaptabilité nécessaires à son métier, tout en restant ancrée dans le riche passé de la Garde Républicaine.

Informations pratiques :

À l’occasion des Journées européennes des métiers d'art (JEMA), qui se tiennent partout en France et en Europe, du 2 au 7 avril 2024, afin de favoriser la reconnaissance du secteur des métiers d’art, la Garde Républicaine ouvre les portes de ses ateliers (sellier-harnacheur, couturier, armurier, métal) au grand public, les jeudi 4 et vendredi 5 avril 2024, de 9 heures à midi et de 14 heures à 17 heures. La visite, d’une durée d’environ 2 h 30, se déroule par groupe d'une quinzaine de personnes sur les quatre ateliers présents.
Entrée gratuite sur réservation préalable : https://my.weezevent.com/journees-europeennes-des-metiers-dart .
Lieu : Caserne Vérines, 12 place de la république, 75010 Paris.
Prévoir votre arrivée 20 mn avant l'ouverture pour le contrôle des accès, muni de votre pièce d'identité et votre billet de réservation.

 

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