Adjudant Sylvain, fourbisseur de la Garde Républicaine

  • Par Doria Belkacemi
  • Publié le 05 avril 2024
Adjudant Sylvain aux sabres, dans son atelier
© Elane Maraldo - GR

La Garde Républicaine regorge d’artisans passionnés, tous dépositaires d’un savoir-faire ancestral. Parmi eux, l’adjudant Sylvain est fourbisseur de sabre depuis 2006. Figure emblématique, il allie compétence technique et amour pour la transmission de son métier, qu’il est d’ailleurs fier de présenter au grand public à l’occasion des portes ouvertes organisées par la Garde Républicaine, à la Caserne Vérines (Paris X), les 4 et 5 avril 2024, dans le cadre des Journées européennes des métiers d'art (JEMA).

Souriant, l’adjudant Sylvain incarne la bienveillance et l'enthousiasme. Originaire de la Marne, marié et père de deux enfants, il ne cache pas sa fierté de voir ses enfants s'intéresser à son métier. Son fils aspire à devenir pompier, tandis que sa fille se destine à la balistique. Une curiosité et une quête de découvertes qui se transmettent d’une génération à l’autre.

Une âme déterminée

Son parcours commence curieusement à l’âge de cinq ans. Sa passion pour l'histoire remonte à l'enfance, alors émerveillé par les mousquetaires, avoue l’adjudant en riant. Dès l'âge de cinq ans, il se lance donc dans la pratique de l'escrime : « J’ai demandé à mes parents de m’inscrire à l’escrime pour apprendre les gestes pour me déguiser lors du carnaval ». Un premier pas vers son destin de fourbisseur.

Son parcours professionnel prend forme à l'adolescence, lorsqu'il découvre, dans un livre sur la Garde Républicaine, la photo de l'armurerie. Arrivé en 3e, il commence à réfléchir à son orientation et se rend donc dans le bureau de recrutement, livre en main, et déclare : « Je veux aller là ».

Fasciné par l'idée de fabriquer des sabres, il se lance dans des études techniques, cumulant diplômes et expériences en microtechnique, optique et escrime. À l’issue, il retourne au bureau de recrutement, se retrouve face aux deux mêmes personnes et leur dit : « Je suis venu en 3e, vous m’avez dit qu’il fallait faire des études pour avoir accès aux tests d’armurerie, j’ai tout fait, maintenant je veux y aller », se souvient-il, toujours en rigolant.

En attendant le concours, ne voulant pas rester sans rien faire, il crée une section d'escrime artistique, tout en continuant de pratiquer ce sport qu’il n’a jamais arrêté. Il est finalement embauché en tant qu’opticien pendant quatre mois, ce qui lui permet de compléter son cursus.
Comme espéré, il intègre l’école de Rochefort, avant de suivre la formation armurerie et pyrotechnie à Bourges, en 2006. Onze mois plus tard, à la fin de son parcours, il crie haut et fort qu’il souhaite intégrer la Garde Républicaine. Information qui parvient jusqu’aux oreilles du chef de section, qui vient à sa rencontre. Après avoir obtenu de très bons résultats, il atteint son objectif et intègre la Garde Républicaine.

D’apprenti à chef d’atelier

Après un an de formation, le chef d’atelier est muté et l’adjudant Sylvain se retrouve très rapidement aux commandes, responsabilité qu'il assume avec dévouement : « Je dois gérer tout de A à Z, et apprendre des siècles d'histoire en peu de temps. Comme je n’avais pas eu une formation complète, il me manquait quelques parties. Pendant mon temps libre, j’avais pris le catalogue des meilleurs ouvriers de France, je les contactais et j’allais chez eux pour finir ma formation par mes propres moyens. Et maintenant, c’est à mon tour de transmettre ! »

La transmission du savoir est une mission qui résonne particulièrement chez lui. Formateur enthousiaste, il reconnaît cependant que retenir les apprentis dans un métier exigeant physiquement et historiquement est un défi.

Le métier de fourbisseur consiste à restaurer et à fabriquer toutes les armes blanches de la Garde Républicaine, de la gendarmerie et d'autres entités de l’État. Un métier où minutie, précision et exigence sont de rigueur, où chaque lame façonnée doit être à la fois belle, brillante et sûre. Il évoque la réalisation de belles pièces, telles que la réplique de l'épée du 2e consul Cambacérès, créateur du Code civil. Cette pièce historique en rejoint d'autres, telles que le sabre de bataille de Mura et l'épée du sacre de Napoléon, restaurés avec minutie. Leur contribution va ainsi au-delà de la création artistique, s'étendant à la préservation du patrimoine.

Dans ce métier, « l'envie de tendre à la perfection, la minutie, la précision et l'exigence envers le résultat sont très importantes, souligne l’adjudant Sylvain. C'est une transmission qui est obligatoirement orale, technique, visuelle et manuelle. Il y a beaucoup de risques pour les porteurs d’épée, il faut donc rester très vigilant. La notion de sécurité est primordiale. »

Comme pour la plupart des artisans, Sylvain puise son inspiration dans le patrimoine historique. Il avoue toujours se baser sur les techniques, outils et références de l’époque. La plus grande difficulté réside dans l'équilibre entre les contraintes modernes et les besoins historiques. Trouver des matériaux spécifiques d’époque en France, afin de garantir un produit 100 % français, est par exemple parfois difficile. Malgré cela, l’adjudant reste optimiste quant à l'avenir de son métier, ancré dans une tradition séculaire.

Plusieurs sabres dans l'atelier
© Elane Maraldo - GR

Repousser ses limites

« Ma première épée d’académicien est l’un de mes plus beaux souvenirs. Je me souviens que pour moi c’était le top, parce qu’on partait de rien et on créait quelque chose. Il y a un côté artistique », avoue-t-il.

Il affirme que ce métier lui permet de repousser ses limites, même après 18 ans d’expérience. « Ce sont souvent les mêmes choses, mais elles sont toutes différentes, des épées de musée, des épées d’expertise, etc., note-t-il. J’ai eu un académicien, chef d’orchestre, qui voulait que son épée reflète un arbre qui monte avec toutes les branches de la musique, le jazz, les notes muettes, etc. La couleur de fond devait faire penser aux feuilles d’automne. C’était une pièce assez compliquée, qui m’a pris du temps. Dans ces moments-là, le côté artistique est très important. »

En trois mots, historique, technique et patrimoine résument le quotidien de l’adjudant Sylvain.

À l'occasion des Journées européennes des métiers d'art (JEMA), il se réjouit de partager son savoir-faire au cœur de son atelier, où il accueille les visiteurs, souvent des passionnés, avec enthousiasme. Une opportunité d'apprendre autant qu'il donne, dans le but de faire perdurer la tradition et de préserver l'héritage historique.

 

Informations pratiques :

À l’occasion des Journées européennes des métiers d'art (JEMA), qui se tiennent partout en France et en Europe, du 2 au 7 avril 2024, afin de favoriser la reconnaissance du secteur des métiers d’art, la Garde Républicaine ouvre les portes de ses ateliers (sellier-harnacheur, couturier, armurier, métal) au grand public, les jeudi 4 et vendredi 5 avril 2024, de 9 heures à midi et de 14 heures à 17 heures. La visite, d’une durée d’environ 2 h 30, se déroule par groupe d'une quinzaine de personnes sur les quatre ateliers présents.
Entrée gratuite sur réservation préalable : https://my.weezevent.com/journees-europeennes-des-metiers-dart .
Lieu : Caserne Vérines, 12 place de la république, 75010 Paris.
Prévoir votre arrivée 20 mn avant l'ouverture pour le contrôle des accès, muni de votre pièce d'identité et votre billet de réservation.


 

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