Adjudant Franck, le casquier de la Garde Républicaine
- Par Doria Belkacemi
- Publié le 04 avril 2024
Casquier est un métier essentiel, comme le prouve l'adjudant Franck, héritier de l’atelier des casques de la Garde Républicaine, créé en 1982. Le grand public est d’ailleurs invité à découvrir ce métier d’art méconnu à l’occasion des portes ouvertes organisées par la Garde Républicaine, à la Caserne Vérines (Paris X), les 4 et 5 avril 2024, dans le cadre des Journées européennes des métiers d'art (JEMA).
Lorsque l’on pénètre dans l'atelier de l'armurerie de la Garde Républicaine, un personnage au sourire contagieux attire l'attention. L'adjudant Franck, maître artisan au service d'une tradition vieille de plus d'un siècle et fier porteur du grade d’adjudant-chef, est, depuis quinze ans, le gardien méticuleux d'un métier aussi méconnu qu'essentiel : casquier.
De la mécanique à l’engagement militaire…
Son parcours débute avec des bases solides en mécanique, allant d’un BEP mécanicien-monteur, suivi de deux CAP, pour finalement faire une première année de BTS en électromécanique. Chacune de ces étapes a contribué à son savoir-faire actuel.
Avec le temps, le destin l'a conduit sur une voie inattendue, celle de l'armée, qui n’était portant pas une aspiration première. « Je n’étais pas vraiment contre l'armée, mais ça ne m’intéressait pas spécialement. J'avais déjà fait deux reports d'incorporation, je ne pouvais pas en faire un 3e », confie-t-il avec humour.
Résidant à côté d’une brigade de gendarmerie depuis plus de vingt ans, il finit, contre toute attente, par en « pousser la porte » et effectue son service militaire en gendarmerie. Cependant, à l’issue, l’envie de s’engager à long terme ne l’avait toujours pas frappé : « J'ai fait trois mois de classe à Tulle, puis je suis parti en gendarmerie des transports aériens sur un aéroport bi-national en Alsace. Là, j'ai rencontré des gendarmes qui avaient des métiers intéressants, mais j'avais du boulot dans le civil et je ne voulais pas rester, je ne voulais pas faire carrière. »
Et voilà qu’un jour, son commandant de brigade lui conseille de tenter le concours pour rejoindre la gendarmerie : « Essayez ! Si vous l'avez, au moins vous aurez toujours le loisir, à la fin de votre service militaire, d'accepter ou de refuser », lui a-t-il dit. Poussé par la curiosité, l'adjudant passe et réussit le concours, se retrouvant à devoir faire un choix. Sa décision le conduira donc à l'école de sous-officier du Mans, où il reste près d'un an. Un choix qui a révélé sa vocation et l'a conduit à embrasser une carrière bien au-delà de ses prévisions.
De l’engagement militaire à la Garde Républicaine
Orienté vers de nouveaux horizons, son ambition première est de retourner au sein de la gendarmerie des transports aériens. Il se remémore aussi avec un brin de nostalgie les débuts où il a été séduit par l'univers des maîtres de chien de la gendarmerie.
« Je suis un peu arrivé à la Garde républicaine par hasard. Etant originaire du Nord-Pas-de-Calais, je me suis dit que Paris ce n’était pas trop loin, pour venir au salon de l’auto et faire du tourisme. Au départ je suis venu à Paris pour faire du tourisme », dit-il en blaguant.
Il intègre donc la Garde Républicaine, d’abord au sein du 2e régiment d'infanterie, et ce pendant trois ans et demi, au cours desquels il monte la garde à l'Élysée, en renfort, à l'Assemblée nationale, ainsi qu’au Sénat. C’est encore une fois au gré des hasards de la vie qu’il rencontre l’adjudant d’unité qui lui fait découvrir l'univers des ateliers d'armurerie.
Armurier petit calibre en 1994, détenteur du certificat technique de premier degré d'armurier petit calibre deux ans plus tard, réparateur d’armement traditionnel, puis fourbisseur, il rejoint finalement l’atelier de casquier dans les années 2000.
Depuis, l’adjudant Franck passe son temps à marier mécanique, cuir, crinière de cheval, et même réparation d'instruments de musique. Pour lui, le métier de casquier représente un défi complexe : « Dans les métiers de la Garde Républicaine, sans parler des selliers, les casquiers représentent le métier le plus difficile », souligne-t-il.
Transmission du savoir-faire
Aujourd’hui, devenu à son tour guide et formateur, il partage son expérience dans un univers où la patience et la minutie sont essentielles.
Il se souvient d'une époque où l'apprentissage se faisait dans la solitude : « Je suis encore choqué, mais ça m’a bien aidé. Je me souviens, lorsque j’ai fait l’essai pour être armurier, je suis entré dans cette pièce, c’était un atelier de mécanique générale, ils m'ont donné une gamme d'usinage à faire le lundi et je n’ai vu personne jusqu'au vendredi 14 heures. » Mais aujourd'hui, il prend plaisir à partager son expérience.
Conscient que chaque casque rénové représente une part d'histoire, l’engagement de l’adjudant s’attache surtout à garantir que ses camarades portent des casques confortables.
À ceux qui aspirent à suivre ses traces, le militaire recommande d'être « ultra méticuleux, patients et conscients que l'on refait des pièces qui sont sympas. » Il insiste sur la satisfaction de se faire plaisir dans ce métier.
Souvenirs…
Lorsqu’il pense à des événements marquants de sa carrière, l’adjudant n’hésite pas : « C’est plus lié à des pièces que j'ai restaurées et qui m'ont marqué, comme le casque de cuirassier modèle 1825 que j'ai fait il y a un an. C'est une pièce très rare sur le marché de la collection. La bombe était en cuivre très fin, une argenture sur bombe complète, plus une dorure complète sur toutes les pièces. »
Il évoque aussi la remise en état d’une réplique de la flamme de la nation pour itinérante, c’est-à-dire celle qui est emmenée lors de cérémonies importantes en province.
La confection de la crinière reste son moment préféré au quotidien : « Quand je fais ça, je suis un peu ailleurs, je ne réfléchis plus, je suis automatisé et j'écoute une bonne musique en même temps, c'est important, j'écoute un album complet et je suis bien », avoue-t-il toujours avec bonne humeur. Chaque anecdote est ponctuée de rires et de plaisanteries.
En trois mots bien choisis, et comme le dit la devise : tradition, patrimoine, savoir-faire sont les termes qui explicitent le mieux le métier.
Jalonné de formations et d'expériences variées, son parcours, au cours duquel il a su gravir les échelons avec une grande détermination, témoigne d’une passion sans faille pour son métier.
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