Un peu de terre de France sur le drapeau

  • Par le colonel Laurent Vidal de la délégation au patrimoine
  • Publié le 14 septembre 2018
Carte de situation du 8 septembre et gendarme à pied en tenue de campagne (1793).
© Aquarelle par le colonel Laurent Vidal

L’idéal révolutionnaire, qui clame que « la nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes et n’emploiera jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple », connaît dès le 25 mars 1792 un sérieux accroc. La France adresse un ultimatum à l’Autriche puis, après son rejet, déclare la guerre au roi de Hongrie et de Bohème.

Une guerre bien imprudente

L’armée républicaine, mal entraînée et mal équipée, a perdu les deux tiers de ses officiers par l’émigration. Elle n’a pas les moyens des ambitions de l’Assemblée législative et les débuts de la campagne se soldent par un désastre militaire. Chassés de Belgique, les Français voient leurs frontières violées et la capitale menacée par les armées du duc de Brunswick. La canonnade de Valmy, le 20 septembre 1792, sauve la situation et renvoie les belligérants sur les terres du Nord de la France, de Belgique et de Hollande. Un an plus tard s’engagent les combats qui, du 6 au 8 septembre 1793, dégagent Dunkerque assiégée,et offrent une victoire décisive aux Français. La reconquête du territoire national peut alors commencer.

Le monument de la Loi à Versailles.

© C. Thorel

Les gendarmes au combat

Pour encadrer et renforcer ses armées, en partie composées de volontaires ignorants des choses de la guerre, la République fait appel aux gendarmes, militaires de métier, disciplinés et expérimentés. Pour servir dans la maréchaussée, devenue gendarmerie nationale depuis le16 février 1791, ils doivent en effet se prévaloir d’un engagement dans les armées dont le terme est échu depuis moins de trois ans. Prélevés sur les effectifs des brigades de tous les départements, les gendarmes forment notamment les 31e et 32e divisions, affectées à l’armée du Nord. La 32e division, en particulier, est engagée le 8 septembre 1793, dernier jour de la bataille, et y joue un rôle essentiel.

Le terrain est plat mais coupé de haies et de cours d’eau. Le chef d’état-major le décrit au ministre de la Guerre comme « [...] abominable, on ne voit pas à quatre pas devant soi, on ne se bat pas, on se poignarde ». La division Leclaire, à laquelle appartient la 32e division de gendarmerie, effectue une sortie depuis Bergues en direction de Hondschoote en longeant un canal. La progression sur un terrain partiellement inondé est pénible. Emmenés par le chef de bataillon Goury, aiguillonnés par leur général, les gendarmes attaquent, couverts par les deux canons de la division. Ils enlèvent à la baïonnette la redoute qui protège la droite du dispositif ennemi et, à midi, se retrouvent maîtres de la butte de moulin, qui servait de retranchement à l’artillerie coalisée. Les combats ont été extrêmement violents.

Le député René Levasseur, représentant du peuple, assistait à la bataille : « On battait la charge sur tous les points ; le feu était terrible, surtout du côté de la division de droite, où se trouvait mon collègue Delbret. La garnison de Bergues avançait sur notre gauche, trois cents gendarmes à pied en faisaient l’avant-garde ; nous sortîmes alors du chemin creux : Oh les braves Français ! Prendre la redoute d’assaut, pénétrer dans la ville en passant sur les corps des morts et des mourants, ce ne fut pour vous que l’affaire d’un instant ! Nous poursuivîmes l’ennemi la baïonnette en avant, rien ne put nous résister. »

Cent dix-sept des quatre cents gendarmes impliqués dans cette affaire sont tués ou blessés. Un drapeau, plusieurs canons et trois cents hommes sont pris à l’ennemi. La 32e division, désorganisée par ses pertes après de nouveaux combats, est finalement amalgamée avec la 34e pour former une nouvelle unité. Elle est affectée au service de Paris avant son licenciement en 1795.

Cérémonie de commémoration des 220 ans de la bataille d’Hondschoote.

©  L. Fiori

La force d’un symbole

Le 4 novembre 1913, il est décidé que le drapeau remis par le président de la République en juillet à la gendarmerie porterait quatre noms de bataille, dont celui de Hondschoote. L’inscription figure toujours sur la plupart des emblèmes de l’Arme, en particulier ceux des unités territoriales, qui ont fourni les effectifs de la 32e division.

Alors que les missions de la gendarmerie se trouvent profondément ancrées dans les territoires, seule cette mention vient rattacher la geste militaire des gendarmes au sol de France. Les autres faits d’armes renvoient à des campagnes à l’étranger ou dans les anciennes terres de l’empire colonial (Villodrigo, Burgos et Alcoléa en Espagne, Friedland en Allemagne, Dantzig en Pologne, Taguin en Algérie, Sébastopol en Crimée, Indochine et Afrique Française du Nord). Cette date, parmi les plus précoces figurant sur les emblèmes militaires français, illustre l’héritage de la gendarmerie actuelle, dont les racines plongent dans sept siècles d’histoire de France. Elle place enfin la gendarmerie dans les rangs des institutions auxquelles la République doit son salut. Première bataille inscrite à son drapeau, Hondschoote constitue un élément essentiel du patrimoine de la gendarmerie nationale.

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