La gendarmerie de l’Air fête ses 80 ans !

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 01 juin 2023
Face au drapeau de la gendarmerie de l'air, les autorités de la gendarmerie nationale et de l'armée de l'Air et de l'Espace le saluent
© COMGAIR

Créée par décret du Comité français de libération nationale (CFLN), le 15 septembre 1943, pour assurer la protection des aérodromes, la gendarmerie de l’Air fête cette année ses 80 ans d’existence. Retour sur une gendarmerie spécialisée auprès de l’armée de l’Air et de l’Espace.

Si les missions de la gendarmerie de l’Air (G-Air) se sont complétées au fur et à mesure des besoins et des années, une constante demeure : son rôle est de sécuriser l’action de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), de la protéger, de la conseiller. Ses personnels sont placés pour emploi auprès du chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, le CEMAAE.

Un peu d’histoire

Dès la première guerre mondiale, des gendarmes sont employés pour sécuriser les aérodromes militaires. Le 15 septembre 1943, le CFLN signe et publie un décret créant une gendarmerie exécutant spécifiquement cette mission, permettant à l’armée de l’Air, créée neuf ans plus tôt, de se concentrer sur la partie aérienne. Au départ ce sont des effectifs pris parmi les gendarmes départementaux, ou des militaires de l’armée de l’Air qui basculent comme gendarmes.

Au cours des années suivants la guerre, l’institution entière se réorganise peu à peu, et c’est le début des gendarmeries spécialisées. L’une d’elle est la gendarmerie de l’Air, permettant, dès 1956, une professionnalisation du métier.

Jusqu’en 2015, les gendarmes de l’Air sont vêtus comme les aviateurs, avec pour seule spécificité l’écu de leur formation. En cette année charnière apparaissent de nouveaux enjeux, notamment suite aux attentats terroristes qu’a vécu la France. La G-Air entre dans une phase de dynamisation, devient une gendarmerie d’expertise, et ses personnels arborent dès lors une tenue de gendarme. Un centre de renseignement et d’opérations de la gendarmerie de l’Air est également créé.

Entre 2016 et 2020, elle investit dans de nouvelles compétences, avec la mise en place d’une chaîne d’intervention professionnelle, d’une chaîne de référents sûretés, le début de la formation sur les mini-drônes… « On commence vraiment à créer des métiers spécifiques par rapport à notre environnement », expose le général de brigade Jean-François Valynseele, commandant la G-Air. La période de 2020 à 2023 voit le début d’un engagement sur le contrôle des abords des bases, dans un travail commun avec les commandos de l’air qui sont en charge de la protection de l’emprise. « C’est la plus-value du gendarme au service de l’AAE, qui peut sortir de la base, poursuit l’officier général, mais aussi procéder à des contrôles grâce à l’accès aux fichiers, chercher le renseignement, le contact avec la police et la gendarmerie locales, traiter les problèmes judiciaires de tout ordre et exercer ce métier de gendarme sur les abords de la base ».

Complètement intégrés dans la chaîne des Armées, ils sont soutenus au niveau logistique par l’AAE. De plus, ces gendarmes dispensent la formation à l’usage des armes au profit des militaires de l’armée de l’Air et de l’Espace. Pour exercer leur métier dans un milieu militaire différent, ils doivent acquérir une bonne maîtrise de la culture de l’armée de l’Air et de l’Espace, connaître leur population : mode de fonctionnement, organisation, statuts divers… Cela fait partie des compétences attendues de ces gendarmes pour mener à bien leurs missions.

© D.R.

Les principales missions aujourd’hui

Responsable de la protection des emprises de l’AAE, cette gendarmerie déploie 140 personnels rien que pour sécuriser le site de Balard qui regroupe les états-majors des forces armées françaises à Paris. C’est aussi elle qui est employée pour la protection des hautes-autorités de l’AAE et qui leur fournit des conducteurs et des officiers de sécurité. Ces derniers sont également en charge de la protection de la résidence du chef d’état-major des Armées (CEMA), actuellement le général d’armée Thierry Burkhard. Enfin, chargée des escortes des convois sensibles de l’AAE, la G-Air dispose d’une quarantaine de motocyclistes. Ces missions dédiées font perdurer le lien entre la gendarmerie nationale et les armées.

Autre changement majeur en 2023 : une soixantaine de gendarmes de l’air sont à présent garde-frontières. La gendarmerie de l’Air devient en effet un service national de contrôle transfrontalier, à l’instar de la police aux frontières et de la douane. « Ces gendarmes vont procéder sur les bases militaires à toutes les opérations qui sont faites dans des aéroports civils. Sur une base aérienne (BA), les militaires projetés en opérations extérieures sont contrôlés pour la partie visa et passeports par les gendarmes de l’Air. Cela permet aux aéronefs de partir directement de la base et d’éviter le passage supplémentaire par un aéroport civil. En tant que garde-frontières des armées, nous sommes capables de contrôler tous les ressortissants qui quittent le territoire Schengen ou y entrent par le biais d’une base aérienne », ajoute le commandant de cette gendarmerie spécialisée. Cette nouvelle compétence a déjà été mise en œuvre à plusieurs reprises et dernièrement, lors du meeting aérien de Salon-de-Provence des 20 et 21 mai 2023, célébrant les 70 ans de la patrouille de France. Les pilotes étrangers ont été contrôlés à l’arrivée et au départ sur la BA 701 par les gendarmes de l’Air. Avec la coupe du Monde de rugby cette année, ou les Jeux olympiques en 2024, cette certification et ce savoir-faire détenu par la gendarmerie de l’Air constituent un atout majeur pour faciliter les transits divers prévus via les bases aériennes.

Au niveau judiciaire, les gendarmes de l’Air sont compétents pour tout ce qui concerne les militaires de l’AAE agissant sur les emprises comme auteur ou victime. « Cela peut concerner des vols, de la revente de matériel dérobé, ou malheureusement des constatations de décès » explique le général. Les gendarmes peuvent recevoir des dépôts de plainte directement sur la base ou être saisis par les magistrats. « Nous traitons aussi toutes les enquêtes judiciaires qui sont liées à l’aéronautique, dès qu’il y a un aéronef militaire en cause » ajoute-t-il.

Des trois armées et de la gendarmerie, la gendarmerie de l’Air est la seule unité compétente pour traiter tous les événements liés aux appareils militaires. À ce titre, 150 de ses personnels sont formés pour être capable de gérer un crash, quelque soit le type d’aéronef et le lieu des faits, y compris en dehors du sol métropolitain.

Enfin, grâce à leur chaîne de référents sûreté, ces gendarmes effectuent les diagnostics de sûreté des bases aériennes afin de limiter leur vulnérabilité, de la même manière que le font leurs camarades de la gendarmerie départementale pour les entreprises ou les mairies.

  • Un militaire de la gendarmerie de l'Air, à droite, pilote un drone en vol, au centre.
    © D.R.
  • La gendarmerie de l'Air en mission de police judiciaire.
    © D.R.
  • Un groupe de militaires de la gendarmerie nationale et de l'armée de Terre en mission en Guyane.
    © D.R.
  • Quatre gendarmes de l'Air en patrouille de surveillance et d'intervention sur un aérodrome lors d'un meeting aérien.
    © D.R.
  • Deux militaires de la gendarmerie de l'Air devant l'entrée du ministère des Armées.
    © D.R.
  • Quatre militaires de la gendarmerie de l'Air en patrouille à bord d'un zodiac sur un plan d'eau.
    © D.R.
  • Des gendarmes de l'Air en OPEX au Mali testent des armes et des drones.
    © D.R.
  • Deux motards de la gendarmerie de l'Air à l'arrêt.
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  • Deux gendarmes de l'Air, à gauche, en mission de contrôle transfrontalier.
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  • Un militaire de la gendarmerie de l'Air, à droite, pilote un drone en vol, au centre.
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  • La gendarmerie de l'Air en mission de police judiciaire.
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  • Un groupe de militaires de la gendarmerie nationale et de l'armée de Terre en mission en Guyane.
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  • Quatre gendarmes de l'Air en patrouille de surveillance et d'intervention sur un aérodrome lors d'un meeting aérien.
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  • Deux militaires de la gendarmerie de l'Air devant l'entrée du ministère des Armées.
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  • Quatre militaires de la gendarmerie de l'Air en patrouille à bord d'un zodiac sur un plan d'eau.
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  • Des gendarmes de l'Air en OPEX au Mali testent des armes et des drones.
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  • Deux motards de la gendarmerie de l'Air à l'arrêt.
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  • Deux gendarmes de l'Air, à gauche, en mission de contrôle transfrontalier.
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Une organisation calquée sur celle de la gendarmerie

Forte de 850 gendarmes d’actives et de 150 réservistes, la gendarmerie de l’Air se structure : autour de trois groupements (Balard, les groupements Nord et Sud) et d’une section de recherches. Le commandant de formation administrative a rang de commandant de région. Tous ses personnels sont issus de la gendarmerie nationale et se spécialisent après une ou plusieurs affectations, autant d’expériences qui font la richesse de son vivier.

Pour le général Valynseele, il est important que ces hommes et ces femmes développent une culture de métier, permettant de donner une image dynamique et compétente de la gendarmerie au sein des Armées. Il faut aussi conserver une certaine cohérence avec les postes qu’ils ont pu occuper précédemment : ceux qui sont affectés à Balard vont plutôt être issus de pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) ; pour les diverses écoles de l’armée de l’Air, sont privilégiés des militaires ayant une aisance relationnelle avec beaucoup de missions de prévention (usage de stupéfiants, agressions sexuelles…), etc.

Comme toute unité de gendarmerie, la G-Air s’adapte au terrain sur lequel elle est déployée, notamment par l’emploi d’équipements spécifiques. Par exemple, pour sécuriser les campagnes de tir à Cazaux nécessitant un terrain dégagé, les gendarmes utilisent des zodiacs sur le lac afin de s’assurer que l’espace est libre de tout passant. De la même manière,

« Nous avons 70 mini drones et autant de télé-pilotes, qui emploient leur matériel notamment sur les abords des bases, par exemple pour rechercher un télé-pilote suspect en cas de survol interdit par un engin téléguidé. Ces appareils sont aussi mis à la disposition de la gendarmerie départementale, par exemple pour les besoins sur des opérations de secours, offrant un appui technique aux recherches», ajoute le général.

D’autres technicités sont également employées pour une offre de service complète, comme les cavaliers et prochainement les maîtres de chiens.

Une présence en France et à l’étranger

« Nous sommes systématiquement déployés là où il y a une base aérienne ou une emprise de l’AAE, soit une quarantaine de sites. En métropole, c’est donc essentiellement sur les bases aériennes. Outre-mer nous avons des brigades de gendarmerie de l’Air qui vont travailler dans des environnements très différents, qui doivent être particulièrement autonomes. Dès qu’une base de l’Armée de l’Air et de l’Espace est déployée de manière temporaire, les gendarmes de l’Air se déplacent avec eux ». Il en va de même pour les opérations extérieures (OPEX), sur lesquelles ils peuvent être envoyés par roulement. Cela nécessite de leur part de la réactivité et de la rusticité.

Le chef de la gendarmerie de l'Air le général Valynseele aux portes ouvertes de Saint-Dizier, discutant avec ses personnels revêtus d'une chasuble jaune
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Une cérémonie à Vélizy-Villacoublay pour fêter les 80 ans

Pour les 80 ans de cette gendarmerie spécialisée, une rondache spéciale a été créée suite à un concours lancé auprès de ses personnels. Le projet final retenu met en exergue différents symboles: une carte du monde, un avion, le drapeau tricolore et les dates d’anniversaire. En parallèle, des petits défis sont lancés aux militaires. L’un deux, terminé hier, challengeait les unités pour récupérer un maximum de bouchons de liège. Les gendarmes devaient aller au contact des gens pour augmenter leur lot, et l’unité qui en a récolté le plus grand nombre (au regard de ses effectifs!) l’emporte ! C’est la brigade de gendarmerie de l’Air de Luxeuil, de la BA 116, qui y est parvenu avec 1200 kilos de bouchons. Le total récupéré par les unités, soit 1350 kilos, sera reversé pour la recherche contre le cancer. Un beau geste où ces gendarmes conjuguent à la fois le défi collectif et le geste humanitaire.

La cérémonie de ce jour est présidée par le général d’armée aérienne Stéphane Mille, Chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace et le général de corps d’armée André Pétillot, major général de la gendarmerie nationale et en présence de l'inspecteur des armées - gendarmerie, le général d'armée Bruno Jockers.

Elle rassemble et met en avant toutes les unités de la G-Air autour de son drapeau et sous des airs joués par la Musique de l’AAE. En tenue d’aviateur, les groupements nord et sud, tandis que les militaires affectés à Balard ont revêtus la tenue d’intervention. Enfin, la section de recherches et un peloton représentant les métiers spécifiques de la G-Air : OPEX, outre-mer, pilotes de drônes, cavaliers, contrôleurs… dans leurs tenues de service courant.

Nous souhaitons un bel anniversaire à tous les militaires de la gendarmerie de l’Air !

  • De gauche à droite, l’Inspecteur général des armées-gendarmerie (IGAG), le général d’armée Bruno Jockers, le commandant de la gendarmerie de l’Air, le général de brigade Jean-François Valynseele, le le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace (CEMAAE), le général d’armée aérienne Stéphane Mille et le major général de la gendarmerie (MGGN), le général de corps d’armée André Pétillot
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  • Des gendarmes en tenue de cérémonie sont au garde à vous. Il y a une porte drapeau au centre de la formation. A droite, nous pouvons voir une hélicoptère. Ils sont sur une piste d'aéroport.
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  • Des gendarmes posent avec leur moto
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  • Des gendarmes de la gendarmerie de l'air sont en rang au garde à vous
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  • Les gendarmes de la gendarmerie de l'air sont sur la piste de l'aéroport rangé en rang et au garde à vous pendant la cérémonie.
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  • Sur une piste d'aéroport, devant un hangar, se déroule la cérémonie des 80 ans. La formation du porte drapeau se fait saluer par le commandement.
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  • Vue proche dans les rangs. Les gendarmes sont en tenue de cérémonie. Le plan est centré sur le fanion de groupement.
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  • Le MGGN le général de corps d'armée André Pétillot remet une médaille à un militaire.
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  • Le major général fait un discours. Il est sur une estrade. Il est entouré le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace (CEMAAE), le général d’armée aérienne Stéphane Mille et le major général de la gendarmerie (MGGN), le général de corps d’armée André Pétillot, en présence de l’Inspecteur général des armées-gendarmerie (IGAG),C (DOE) de la gendarmerie nationale, le général de corps d’armée Olivier Kim et du commandant de la gendarmerie de l’Air, le général de brigade Jean-François Valynseele.
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  • De gauche à droite, l’Inspecteur général des armées-gendarmerie (IGAG), le général d’armée Bruno Jockers, le commandant de la gendarmerie de l’Air, le général de brigade Jean-François Valynseele, le le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace (CEMAAE), le général d’armée aérienne Stéphane Mille et le major général de la gendarmerie (MGGN), le général de corps d’armée André Pétillot
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  • Des gendarmes en tenue de cérémonie sont au garde à vous. Il y a une porte drapeau au centre de la formation. A droite, nous pouvons voir une hélicoptère. Ils sont sur une piste d'aéroport.
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  • Des gendarmes posent avec leur moto
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  • Des gendarmes de la gendarmerie de l'air sont en rang au garde à vous
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  • Les gendarmes de la gendarmerie de l'air sont sur la piste de l'aéroport rangé en rang et au garde à vous pendant la cérémonie.
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  • Sur une piste d'aéroport, devant un hangar, se déroule la cérémonie des 80 ans. La formation du porte drapeau se fait saluer par le commandement.
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  • Vue proche dans les rangs. Les gendarmes sont en tenue de cérémonie. Le plan est centré sur le fanion de groupement.
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  • Le MGGN le général de corps d'armée André Pétillot remet une médaille à un militaire.
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  • Le major général fait un discours. Il est sur une estrade. Il est entouré le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace (CEMAAE), le général d’armée aérienne Stéphane Mille et le major général de la gendarmerie (MGGN), le général de corps d’armée André Pétillot, en présence de l’Inspecteur général des armées-gendarmerie (IGAG),C (DOE) de la gendarmerie nationale, le général de corps d’armée Olivier Kim et du commandant de la gendarmerie de l’Air, le général de brigade Jean-François Valynseele.
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