Escadron motocycliste de la Garde républicaine : les anges bleus de la gendarmerie engagés sur le Tour de France depuis 70 ans

  • Par la lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 22 juillet 2023
© Gendarmerie nationale

Entre le Tour de France et les motocyclistes de la Garde républicaine, c’est une histoire qui dure, et ce depuis longtemps. Précisément depuis 1953 ! Pour marquer les 70 ans d’engagement sur cette épreuve de renommée internationale, de ces militaires, couramment appelés « les anges bleus du Tour », Gendinfo vous propose un petit retour dans le temps, à l’époque où ces motocyclistes chevauchaient des Cemec L7 et où la Grande Boucle fêtait, elle, ses cinquante premières éditions.

L’an dernier, en 2022, les motocyclistes de la Garde républicaine ont fêté leurs 70 ans d’existence. Parmi les missions prestigieuses qu’ils ont réalisées durant toutes ces années, se trouvent les escortes de chefs d’État historiques, tels que la reine Élisabeth II, Eisenhower, Kennedy ou encore Khrouchtchev, celles de plus de dix présidents de la République française, de Charles de Gaulle à Emmanuel Macron, et, surtout, après tout juste un an d’existence et depuis lors, l’escorte de la plus célèbre course cycliste du monde : le Tour de France.

© Gendarmerie nationale

3 juillet 1953 : les Anges bleus prennent la route du Tour

Le Tour de France est une compétition créée en 1903 par Henri Desgrange, directeur du journal l’Auto. À une époque où le vélo à la cote, ce passionné décide d’en faire gravir (des côtes) à de nombreux cyclistes, en lançant une toute nouvelle épreuve : un tour de France. Réalisé en moins d’un mois, il relie les villes de Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes pour se terminer à Paris. La gendarmerie nationale, principale force de sécurité intérieure implantée au cœur des territoires, est chargée d’assurer la sécurité de cette première édition. Durant les 50 ans qui vont suivre, entrecoupés des deux guerres qui forceront la direction du Tour à annuler l’événement à plusieurs reprises, les unités de gendarmerie répondront présent. À pied au début, puis à vélo, à cheval et, enfin, à moto, cette sécurisation sera principalement assurée par les brigades départementales qui, au fil des étapes, seront chargées de mettre à disposition des personnels.

Mais le vendredi 3 juillet 1953, alors que le Tour de France fête son 50anniversaire, sur la place de l’université de Strasbourg et sous une pluie battante qui s’abat sur le départ de la course, onze gendarmes issus d’une toute nouvelle unité vont faire leur entrée dans la Grande boucle : les militaires de l’escadron motocycliste de la Légion de la Garde républicaine. Chevauchant les mythiques Cemec, ils vont avoir pour mission d’assurer, aux côtés de quelques CRS et d’un officier de paix, l’escorte de la caravane publicitaire et celle de la course. Sous les ordres du capitaine Zobrist, la mission est une totale réussite. L’escadron motocycliste de la Garde républicaine devient dès lors une composante essentielle du Tour de France. Débute ainsi l’histoire des « anges bleus du Tour de France ».

© Gendarmerie nationale

Le Tour et l’escadron moto : une histoire commune

En même temps que l’arrivée de l’escadron moto de la Garde, une nouvelle page s’écrit pour la célèbre course. En effet, en 1954, la compétition prend un nouveau souffle en partant, pour la première fois, d’un pays étranger : les Pays-Bas, et plus précisément d’Amsterdam. Les motocyclistes de la Garde, qui doivent laisser la conduite des opérations aux forces locales, sont néanmoins présents aux côtés des motocyclistes néerlandais pour ouvrir, puis encadrer le cortège. Trois ans plus tard, lors d’un drame qui marquera le monde du sport, le garde républicain Vasseur assiste impuissant à la chute mortelle, au fond des gorges de Ripoll, en Espagne, du journaliste iconique du Tour Alex Virot, et de son pilote moto, René Wagner. Le gendarme, éprouvé, descendra dans le ravin pour porter secours au pilote encore vivant (son décès sera constaté quelques minutes plus tard dans l’ambulance) et préviendra les médecins et les ambulances. Un acte qui attribue définitivement le surnom « d’anges bleus » aux motocyclistes de la Garde.

Un gendarme brandit le drapeau jaune pour signaler un terre plein sur lequel il se situe.
© D.R.

Au fil du temps, des drames et des joies qui vont forger l’histoire du Tour de France, les motocyclistes de la Garde vont se perfectionner. Le « drapeau jaune », que seuls quelques-uns d’entre eux peuvent agiter, va ainsi permettre de prévenir les coureurs de potentiels obstacles et dangers. La montée en puissance de la caravane, qui compte aujourd’hui 160 véhicules, va également demander aux motocyclistes de s’adapter, tout comme l’augmentation conséquente de la vitesse des coureurs. Bernard Hinault, cinq fois vainqueur du Tour de France, écrira d’ailleurs, dans la préface du passionnant ouvrage de Jean-Paul Ollivier, « Les anges bleus du Tour de France », au sujet d’un motocycliste qui devait lui ouvrir la voie : « à l’arrivée, le motard est venu me voir et m’a dit : "Mais tu es complètement fou d’aller aussi vite". J’ai répondu : "Pas plus que toi…" J’étais en totale confiance et j’avais réglé ma vitesse sur la sienne. »

« Tenue impeccable, moto impeccable »

En même temps que le Tour, les tenues des motocyclistes, de même que leurs montures - à l’image de celles des coureurs - vont évoluer. Tout en restant fidèles à la philosophie du premier commandant de l’escadron, le capitaine Zobrist, « tenue impeccable, moto impeccable », elles vont se moderniser, devenir plus sécurisées, mais aussi plus pratiques. Les cuirs lourds des premiers uniformes vont faire place à des blousons de cuir plus légers, puis à des tenues en tissu, pour enfin arriver, dans les années 2000, au blouson que nous connaissons aujourd’hui, sous une forme un peu plus travaillée. Le fameux casque blanc, qui les différencie des unités motorisées des EDSR (Escadrons Départementaux de Sécurité Routière), arrivera, quant à lui, dès 1957. Côté mécanique, les motos vont elles aussi évoluer. Après la mythique Cemec, et un court passage avec la Norton Atlas, débutera la grande période des BMW. Une histoire qui est toujours d’actualité, avec notamment les BMW 1250 RT qui sillonnent toujours les routes du Tour.

Les motards de la garde républicaine alignés sur leurs motos devant la poste de Saint Gervais.
© D.R.

Aujourd’hui, l’escadron motocycliste de la Garde républicaine, ce sont 33 motocyclistes. Des gendarmes, hommes et femmes, soutenus par neuf autres militaires de l’escadron moto et deux mécaniciens. Des militaires qui assurent depuis 70 ans, comme leurs camarades départementaux, la sécurisation du Tour de France, de sa caravane et de ses coureurs, mais aussi du nombreux public massé le long des routes. Des militaires sélectionnés et formés, qui parcourent chaque année, casque blanc sur la tête et protection sur le dos, les quelque 3 000 kilomètres du Tour (3 405 cette année). Une force humaine, commandée aujourd’hui par le capitaine Prunet, et qui, pour de nombreuses années encore, n’a pas fini de faire rêver les petits et les grands.

Un gendarme de l'escadron motocyliste de la Garde républicaine avec en fond, la caravane gendarmerie du Tour de France
© SIRPAG - GND B.Lapointe

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