Commémorations de la Libération de la poche de Lorient : les charniers de la Citadelle de Port-Louis (1944)
- Par Par Alexis Geider, chargé d’études, Service des archives et de la Mémoire
- Publié le 09 mai 2025

À partir de la fin de l’année 1944, les Alliés progressent en France et libèrent Paris en août, puis Strasbourg en novembre. Pour autant, des poches de résistance allemandes tiennent encore le long de la façade Atlantique. En Bretagne, les combats pour déloger l’Occupant de la poche de Lorient durent jusqu’en mai 1945. Ce samedi 10 mai 2025 seront ainsi célébrés les 80 ans de la Libération de ce territoire. Autour des cérémonies officielles, auxquelles assistera notamment Patricia Mirallès, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, des expositions et des animations à destination de toutes les générations seront proposées tout au long de la journée sur le site de Lorient La Base afin de commémorer cet événement majeur.
Tandis que les armées alliées progressent en France tout au long des années 1944 et 1945, des poches de résistance allemandes continuent de tenir tout le long de la façade Atlantique. Au centre de la poche de Lorient, en face de la rade éponyme du Morbihan, la citadelle de Port-Louis devient un lieu clé de la répression allemande.
À partir du 27 avril 1944, le général Fahrmacher, commandant le XXVe corps d’armée en Bretagne, donne l’ordre d’installer des centres de « rassemblement » dans les citadelles de Brest, de Penthièvre et de Port-Louis. C’est là que sont retenus prisonniers de nombreux opposants à l’Occupant, qu’ils soient résistants ou réfractaires du Service de travail obligatoire (STO). Détenus dans des conditions effroyables, ils y sont interrogés, torturés, puis déportés ou sommairement exécutés.
C’est le cas d’Albert Lescoat. Né à Plévin, dans les Côtes-d’Armor, en 1921, ce jeune gendarme fait partie des trois pelotons de gendarmerie stationnés dans le Morbihan pendant l’Occupation. Il rejoint les Forces françaises de l’intérieur (FFI) en janvier 1944. Lescoat est arrêté par la Gestapo le 28 avril 1944 et détenu à la citadelle de Port-Louis, avant d’être fusillé en juin 1944. Sa dépouille n’est retrouvée qu’en mai 1945, à la fin des combats.
Le 18 mai 1945, la poche de résistance de Lorient s’effondre plus d’une semaine après la reddition de l’Allemagne nazie. Parmi les soldats mis aux arrêts par les Alliés et encadrés par des gendarmes, se trouvent des soldats tchèques et polonais incorporés de force dans des unités disciplinaires allemandes. Ces derniers témoignent des brutalités commises par l’Occupant et désignent l’emplacement de fosses communes creusées sous le stand de tir de la citadelle de Port-Louis. Ce dernier, situé à l’entrée de la fortification, a été délibérément dynamité par les Allemands pour faire croire à des destructions causées par les bombardements. C’est là, parmi les décombres, cachés à 1,50 mètre de profondeur, que les Français découvrent trois charniers où sont entassés les corps de 69 résistants fusillés. Leurs mains et leurs pieds sont entravés par des fils barbelés. Leurs corps portent les traces d’une exécution à la mitraillette. Parmi eux figure le gendarme Albert Lescoat.
Dès le 19 mai, plusieurs gendarmes sont mobilisés aux côtés des FFI, des Forces françaises de l'Ouest (FFO) et des Américains afin d’encadrer les prisonniers de guerre. Les officiers de la Wehrmacht en charge de la citadelle sont rassemblés afin de déterrer les corps puis sont contraints de défiler devant les fosses.
Aujourd’hui, un mémorial des fusillés se dresse à l’entrée de la citadelle et honore la mémoire de ces victimes de la brutalité nazie. Les noms des 69 victimes y sont inscrits. Le monument comporte également une urne abritant les cendres de prisonniers déportés.
Ce 10 mai 2025, Lorient célèbre un moment clé de son histoire : les 80 ans de la Libération de la Poche de Lorient, avant-dernière ville à être libérée. Cet événement sera l’occasion de revisiter un épisode marquant et méconnu de la Seconde Guerre mondiale, tout en mettant en lumière la transformation de cette ville sur les vestiges de son passé. Autour des cérémonies officielles, en présence de Patricia Mirallès, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, des expositions, des animations culturelles et des événements éducatifs et festifs à destination de toutes les générations seront proposées au public toute la journée à Lorient La Base. Autrefois la plus grande forteresse nazie hors d’Allemagne, le site se veut aujourd’hui un modèle de reconversion urbaine et de valorisation patrimoniale.
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