75 ans après, qui a tué Évelyne Clopet, agent secret de l’OSS ?

  • Par Sophie Bernard
  • Publié le 27 septembre 2019
Éveline Clopet, agent secret de l'OSS, fusillée le 10 août 1944.
© D.R.

Le 10 août 1944, Évelyne Clopet, résistante active, était fusillée à Vendôme, dans le Loir-et-Cher, avec quatre de ses camarades. Longtemps, ces assassinats furent attribués aux Allemands. Le 10 août dernier, date anniversaire du drame, Sylvie Kabina-Clopet, nièce d’Évelyne Clopet, a défendu, lors d’une conférence donnée à Saint-Ouen (41), une thèse qui désignerait des agents doubles infiltrés dans le Plan interalliés « Sussex » comme auteurs de cette tuerie.

Comme chaque année, et plus particulièrement à l’occasion du 75e anniversaire du Débarquement, une cérémonie s’est déroulée à Vendôme (41) à la mémoire des fusillés du 10 août 1944 : Évelyne Clopet, Roger Fosset, André Noël, Aristide Crocq et Marcel Biscaïno, tous agents secrets français de Londres.

Une vérité controversée

Évelyne Clopet, opératrice radio au sein du Bureau central de renseignements et d’actions, et les quatre autres résistants faisaient partie du très secret Plan Sussex, opération d’infiltration lancée en mars 1943 afin de renseigner sur les mouvements des troupes allemandes avant de lancer les opérations du Débarquement.

Selon la version officielle, racontée pendant 75 ans, ils auraient été fusillés en service commandé par des feldgendarmes locaux (police militaire allemande), la veille de la Libération de Vendôme.

À l’issue de la traditionnelle cérémonie commémorative, Sylvie Kabina-Clopet, nièce d’Évelyne Clopet, a donné, à Saint-Ouen, une conférence intitulée « Souvenirs, énigmes, révélations », aux côtés du général (2s) Georges Philippot, docteur en histoire et fondateur de la société nationale Histoire et patrimoine de la gendarmerie, du colonel (er) Raymond H.A. Carter, docteur en droit pénal international, de l’historien Jacques Chesnier, ainsi que du major Mark Classik, adjoint de l’Attaché militaire marine de l’ambassade de Grande-Bretagne à Paris et membre du Special Air Service (SAS).

L’objet était de révéler, devant un auditoire de près de 150 personnes, ceux qui, selon madame Kabina-Clopet, seraient les véritables auteurs de ces exécutions.

 

© D.R.

La piste du contre-espionnage

Peu convaincue par la version officielle, Sylvie Kabina-Clopet, en collaboration avec des experts de la gendarmerie nationale et des historiens, à l’instar de ceux présents à ses côtés lors de la conférence, a mené une enquête pendant sept années, en s’appuyant sur des témoignages, sur certains ouvrages ainsi que sur de très nombreuses archives américaines, britanniques, allemandes et surtout sur celles de Vichy, dont l’accès a été ouvert en quasi-totalité en décembre 2015, pour tenter de rétablir une autre vérité.

Grâce aux archives de Vichy, Sylvie Kabina-Clopet a notamment découvert qu’un non-lieu avait été prononcé le 12 décembre 1951 par le tribunal militaire de Paris au profit des feldgendarmes initialement accusés. D’autres incohérences l’ont conduite sur une autre piste. Selon elle, ces assassinats seraient l’œuvre d’agents doubles, infiltrés quelques mois auparavant dans le Plan Sussex depuis l’Afrique du Nord, puis de Londres.

Lors de son intervention pendant la conférence, l’historien Jacques Chesnier a par ailleurs rappelé le climat trouble qui régnait lors de la Libération, marqué par de nombreux règlements de compte entre Français. De son côté, le colonel Carter a souligné la difficulté de s’appuyer sur des preuves concrètes dans ce contexte particulier.

Une communication plus étendue

Après cette conférence et les articles de presse publiés sur le sujet (La Nouvelle République, Actu.fr, Ouest France), Sylvie Kabina-Clopet développera ses hypothèses dans un livre qui sera publié dans les mois à venir. Un film devrait également retracer cette histoire très prochainement.

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