Opération Horus : la gendarmerie contre la pédocriminalité en ligne

  • Par Doria Belkacemi
  • Publié le 07 mars 2024
Rondache de la cybergendarmerie, investigation et criminalistique
© SIRPA-G - F. Garcia -

L'opération Horus, action d’ampleur visant à traquer les pédophiles opérant en ligne, a récemment été menée avec succès sur le territoire français. Coordonnée par l'Unité nationale cyber (UNC), cette initiative s'inscrit dans la lutte constante contre l'exploitation sexuelle des mineurs sur Internet. Au cours de cette opération, 64 individus ont été interpellés, marquant une avancée significative dans la lutte contre ce fléau.

Encore aujourd’hui, la pédocriminalité reste un sujet central, qui, au fil des évolutions technologiques et sociétales, prend différentes formes. Ces évolutions ont d’ailleurs engendré une montée en puissance de la pédocriminalité en ligne, comme le note le colonel Hervé Pétry : « La lutte contre la pédocriminalité en ligne a évolué depuis ces dernières années, notamment à la suite de la crise sanitaire. C’est-à-dire que les acteurs habituels, qui étaient très tournés vers le tourisme sexuel, s’orientent vers des pratiques en ligne. »

De nouveaux modes d’action : « cash » et direct

Selon le colonel, les pédophiles agissent principalement de deux manières. D'abord le live streaming, où des actes d'abus sexuels sont diffusés en direct ou en rediffusion sur des sites du Dark Net, avec des paiements en cryptomonnaie. Deuxièmement, se faire passer pour un mineur sur les réseaux sociaux, souvent via des messageries instantanées ou des jeux vidéo, pouvant aller jusqu'à la rencontre physique.

La pédocriminalité en ligne évolue vers une radicalité croissante. Le capitaine Julien Caumond, chef du département des atteintes aux personnes à l’UNC, note aussi que les prédateurs sont de plus en plus directs, proposant rapidement des actes sexuels à des mineurs ou même des rencontres physiques : « Il y a 10 ans, on a retrouvé des procédures où il y avait 70 pages d’échanges de tchat avant que le pédophile ne propose de voir la personne, alors qu’aujourd’hui en moins de 30 secondes, un mineur peut recevoir une photo. »

Des enquêteurs sous pseudonyme

Pour contrer ce phénomène, les gendarmes sont autorisés par le Code pénal à agir sous pseudonyme, après validation par un magistrat. Ces enquêteurs, spécialement formés, traquent pendant des semaines des prédateurs sexuels opérant sur le Net. Ces professionnels se cachent derrière des profils fictifs d'enfants mineurs, créant ainsi un appât pour attirer les criminels.

Initialement rédigés dans le cadre exclusif de la lutte contre l'exploitation sexuelle des mineurs, les articles du Code de procédure pénale définissant les Enquêtes sous pseudonyme (ESP) permettent aujourd’hui d'intervenir dans tout le spectre infractionnel, dont les ventes d’armes ou encore les trafics de stupéfiants.

« La gendarmerie continue de monter en puissance dans ce domaine, avec la formation d’enquêteurs sous pseudonyme sur tout le territoire, souligne le capitaine Caumond. Nous avons aussi des formateurs relais formés par le CNFCyber. »

La prévention par la médiatisation

« On estime qu’à peu près 4 % de la population a des tendances pédophiles, indique le capitaine. Il faut bien noter et comprendre que l’on parle de tendance pédophile, et donc que parmi ces 4 %, certains ne passeront jamais à l’acte. Mais cela reste tout de même beaucoup. »

Face à des pédophiles de plus en plus audacieux, l'UNC intervient également sur le volet de la sensibilisation. Pour le capitaine, la prévention passe aussi par la médiatisation de ce genre d'événements, afin de montrer le danger aux parents, qui doivent apprendre à leurs enfants à utiliser Internet.

Menée sur l’ensemble du territoire français, l’opération Horus a ainsi abouti à 64 interpellations entre fin novembre 2023 et mi-février 2024. Parmi eux, une dizaine d'individus ont déjà été condamnés. Les autres, en attente de leur jugement, encourent des peines pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 € d’amende.

Ce résultat souligne le succès de cette opération nationale, mais aussi la nécessité de poursuivre les efforts pour faire face à une menace persistante et évolutive.

 

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