Gendarmerie du Jura : quatre voleurs à la roulotte condamnés à de la prison ferme

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 29 décembre 2023
Outils, mallettes et matériels divers saisis dans une pièce au carrelage beige et murs blancs
© D.R.

Quatre et cinq ans de prison. Telles sont les peines prononcées, le 30 novembre 2023, à l’encontre de quatre malfaiteurs qui sévissaient dans le Jura et aux alentours au début de l’année 2022. Ils se sont vu imputer près de 50 faits, dont la majorité sont des vols à la roulotte dans des fourgons d’artisans. L’aboutissement d’une enquête conduite par la brigade de recherches de Dole.

À partir de la fin janvier 2022, plusieurs dizaines de vols à la roulotte sont commis sur le territoire de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Dole. Hormis une tentative de cambriolage en pleine journée, les faits sont majoritairement perpétrés la nuit et les malfaiteurs visent surtout des fourgons d’artisans.

Ce phénomène est détecté vers la mi-février par la Brigade de recherches (B.R.) locale grâce aux messages de remontées statistiques des brigades à la suite de la constatation des faits. En lien avec la Brigade départementale de renseignements et d’investigations judiciaires (BDRIJ), les gendarmes s’aperçoivent que si la CGD de Dole est particulièrement touchée, le reste du département est également concerné par des faits similaires. La B.R. vient alors en assistance des brigades affectées. « À ce moment-là, on assure les contacts parquet, on fait le lien entre les différents éléments et on oriente les investigations téléphoniques », explique l’adjudant Quentin, Directeur d’enquête (D.E.). Les BDRIJ des groupements de gendarmerie voisins sont aussi sollicitées pour vérifier la commission de faits du même type.

De l’exploitation d’un renseignement à celle de l’ADN

C’est au début du mois de mars 2022 que la remontée d’un renseignement va changer la donne : une grande quantité d’outillage est stockée dans un appartement de Dole. Une perquisition est immédiatement menée dans le cadre d’une procédure en flagrance d’une brigade voisine, afin de rechercher des matériels dérobés bien spécifiques… Et pas moins d’une quarantaine de mallettes d’outils sont alors découvertes (outils électroportatifs, manuels, thermiques…) ! L’ensemble était destiné à la revente.

« La saisie incidente est prise à notre niveau en flagrance, précise le D.E.La B.R. est alors saisie, et la procédure débouche sur une ouverture d’information. » Les diverses opérations permettent d’identifier un premier mis en cause, qui est placé en garde à vue, présenté au magistrat, mis en examen et incarcéré.

S’ensuit alors pendant plusieurs mois un travail de fond pour les enquêteurs, qui exploitent la téléphonie, les systèmes de vidéo-surveillance et les témoignages. La B.R. parvient à établir que 47 faits, commis lors de périples dans cinq départements, sont imputables à une même équipe ! Cette dernière s’occupe tant du vol que de la revente.

L’ADN va permettre de confondre les mis en cause. Au sein du Groupement de gendarmerie départementale du Jura (GGD 39), le concours de la Cellule d’identification criminelle (CIC) est en effet systématiquement demandé pour les faits de vols à la roulotte et donc sur les perquisitions qui s’ensuivent, ce qui permet aux gendarmes d’alimenter la procédure avec des prélèvements ADN… Au résultat, des correspondances ont pu confirmer l’implication des mis en cause.

Quatre interpellations, dont une sous le signe de l’urgence

Un deuxième mis en cause est identifié grâce à ce travail de fourmi. En situation irrégulière et sans identité formelle reconnue, il a quitté Dole après la perquisition de mars 2022 et s’avère extrêmement mobile. À chaque fois que les gendarmes le localisent, il change de lieu, descendant un peu plus au sud du pays, pour finalement rejoindre la région parisienne et tenter de prendre un train pour l’Espagne. « Nous demandons au magistrat son inscription en urgence au fichier des personnes recherchées, précise l’adjudant Quentin. Et après quelques minutes à peine, il est contrôlé par la police de Bobigny en train de vendre des cigarettes de contrebande sur la voie publique ! Si la diffusion de la fiche avait été faite trois minutes plus tard, il aurait pu nous filer entre les doigts ! »

Dès le lendemain, les enquêteurs se rendent en Seine-Saint-Denis pour conduire sa garde à vue, au terme de laquelle il est mis en examen et placé en détention provisoire.

Trois autres individus sont identifiés grâce à l’exploitation de la vidéo-surveillance, et interpellés lors d’une opération judiciaire conduite en novembre 2022. Deux d’entre eux sont mis en examen et le troisième placé sous contrôle judiciaire [NDLR : il a été relaxé].

Des sanctions conséquentes

C’est en novembre 2023 que les quatre hommes, âgés de 22, 32, 35 et 58 ans, sont jugés. Si certains reconnaissent leur participation aux faits, d’autres la minimisent, voire la réfutent, mais ils sont finalement condamnés. La notion d’association de malfaiteurs a largement pesé dans la balance lors du jugement. Trois des prévenus sont incarcérés pour 5 ans, peine assortie pour deux d’entre eux d’une mesure d’interdiction du territoire français. Le quatrième est écroué pour 4 ans.

Des sanctions fortes, permises notamment par les investigations solides et minutieuses conduites par les enquêteurs de Dole.

En plus des peines d’emprisonnement prononcées, le Parquet a demandé la confiscation du matériel en bon état et non revendiqué par les victimes pour qu’il soit attribué à la gendarmerie, ce qui a été accordé.

Un long travail de restitution

Au-delà du volet judiciaire, un travail administratif conséquent a été mené par les enquêteurs afin de restituer les biens volés : identification des victimes et présentation des planches photos dans cinq départements dès l’été 2022, puis restitution à près de cinquante victimes après l’opération de novembre. Le tout a pris plusieurs mois !

Ces résultats viennent récompenser un engagement fort des gendarmes, que souligne le gradé : « Il y a eu un travail considérable de la part des unités engagées, qui a permis d’en arriver là, que ce soient les communautés de brigades, la B.R., la CIC, l’analyste criminel de la BDRIJ ou encore le peloton de surveillance et d’intervention ! Nous avons pu exploiter des éléments de preuve intéressants et construire un dossier solide qui a pu aboutir. »

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