Finistère : les gendarmes démantèlent un vaste réseau d’escroquerie en ligne

  • Par la lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 18 décembre 2023
Enquêteur d'une Section de recherches de la gendarmerie de dos devant des écrans d'ordinateur.
© GEND/SIRPA /GND B. LAPOINTE

Une opération judiciaire d’ampleur, menée par la Section de recherches (S.R.) de Rennes et par le Groupement de gendarmerie départementale (GGD) du Finistère, a permis le démantèlement d’un vaste réseau d’escroquerie en ligne sur un site de vente de bois de chauffage. Une affaire de dimension internationale, dont les principales victimes ont été des particuliers, et dont le préjudice est estimé à plus de 30 000 euros.

Pour de multiples facteurs, liés notamment à l’éloignement géographique des malfaiteurs, il est parfois ardu de confondre des individus soupçonnés d’escroquerie en ligne à un niveau international. C’est ce qu'ont réussi à faire les enquêteurs de la Section de recherches (S.R.) de Rennes et du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) du Finistère. Début décembre 2023, après plus d’un an d’enquête, et grâce à un travail particulièrement rigoureux, ils ont mis fin aux agissements d’un réseau qui escroquait en ligne des particuliers, en tentant de leur vendre sur un site frauduleux du bois de chauffage.

Un mode opératoire bien rodé

Tout commence en février 2022, lorsqu’une première plainte est déposée à la gendarmerie pour escroquerie à la fausse vente de bois sur Internet. Le montant du préjudice s’élève à 115 euros, mais l’affaire est tout de même prise au sérieux par les militaires. Rapidement, en raison de l’importance de l’affaire et de sa dimension internationale et financière, qui rendent les investigations complexes, l’enquête est transmise à l’été 2022 à la Section de recherches (S.R.) de Rennes, et plus précisément, à son antenne C3N (Centre de lutte contre les criminalités numériques), où le gendarme Théo en prend la direction. Diligentée sous l’égide du parquet JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) de Rennes, l’enquête va alors prendre un nouveau souffle.

Lors de la reprise des investigations, les gendarmes comprennent rapidement que ce fait d’escroquerie est loin d’être isolé, et qu’il pourrait s’agir d’un réseau beaucoup plus large, au mode opératoire bien rodé. Les auteurs des faits créaient en effet de faux sites marchands, d'excellente facture, améliorant leur référencement par des moyens artificiels, pour les crédibiliser. Ils y proposaient du bois de chauffage à des prix défiant toute concurrence, rendant l'offre d'autant plus attractive que le marché était alors en pénurie. Ils faisaient payer les commandes par virements sur des comptes qui changeaient régulièrement, puis les fonds étaient rapidement transférés vers des plateformes de transfert d'argent via d'autres comptes rebonds. L'argent alimentait in fine, essentiellement au Bénin, des portefeuilles numériques supportés par un opérateur mobile, ou était retiré dans des distributeurs de billets.

Plus de 100 victimes

Tout au long de l’enquête, les gendarmes identifient ainsi trois mis en cause de nationalité béninoise : un donneur d'ordre, localisé au Bénin et en Turquie, qui avait commandé la réalisation des faux sites et effectuait l'essentiel des mouvements de fonds, créant pour l'occasion des comptes bancaires sous de fausses identités, ou utilisant des comptes ouverts par des « mules »; son frère ainsi qu'un de leurs amis, résidant en France, qui effectuaient également des mouvements de fonds pour son compte, contre une commission.

Au fil du temps, d’autres victimes sont identifiées. Il y en aura au final plus d’une centaine et 32 plaintes seront déposées. Des particuliers à qui les escrocs ont soutiré en tout 30 000 euros via le faux site marchand, tandis que les comptes rebonds, utilisés pour blanchir les fonds frauduleux, ont drainé eux plus de 100 000 euros.

Le 30 novembre 2023, suite à l'arrivée du donneur d'ordre sur le territoire français, la S.R. de Rennes et le GGD du Finistère déclenchent une opération judiciaire. Celle-ci s'effectue en collaboration avec la Section de recherches de la gendarmerie des transports aériens (SRGTA) et la douane, qui vont les aider à identifier le principal suspect lors de son arrivée sur le territoire. Les deux autres individus seront interpellés par la gendarmerie en zone police, où la coopération interservices a aussi été une vraie plus value.

10 ans d’emprisonnement encourus

À l’issue de leur garde-vue, les deux principaux mis en cause, âgés de 32 et 28 ans, ne présentant pas d’antécédents judiciaires, ont été déférés au parquet de Rennes, le 2 décembre 2023. Ils ont été convoqués à l'audience du tribunal correctionnel du 9 janvier 2024. Dans l'attente, le donneur d’ordre présumé a été placé en détention provisoire, et son frère placé sous contrôle judiciaire.

Le troisième mis en cause, également inconnu de la justice, a lui reçu une convocation en justice. Il sera jugé à la même date que ses complices.
Pour ces faits d’escroquerie en bande organisée et blanchiment de délits commis en bande organisée, les mis en cause encourent une peine de dix ans d’emprisonnement.

Au-delà de l’illustration des compétences remarquables des enquêteurs de la gendarmerie, et de leur persévérance, cette affaire illustre également l’importance des dépôts de plainte, même lorsque les préjudices ne sont pas très important. Des plaintes qui permettent ensuite des recoupements, éléments décisifs pour combattre ce type d’escroquerie.

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