Escroquerie « au faux président » : démantèlement d’un réseau international de fraude et de blanchiment

  • Par le capitaine Charlotte Desjardins
  • Publié le 20 février 2023
© Depositphotos

Après plus d’un an d’enquête, les gendarmes de la section de recherches de Reims, avec l’appui d'un service de police co-saisi et du service central de renseignement criminel de la gendarmerie nationale, ont mis un terme aux agissements d’un réseau international d’escrocs. Huit individus ont été interpellés entre juin 2022 et janvier 2023, tandis que 2,2 millions d’euros étaient saisis, notamment grâce au travail du commandement de la gendarmerie dans le cyberespace et des enquêteurs de la gendarmerie spécialisés FINTECH.

Une escroquerie consiste à obtenir un bien, un service ou de l’argent par une tromperie. Il existe ainsi une multitude de manières de s’y prendre, bien que certaines soient plus connues que d’autres. L’une d’elles, dite « au faux président », est dirigée contre les entreprises. C’est pour mener l’enquête portant sur l’une de ces escroqueries que la Section de recherches (S.R.) de Reims a été saisie fin 2021.

Tout commence en effet au début du mois décembre 2021, quand une entreprise de métallurgie de Haute-Marne est victime d’une escroquerie « au faux président ». La méthode consiste à usurper, par mail ou par téléphone, l’identité du dirigeant de la société. L’escroc prétexte ensuite une opération financière non planifiée, confidentielle et urgente à réaliser par le comptable de l’entreprise, à destination d’un compte situé à l’étranger. Dans ce cas précis, le compte bancaire est domicilié en Europe, plus exactement en Hongrie. Un virement de 300 000 euros est alors réalisé au profit du fraudeur. Réalisant rapidement le méfait, la victime vient déposer plainte à la brigade locale, qui en informe aussitôt le procureur de la République de Chaumont. Au vu du préjudice et du type de fait, celui-ci saisit la S.R. de Reims.

Les gendarmes de la S.R. identifient rapidement l’origine des appels, qui provenaient d’Israël. Il devient alors nécessaire de travailler en coopération internationale, afin de poursuivre utilement les investigations. Celle-ci est donc menée avec Europol, les autorités israéliennes, ainsi que le service central anti-blanchiment de Budapest, en Hongrie.

L’escroquerie se répète quelques jours plus tard, à la fin du mois de décembre 2021, au détriment d’un promoteur immobilier parisien. Si le mode opératoire employé est similaire, les escrocs parviennent cette fois à détourner le montant colossal de 38 000 000 euros. Le commissariat du XIVe arrondissement de Paris reçoit cette nouvelle plainte, laquelle est immédiatement transmise à la Brigade des fraudes aux moyens de paiement (BFMP) de la Direction régionale de la police judiciaire de Paris (DRPJ).

Deux enquêtes réunies sous la direction de la section de recherches de Reims

Les investigations sur la téléphonie, réalisées par les enquêteurs de la S.R. de Reims, dans le cadre de leur dossier, établissent un lien formel avec la société immobilière parisienne victime des escrocs. La Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO) réunit alors les deux dossiers et en confie la direction à la section de recherches de Reims.

Ces enquêtes comportent également un volet blanchiment, lequel est réalisé par le biais des cryptomonnaies. Le Commandement de la gendarmerie dans le cyberespace (ComCyberGend) va alors travailler sur cette partie, jusqu’à saisir 700 000 euros en valeurs sur plusieurs comptes ouverts auprès d’échangeurs.

Au regard de l’ampleur conséquente du dossier, le travail d’enquête mené par les différents services nécessite l’appui du Service central de renseignement criminel de la gendarmerie nationale (SCRCGN). Celui-ci soutient les unités en apportant son expertise dans l’analyse du renseignement criminel, mais aussi par une exploitation plus fine des informations issues des fichiers centraux. Le tout permet de faciliter et d’améliorer les recoupements et d’orienter plus efficacement le travail des enquêteurs.

Des interpellations par les gendarmes au-delà des frontières du territoire national

Après quelques mois d’un travail particulièrement complexe, les gendarmes et le service de police co-saisi établissent que les commanditaires des faits ainsi que leurs principaux complices sont des ressortissants franco-israéliens, vivant dans le nord d’Israël.

Entre juin 2022 et janvier 2023, huit d’entre eux sont appréhendés. Six interpellations sont réalisées en France et deux autres en Israël, où elles sont effectuées par les enquêteurs de la S.R. de Reims, qui se sont vu confier la relation unilatérale avec leurs homologues israéliens, sur la base de liens entretenus depuis plusieurs années dans le cadre d’enquêtes successives.

En plus des 700 000 euros blanchis en cryptomonnaies, 1,5 million d'euros sont saisis sur trois comptes bancaires au Portugal et en Espagne, grâce à la collaboration avec des enquêteurs de la gendarmerie spécialisés FINTECH, portant la totalité à 2,2 millions d’euros.

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