Disparition de Karine Esquivillon, la gendarmerie enquête

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 22 juin 2023
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Au cours sa garde à vue, dans la nuit du 15 au 16 juin 2023, Michel Pialle reconnaissait avoir tué sa femme Karine Esquivillon et dissimulé son corps. Les investigations étaient menées par une cellule nationale d’enquête dédiée, conduite par la Section de recherches (S.R.) de Nantes et le Groupement de gendarmerie départementale de Vendée (GGD 85).

Le 3 avril 2023, Michel Pialle signale à la brigade de gendarmerie de Challans, en Vendée, la disparition de sa femme, Karine Esquivillon, avec qui il est marié depuis huit ans. Celle-ci aurait quitté le domicile conjugal le 27 mars 2023, en emportant ce qui pourrait servir à construire une nouvelle vie : sa carte bancaire, 14 000 euros en espèces, 30 000 euros de pièces d’or et un sac d’effets personnels.

Quelques jours plus tard, le 9 avril, le maire de Maché découvre un téléphone portable en bordure d’une route de sa commune. L’appareil, allégé de sa carte SIM, est cependant allumé. L’élu y reconnaît sur une photo un des enfants du couple et dépose le téléphone dans la boîte aux lettres de la famille Pialle. Cette découverte rend la disparition de cette mère de cinq enfants particulièrement suspecte, et dès le lendemain, le Parquet des Sables-d’Olonne ouvre une enquête préliminaire pour disparition inquiétante de Karine Esquivillon. Il saisit la Section de recherches (S.R.) de Nantes et le Groupement de gendarmerie départementale de Vendée (GGD 85).

Dès lors, les gendarmes mettent en place des investigations téléphoniques et découvrent que des SMS ont été envoyés à partir de son téléphone, à sa voisine et à ses enfants. Le dernier message date du 31 mars et est adressé au plus jeune enfant du couple. Il y est dit que leur mère serait partie à l’étranger avec un ami.

À la lumière de ces éléments, le parquet autorise les enquêteurs à procéder à une perquisition au domicile familial, pour laquelle Michel Pialle donne son assentiment. C’est là qu’ils saisissent plusieurs armes de poing et d’épaule mais aussi le véhicule de l’épouse disparue. Ils poursuivent les investigations à la lumière de ces nouveaux éléments.

L’ouverture d’une information judiciaire et la création d’une cellule d’enquête

En Vendée, le parquet de La Roche-sur-Yon est compétent en matière criminelle, aussi celui des Sables-d’Olonne se dessaisit-il à son profit le 17 avril 2023. Une nouvelle procédure est aussitôt enclenchée, avec l’ouverture d’une information judiciaire contre X, du chef d’enlèvement et séquestration volontaire sans libération avant le septième jour, dirigée par deux juges d’instruction.

Afin de poursuivre l’enquête le plus efficacement possible, les gendarmes mettent sur pied un groupe de travail le 18 avril. Au fur et à mesure des investigations menées, ce groupe de travail se transforme, à la demande de la S.R., en une cellule nationale d’enquête, regroupant 21 militaires à compter du 29 mai. Sous l’égide de la section de recherches de Nantes, celle-ci réunit des personnels des trois Brigades de recherches (B.R.) du GGD 85 (principalement la B.R. des Sables d’Olonne) et d’autres unités territoriales.

Le 9 mai, un appel à témoins est diffusé pour retrouver Karine Pialle ou a minima récupérer autant d’éléments que possible sur sa disparition. Il permet aux enquêteurs de recueillir des informations sur la personnalité de son mari.

Parallèlement, ces derniers mènent de nombreuses auditions et des investigations techniques, portant notamment sur la téléphonie. Au vu des éléments récoltés, le 12 juin, un réquisitoire supplétif étend l’information judiciaire aux faits de meurtre.

Au terme d’un travail d’enquête particulièrement minutieux, l’époux de Karine Esquivillon est interpellé et placé en garde à vue le matin du 14 juin 2023. Les enquêteurs mènent alors chez lui une seconde perquisition, au cours de laquelle ils découvrent la carte d’identité de la disparue et son livret de famille, puis ils saisissent le véhicule du mis en cause pour le passer au peigne fin.

Les aveux de Michel Pialle

La garde à vue est prolongée, et lors de sa quatrième audition, dans la nuit du 15 au 16 juin, Monsieur Pialle passe aux aveux. Il explique avoir tué sa femme accidentellement, le coup étant parti d’une carabine équipée d’un silencieux, alors qu’il s’occupait de la prendre en photo pour la mettre en vente sur Internet. Il précise aussi qu’il ne savait pas que l’arme, de calibre 22 long rifle, était chargée, qu’il a échoué à ranimer son épouse, et qu’elle est décédée très rapidement. Il ajoute qu’il a ensuite pris peur et est allé déposer le corps sur un terrain privé, près de Challans, puis a jeté l’arme dans le lac de Maché. À ce jour, celle-ci n’a pas encore été retrouvée. Quelques jours plus tard, c’est du téléphone dont il se débarrasse.

Après ces révélations, les gendarmes se rendent immédiatement sur le lieu indiqué par Michel Pialle et découvrent le corps d’une femme. Ce dernier est autopsié le lendemain à l’institut médico-légal de Nantes, en vue d’identifier Karine Esquivillon.

Après sa garde à vue, le mari de cette dernière est présenté aux juges d’instruction et réitère ses premières déclarations : il est mis en examen pour meurtre par conjoint et placé en détention provisoire, faisant l’objet d’une mesure d’isolement.

Des moyens conséquents déployés par la gendarmerie

À la suite de la stratégie d’enquête établie en lien avec les magistrats, la gendarmerie a déployé des moyens judiciaires et opérationnels d’ampleur pour retrouver la disparue. La création du groupe de travail, puis de la cellule d’enquête nationale au sein de la S.R. de Nantes et du GGD 85 mobilisait particulièrement 21 personnels sur cette affaire. Mais bien d’autres personnels ont été projetés par le groupement et la région de gendarmerie, à commencer par ceux de la Cellule d’identification criminelle (CIC) du GGD, la brigade nautique de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, la Cellule départementale d’observation et de surveillance (CDOS) de Vendée, mais aussi la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Saint-Nazaire. En outre, des moyens nationaux spécialisés ont été engagés, notamment des équipes cynophiles du Groupe national d’investigations cynophile (GNIC) de Gramat pour la recherche de restes humains, le Coordonnateur criminalistique (CoCrim) du groupement de gendarmerie départementale de la Loire-Atlantique, ainsi que des personnels du Département de sciences du comportement (DSC) de l’IRGCN. Cet engagement judiciaire et opérationnel massif a permis un dénouement rapide.

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