Démantèlement d’une plateforme de cryptomonnaies servant au blanchiment

  • Par le chef d'escadron Sophie Bernard
  • Publié le 20 janvier 2023
Photo d'illustration représentant un homme tendant un portefeuille avec des grandes pièces de monnaie, devant un bureau sur lequel est posé un ordinateur.
© Freepik

Le 18 janvier 2023, six personnes soupçonnées d’appartenir à une organisation criminelle internationale ont été interpellées en Europe et aux États-Unis. Cette opération judiciaire hors norme fait suite à une enquête menée par la gendarmerie nationale, concernant une plateforme russophone d’échanges de crypto-actifs soupçonnée de blanchir des millions de dollars d’argent sale.

C’est l’histoire d’une enquête qui dépasse largement les frontières de la France et nous plonge dans les recoins les plus obscurs du numérique. Il y a un an, dans le cadre de l’action européenne EMPACT, la Division des opérations du commandement de la Gendarmerie dans le cyberespace (ComCyberGend) s’intéresse à une organisation criminelle suspectée d’offrir, depuis 2018, des services financiers numériques facilitant les transactions de crypto-actifs de diverses natures ainsi que leur conversion en roubles.

Un mécanisme particulièrement technique qui requiert différentes expertises. « Nous avons constitué une cellule nationale d’enquête constituée de 50 gendarmesavec des enquêteurs issus du ComCyberGend et de diverses régions de gendarmerie, des experts de la Division Technique du ComCyberGend, des analystes du Service Central du Renseignement Criminel de la Gendarmerie nationale (SCRC), ou encore des enquêteurs cyber spécialisés dans les crypto-actifs (FINTECH) », énumère le général de division Marc Boget, à la tête du ComCyberGend.

À travers des investigations complexes menées avec l’appui d’EUROPOL, cette équipe de choc parvient à décrypter les rouages de ce qui s’avère être une énorme machine à blanchir numérique. Bitzlato est une plateforme d’échange, peu scrupuleuse quant à l’identité des clients et l’origine des fonds, qui permet aux malfaiteurs de blanchir des crypto-actifs issus de diverses activités criminelles (pédocriminalité, rançongiciel, trafic de stupéfiant, etc) moyennant commission. Et cette « laverie » en ligne s’avère particulièrement rentable puisque les transactions sont estimées à un montant de plus de 2 milliards de dollars depuis 2018.

Nettoyage à sec

Dans le cadre de l’enquête préliminaire conduite par la Juridiction Nationale de Lutte contre la Criminalité Organisée (JUNALCO) dès le mois de septembre dernier, une opération judiciaire est lancée, ce mercredi 18 janvier, coordonnée par les cybergendarmes français et EUROPOL. Elle vise notamment le créateur de la plateforme et ses complices mis en cause pour des faits de participation à une association de malfaiteurs, de blanchiment en bande organisée, de complicité d’extorsion en bande organisée, et de complicité d’atteintes aux Systèmes de Traitement Automatisés de Données.

Six individus sont ainsi interpellés, en Europe et aux États Unis, grâce à la mobilisation des forces d’EUROPOL (AP CYBORG, EC3 FORENSIC, CYBER INTELLIGENCE TEAM), des États-Unis (FBI antennes de New-York et Miami), d’Espagne (Guardia Civil), du Portugal (PJ), de Chypre (Cybercrime Division and Digital Forensic Laboratory) et des Pays-Bas (Cybercrimeteam Oost-Nederland).

Au total, 250 agents ont pris part à cette opération hors norme. Le service offert par la société Bitzlato a immédiatement été mis hors d’usage. Par ailleurs, en lien avec le parquet et l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC), les enquêteurs ont saisi le nom de domaine, plus de 16 millions d’euros sous forme de crypto-actifs, les sommes de 27 000 euros et 31 000 dollars, ainsi que trois véhicules. Cette opération « porte un coup dur à l'écosystème des cryptocriminels » et « répond à la crise de confiance dans les marchés de cryptomonnaies », a déclaré la vice-ministre américaine de la Justice Lisa Monaco. En effet, si c’est « une première en Europe », comme le souligne le général Boget, les enquêteurs cyber ne comptent pas s’arrêter là.

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