Fin de course pour le voleur de Murat. Le 19 août 2023, alors qu’une cellule d’enquête est mise en place depuis une semaine pour mettre fin à ses agissements, le voleur du Cantal, déjà physiquement identifié par les services de gendarmerie, est reconnu par une patrouille de service de contact, mise en place pour récolter du renseignement dans le cadre de cette même enquête. Les gendarmes de la Brigade de recherches (B.R.) de Saint-Flour et des Communautés de brigades (CoB) de Murat et de Massiac, en charge de l’enquête, vont rapidement constater que l’homme, recherché pour près de 160 cambriolages plus anciens, également perpétrés dans la région de Murat, est loin d’être un novice.

Une coordination renforcée

Tout commence en 2019, au cœur du Cantal, dans la ville de Murat et dans les communes alentour, où plusieurs faits de vols à la roulotte sont déclarés. Au départ peu nombreux, les vols à la roulotte ainsi que les cambriolages se multiplient, et en deux ans, de 2019 à 2021, ce sont 158 faits similaires qui sont enregistrés. Le mode opératoire et le préjudice, qui montrent à chaque fois une grande similitude, conduisent les enquêteurs à penser qu’il s’agit d’une seule et unique personne : un individu au profil itinérant, opérant seul et de nuit.

Après une année 2022 sans nouveau cas enregistré dans le Cantal, fin juillet 2023, une nouvelle vague de vols à la roulotte touche de nouveau les communes de Murat et des alentours. Fait nouveau, aux vols dans les véhicules, s’ajoutent cette fois des vols dans des commerces. La réapparition de ce phénomène et les rapprochements mettant en évidence un mode opératoire similaire à celui constaté les années précédentes, font supposer aux enquêteurs qu’il s’agit de la même personne.

Pour mettre fin à ses agissements, des surveillances nocturnes sont réalisées sur les secteurs ciblés, par les militaires du Peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG) de Saint-Flour, renforcés par ceux de Mauriac et d’Aurillac. Au sol, le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Murat et le Peloton motorisé (P.mo.) de Saint-Flour sont également mobilisés pour réaliser des contrôles de zone en profondeur, à l’aide de quads et de motos tout-terrain, afin de tenter de débusquer le suspect.

En parallèle, une cellule d’enquête est mise en place au sein de la compagnie de Saint-Flour. Armée par des gendarmes de la B.R. de Saint-Flour et des CoB de Murat et de Massiac, avec l’appui des militaires de la Cellule d’identification criminelle (CIC) du Cantal et de ceux de la Brigade départementale de renseignements et d'investigations judiciaires (BDRIJ), cette cellule va réussir à identifier un profil pouvant correspondre à l’auteur des faits. Un travail coordonné qui va permettre, le samedi 19 août 2023, à une patrouille de service de contact d’identifier et d’interpeller l’individu, qui sera immédiatement placé en garde à vue.

Fin de l’histoire ? Pas tout à fait !

Une dimension européenne

Si le coup de filet est déjà beau, les gendarmes du Cantal qui travaillent sur l’affaire ne sont pas au bout de leurs surprises et vont faire une autre découverte. Grâce au questionnement de fichiers européens, ils vont en effet réussir à formellement identifier l’individu et surtout découvrir qu’il n’en est pas à son coup d’essai. L’homme, âgé de 44 ans et sans domicile fixe, a en effet un lourd passif.

Apparaissant dans les registres judiciaires pour des faits similaires commis dans d’autres départements auvergnats (l’Allier, où il aurait commis 320 vols entre 2019 et juillet 2023, mais aussi la Haute-Loire, avec 107 faits, la Lozère, où une centaine de faits ont été répertoriés, et le Puy-de-Dôme, avec 81 faits), il est aussi défavorablement connu pour des faits similaires perpétrés en Autriche, où il a purgé une peine de prison de 2 ans, ainsi qu’en Italie, où un mandat d’arrêt national a été émis à son encontre.

Au total, l’homme est soupçonné d’avoir commis près de 800 vols à la roulotte et cambriolages entre 2019 et août 2023 sur le seul territoire national. Un chiffre conséquent, qui donne à cette enquête, au départ très localisée, une tout autre dimension. Le parquet d’Aurillac, initialement saisi de l’affaire, a sollicité une ouverture d’information. Les investigations vont donc se poursuivre sous la direction d’un juge d’instruction et seront confiées à la B.R. de Saint-Flour sous commission rogatoire. Le mis en cause a quant à lui été mis en examen et placé en détention provisoire. En France, il encourt une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 5 ans pour vols aggravés.