Coupe du Monde de Rugby : gendarmes mobiles et moyens spécialisés forment une bulle de sécurité autour du stade de Bordeaux (1/3)
- Par le commandant Céline Morin
- Publié le 18 septembre 2023

Durant cette 10e coupe du Monde de rugby, le stade de la ville de Bordeaux doit accueillir cinq matches de phase de poules. Ces jours-là, le site bénéficie d’un dispositif de sécurisation pluridisciplinaire piloté par un Groupement tactique de gendarmerie (GTG), lui-même placé pour emploi auprès de la DDSP 33. Le GTG contribue dans le même temps à la sécurisation du centre-ville de Bordeaux, où la gendarmerie départementale est également engagée. Focus en trois temps sur la manœuvre déployée à l’occasion des premières rencontres disputées le week-end des 9 et 10 septembre.
Si l’ensemble des matches de cette 10e Coupe du Monde de rugby se déroule en zone de compétence police nationale, la gendarmerie est pleinement engagée dans le dispositif de sécurisation de cette compétition dans six des sept zones concernées.
Ainsi, outre la protection par le GIGN de dix des vingt équipes engagées, la gendarmerie sécurise les camps de base des équipes et les sites base de match implantés sur sa zone de compétence et appuie par ailleurs la police nationale dans la sécurisation des espaces et des flux aux approches de quatre des neuf stades retenus pour accueillir la compétition (celui de Paris bénéficiant d’un dispositif mixte), ainsi que dans certaines zones d’affluence.
« Dans le cadre des festivités de la Coupe du Monde de rugby à Bordeaux, qui accueille cinq matches de phase de poules, la gendarmerie s’est vu confier la sécurisation de plusieurszones. Parmi celles-ci, on peut citer la gare de Bordeaux Saint-Jean, véritable centre névralgique de toutes les communications, avec notamment la desserte de la ligne TGV Paris – Bordeaux, où transitent de nombreux supporters, autorités et officiels, venus assisteraux différentes rencontres, comme celle attendue entre le Pays de Gallesetles Fidji. La jonction en tramway entre le village rugby, implanté sur les bords de la Garonne, et la gare, constitue unautre secteur où sont employés en permanence des gendarmes d’active et de réserve. Par ailleurs, le stade MATMUT concentre une partie importante de nos forces, notamment en gendarmerie mobile et moyens spécialisés. C’est par conséquent un dispositif d’ampleur qui est déployé par la gendarmerie. Son organisation, en blocs missionnels, avec un chef, une mission et des moyens, offre une grande autonomie, mais toujours en étroite coordination avec la DDSP (Direction Départementale de la Sécurité Publique) de la Gironde, territorialement compétente,et sous l’autorité du préfet, présente le général de corps d’armée Samuel Dubuis, commandant la région de gendarmerie Nouvelle-Aquitaine et la gendarmerie pour la zone de Défense et de sécurité Sud Ouest. Évidemment, lorsque l’on éprouve ce genre de dispositif, on pense aux J.O. 2024. Nous en ferons bien sûr un retour d’expérience et nous essaierons de l’améliorer là où cela s’avérera nécessaire. »
Le GTG, point de contact unique
Comme à Nantes, Toulouse et Saint-Étienne, le stade de Bordeaux bénéficie ainsi d’un dispositif gendarmerie pluridisciplinaire, placé sous le commandement d’un chef unique, en l’occurrence le commandant du Groupement de gendarmerie mobile (GGM) II/2 de Mont-de-Marsan, commandant le Groupement tactique de gendarmerie (GTG) dédié à la zone bordelaise (stade et centre-ville). « Je coordonne ainsi l’ensemble des composantes gendarmerie, ce qui permet aux autorités compétentes et d’emploi, les organisateurs, la DDSP (Direction Départementale de la Sécurité Publique) et la préfecture, de disposer d’un seul interlocuteur. Si cela implique une charge de travail importante, notamment en termes de logistique, cela solutionne et simplifie beaucoup de choses, pour eux comme pour nous, car sur ce type d’événement, la coordination est la clé de la manœuvre opérationnelle, souligne le colonel Michael Sorre, commandant le GTG. Venant de Mont-de-Marsan, nous opérons sur un terrain et avec des interlocuteurs que nous connaissons, du moins pour la majorité d’entre eux. Depuis le début, nous travaillons avec sérénité, dans un grand climat de confiance et de partage avec tous nos partenaires. »
Cette composante comprend notamment des Escadrons de gendarmerie mobile (EGM), un élément de Lutte anti-drone (LAD), des équipes cynophiles spécialisées dans la Recherche d’explosifs sur personnes en mouvement (REXPEMO), une expertise NRBC, une réserve d’intervention spécialisée (AGIGN), avec en outre, sur le site bordelais, une escouade de cavaliers de la garde républicaine et un appui drone des Forces aériennes de la gendarmerie nationale (FAGN), dont un équipage hélicoptère est d’ailleurs d’astreinte au profit de la manœuvre. « En qualité de GTG, nous sommes habitués à avoir des moyens spéciaux sous notre autorité, mais davantage liés aux missions d’ordre public, tels que la CNOEIL, la CNAMO ou encore les VBRG. En revanche, c’est la première fois s’agissant de moyens tels que la LAD, les REXPEMO, l’AGIGN ou encore les cavaliers de la Garde. L’inverse est aussi vrai. Il a donc fallu expliquer notre fonctionnement, note l’officier. « Cette manœuvre est aussi pour la gendarmerie une belle occasion de valider certains procédés et certaines doctrines, comme l’emploi de PC STORM, qui constitue une avancée phénoménale, en nous permettant d’être en écoute sur plusieurs conférences via notre NEO. »
Coup d’envoi !
Vendredi 8 septembre, à la veille de la première rencontre disputée à Bordeaux, et à quelques heures du coup d’envoi du match d’ouverture opposant la France à la Nouvelle-Zélande, une partie des effectifs du GTG, soit quatre EGM, est en place depuis 16 heures dans le centre-ville de Bordeaux, sous l’autorité de l’adjoint du GGM II/2, le lieutenant-colonel Bruno Sémat, afin de sécuriser cette soirée de retransmission. Pendant ce temps-là, le colonel Michael Sorre briefe une dernière fois les chefs de détachement des différentes composantes gendarmerie qui seront déployées sous son commandement le lendemain : rappel du dispositif, des points d’attention eu égard à la configuration des sites, des effets recherchés…
« Contrairement à d’autres rencontres sportives, nous sommes sur une séquence plutôt festive. Il ne devrait pas y avoir d’accrochages entre supporters. Je n’identifie pas de menace particulière, si ce n’est une attention particulière à avoir sur la gestion des flux autour du stade. Il sera nécessaire de maintenir une attitude bienveillante, de temporiser la foule, c’est d’ailleurs aussi pour cela que j’ai souhaité engager les cavaliers de la garde, pour l’aspect relationnel du cheval. En revanche, si on doit se montrer ferme, on le fera, par exemple s’il faut mettre en place un dispositif de canalisation, ou calmer certains comportements sur fond d’alcoolisation, insiste le colonel Sorre. Autour du stade, comme en centre-ville, nous allons rechercher la visibilité, pour prévenir, dissuader et déceler tout comportement à risque et tout auteur d’infraction. »
Une bulle pluridisciplinaire sur le stade
Chaque jour de match, le GTG se scinde en deux. Depuis le PC sécurité installé dans le stade, le colonel Sorre pilote plus spécifiquement le dispositif autour de l’enceinte sportive, tandis que son adjoint est en charge de la manœuvre en centre-ville. Ce samedi 9 septembre, le stade de Bordeaux accueille son premier match. Le coup d’envoi de la rencontre opposant l’Irlande à la Roumanie doit être donné à 15 h 30. Les gendarmes se mettent en place près de quatre heures en amont : d’abord les gendarmes mobiles, qui patrouillent autour de l’enceinte sportive et de la station de tramway située à 150 mètres de là, ainsi que les deux binômes REXPEMO, circulant à tour de rôle au milieu de la foule, appuyés par des militaires d’un peloton d’intervention de G.M. Ces équipes cynophiles peuvent également être requises pour conduire des missions de détection d’explosifs au sein du stade. Un drone, actionné par un télépilote des FAGN, entre également en action, en mesure de renseigner le PC mobilité sur les flux convergeant vers le stade ainsi que sur l’état des axes de circulation et d’appuyer la manœuvre au sol en cas de besoin. En capacité de retransmettre en direct les images au PC mobilité, avec duplication possible en salle de commandement, il est une aide précieuse au commandement.
Une heure plus tard, tandis que les spectateurs commencent à affluer, une escouade de six cavaliers de la garde se joint, par rotation, au dispositif, appuyée par un trinôme à pied, en mesure de procéder à une éventuelle interpellation. L’élément de Lutte anti-drone (LAD), armé par des militaires de la Section protection anti-drone (SPAD) de la garde républicaine, renforcés par des gendarmes de la Section opérationnelle de lutte contre les cybermenaces (SOLC) du GGD33, se met également en position sur le toit du stade avant l’ouverture des portes au public.
Dans le même temps, deux unités spécialisées se placent en réserve d’intervention : l’antenne GIGN de Tours, dont les opérateurs sont positionnés à l’intérieur du stade, en mesure d’intervenir en cas d’attaque, et la Force nationale NRBC, renforcée par des formateurs relais NRBC territoriaux, chargée de conseiller le commandement et d’appuyer la manœuvre des EGM en cas d’événement NRBC. Celle-ci fournit également deux personnels au labomobile du DCI-IT (Détachement Central Interministériel d'Intervention Technique du ministère de l'Intérieur), mis en place au Vélodrome voisin aux fins de procéder à l’analyse d’éventuelles substances suspectes qui pourraient être détectées lors des inspections réalisées par les experts « explo » des armées et les FORMISC (Formations Militaires de la Sécurité Civile).
D’abord éparse, la foule se densifie rapidement, principalement sur le parvis du stade, où se trouvent les food trucks et autres débits de boissons. Une marée verte et festive. Malgré la chaleur écrasante, frôlant les 38 °C, les gendarmes accentuent leur présence. La vigilance n’exclut pas la bienveillance et la bonne humeur du côté des forces de l’ordre, qui se prêtent de bonne grâce aux séances photos avec les supporteurs irlandais.
Vers 14 heures, les deux équipes rejoignent le stade. D’abord celle d’Irlande, suivie de près par celle de Roumanie, toutes deux escortées par des motocyclistes de l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR). L’axe conduisant au stade est jalonné par les gendarmes mobiles, qui forment une bulle de sécurité.
Alors que le match s’apprête à commencer, de très nombreux spectateurs sont encore massés autour des points de vente et les gendarmes doivent inciter ces retardataires à gagner leur place. Finalement le parvis se vide et retrouve un calme tout relatif, principalement troublé par les ovations et les exclamations émanant du stade. Le dispositif de sécurisation peut alors s’alléger… jusqu’au coup de sifflet final. Tandis qu’une partie des spectateurs se dirige vers la station de tramway ou le parking, le parvis, où food trucks et autres boutiques officielles ont rouvert, se remplit de nouveau. Il faudra que les gendarmes mobiles entrent en action, appuyés par les cavaliers de la garde, cette fois pour inciter les supporters irlandais, ivres de leur victoire écrasante mais pas que…, à quitter les lieux, en les canalisant jusqu’au quai du tramway. La plupart d’entre eux poursuivront les réjouissances dans le centre-ville, où le second dispositif du GTG est en place depuis le milieu de journée.
La manœuvre sera renouvelée le lendemain en fin d’après-midi pour le match Pays-de-Galles-Fidji, auquel doivent assister plusieurs personnalités, dont le Prince de Galles et le président fidjien.
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