Le vol en montagne, une spécialité à part entière

  • Par la capitaine Céline Morin
  • Publié le 12 mars 2018
Été comme hiver, les hélicoptères des forces aériennes sont indispensables aux secouristes pour les missions de recherche ou d’assistance aux personnes, réduisant les délais et les distances d'intervention.
© M.I. DICOM - BRC A. Lejeune

Les personnels navigants, pilotes et mécaniciens, des forces aériennes de gendarmeriesont formés au centre de vol en montagne de Briançon.

Le vol en montagne est une spécialité à part entière dans le monde déjà très technique du pilotage. Il faut connaître et appréhender un environnement souvent hostile, une climatologie rapidement changeante et posséder la pleine maîtrise de l'E.C.145, hélicoptère qui équipe les huit Détachements aériens de gendarmerie (Dag) de montagne. Seulement une trentaine de pilotes (unités aériennes et groupement instruction) sont qualifiés montagne.

Toutefois, la plupart des unités sont amenées à effectuer des vols en altitude, entre 900 et 1 500 m. Tous les pilotes sont donc initiés à cette technicité durant une semaine au sein du Centre de vol en montagne (CVM) de Briançon. Parmi eux, certains ont déjà l'ambition de voler au-dessus des cimes tandis que d'autres se découvrent cette vocation. Pour les moniteurs, ce stage permet de détecter les candidats ayant l'envie, mais surtout les qualités requises pour devenir pilote montagne. « Tous sont des pilotes expérimentés, mais la difficulté est d'appréhender le milieu montagneux », souligne le CNE Emmanuel Chavanne, moniteur permanent du CVM.

Car en montagne, les hauteurs et le relief deviennent relatifs, l'horizon disparaît, l'hélicoptère ne bouge pas de la même manière, les effets de pentes et de vallées nécessitent de combattre des réflexes naturels. La température et l'altitude influent sur les performances de la machine.

En montagne, le treuillage à bord des E.C. 145 nécessite la mise en œuvre d'une procédure spécifique à laquelle sont formés les mécanos.

©  M.I. DICOM - BRC A. Lejeune

Apprendre à ressentir la montagne

« Tout le monde n'est pas fait pour être pilote montagne, même un excellent pilote en plaine. Cette spécialité nécessite surtout d'avoir un esprit montagne, de savoir lire le terrain, évaluer les hauteurs et les reliefs, et de bien appréhender l'aérologie. On apprend à ressentir la montagne, précise le CNE Éric Guichard, du Dag de Briançon, moniteur depuis 2002. Quand le vent souffle à plus de 100 km/h et que les ascendants tourbillonnent, l'hélico devient un fétu de paille. Le vent agit comme un liquide, s'engouffre dans les vallées. Les changements brutaux entraînent des phénomènes de fortes portances. Il faut tout analyser et savoir réagir. On a des outils, mais le plus gros du travail revient au pilote. »

Formation dans les airs

Les Hautes-Alpes accueillent depuis toujours la formation des pilotes, et depuis peu également celle des Mécaniciens de bord treuilliste (MBO) montagne. Les mécaniciens montagne suivent en effet une formation montagne au CVM, relative au vol et aux procédures montagne. Machine, altitude, précision, procédure matérielle, météo, missions sur avalanche, treuillage en paroi ou à 4 000 m, autant de techniques qui diffèrent des missions en plaine.

Depuis mai 2015, c'est dans une structure flambant neuve, partagée entre le CVM et le Dag de Briançon, que se déroulent les stages, dont bénéficient également des unités étrangères. Pour assurer le déroulement de ces sessions, le pilote et le mécanicien permanents de la structure sont renforcés par des personnels venus des unités montagne. Des stagiaires à divers stades du cursus de formation s'y côtoient. Certains découvrent le vol en montagne, tandis que d'autres évoluent à différents niveaux de la qualification montagne. Celle-ci se déroule en quatre phases, échelonnées sur 18 mois, et compte 80 heures de vol. « La théorie est vite acquise. On leur donne la documentation dès le départ. Le cours, c'est là-haut que ça se passe », note le CNE Chavanne.

En phase de synthèse, le pilote en formation se prépare à un exercice de secours en montagne.

© M.I. DICOM - BRC A. Lejeune

Lors des deux premières phases, l'objectif est de permettre aux pilotes de s'approprier le milieu et de parfaire leur pilotage. Ils doivent en effet être en mesure de « s'en dégager » afin d'observer et d'analyser l'environnement extérieur tout en tenant d'excellents paramètres de vol. Les stagiaires apprennent également la Méthodologie de raisonnement d'approche et de décollage (MRAD) en montagne. « C'est véritablement notre outil pour aborder la montagne en toute sécurité : savoir comment et où se poser, mais aussi comment redécoller. On leur apprend à trouver des alternatives, comme trouver un autre lieu de dépose », poursuit le CNE Guichard, qui prête main-forte aux moniteurs du CVM. La troisième étape est davantage axée sur l'opérationnel avec notamment le treuillage.

Enfin, le quatrième et dernier niveau, qui intervient après la qualification de type sur E.C. 145 à Cazaux, s'organise autour d'exercices de synthèse, le plus souvent avec le PGHM. « Ça va du secours simple à une multiplicité de victimes, avec ou sans médicalisation. Des exercices au plus proche de la réalité pour appréhender un panel de missions le plus large possible. D'ailleurs, lors du précédent stage, nous avons renforcé les Dag sur une avalanche qui a fait sept victimes, souligne le CNE Chavanne. ­­Quand il part du Centre, on sait que le pilote sera à même d’analyser le danger. Mais la qualification, c'est juste le début de l'apprentissage. Il leur faudra encore des années de travail pour être à l'aise en montagne. Il n'y a pas de profil type de mission. On s'adapte à chaque fois ! »

Au CVM, le cours se passe dans les airs. Pendant la rotation, les échanges entre le stagiaire et son moniteur sont permanents.

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