Un recyclage sur mesure pour les APJ

  • Par le capitaine Éric Costa
  • Publié le 03 février 2020
© MAJ F. Balsamo

Le centre national de formation à la sécurité publique, à Dijon, accueille les gendarmes affectés en brigade territoriale et détenant la qualification d’agent de police judiciaire, au cours d’un stage destiné à les recycler sur les fondamentaux du métier et à confirmer leur connaissance des nouveaux outils connectés ou numériques.

Le stage de recyclage des gendarmes qualifiés Agent de police judiciaire (APJ), mis en place au Centre national de formation à la sécurité publique (CNFSP), n’est pas une formation axée sur le judiciaire ou le procédural, mais plus particulièrement sur le volet opérationnel du gendarme qui intervient au quotidien sur le terrain.

Une formation sans rendez-vous

La formation continue est généralement proposée aux personnels atteignant un rendez-vous de cursus durant leur carrière, à l’instar d’une qualification d’officier de police judiciaire, ou encore à l’occasion de l’avancement dans le grade. Jusqu’en 2017, un gendarme départemental souhaitant rester APJ pouvait ne plus passer entre les mains d’un formateur jusqu’à atteindre l’âge de la retraite. Rien ne garantissait alors sa maîtrise des nouveaux modes d’action opérationnels de la gendarmerie.

« Ce stage de recyclage APJ, venant en complément de la formation continue dispensée au sein des compagnies et groupements de gendarmerie départementale, est destiné aux gendarmes de moins de 53 ans qui n’ont suivi aucune formation depuis au moins 5 ans. Il est exclusivement destiné aux personnels de brigades territoriales et exclut donc les militaires des Pelotons de surveillance et d’intervention (PSIG) et des Escadrons départementaux de sécurité routière (EDSR), qui sont régulièrement recyclés dans le cadre de leur spécialité ou spécificité d’emploi, explique le capitaine Martial Drouot, chef de la section formation continue d’expertise au CNFSP. Les quatre premiers stages ne rassemblaient que des volontaires. Les retours des stagiaires et de leurs unités ayant été très positifs, cette formation s’est alors développée. De cinq stages en 2017, nous sommes passés à 19 en 2019. »

Un programme adapté

Un groupe de travail composé de gendarmes départementaux et de gradés a été mis en place afin de déterminer les matières nécessaires et bénéfiques à un recyclage sur le plan opérationnel.

« Nous voulions un stage le plus concret possible, afin que les APJ établissent rapidement un vrai lien avec le terrain. L’essentiel du travail devait donc se faire au travers de mises en situation. Chaque stage rassemble 60 militaires, de tous âges et de régions diverses. Grâce à une répartition en six groupes de dix, tous les apprenants participent aux différents ateliers et peuvent échanger leurs expériences, poursuit le capitaine. D’autres matières, plus théoriques, comme l’éthique, la déontologie ou la concertation, intéressent beaucoup les stagiaires, car elles soulèvent certaines questions qu’ils n’osent peut-être pas poser dans leur unité, et nous sommes là pour tenter de leur apporter des réponses ou, au moins, pour les accompagner dans leur réflexion. »

Ancrer les fondamentaux

Les APJ débutent les premières Mises en situation (MES) par un atelier basé sur la réflexion préalable à toute intervention. Le but est de bannir toute sensation de routine qui peut parfois mener à un drame. La sécurisation du déplacement et la gestion d’une agression en cours sont également abordées avec, en particulier, le cas des violences intrafamiliales.

Ces rappels d’actes réflexes ou de cadres d’ordre peuvent permettre de mener à bien une mission en la conduisant dans des conditions optimales de sécurité, pour les gendarmes comme pour les requérants. Il s’agit de déterminer le rôle de chacun pendant l’intervention.

L’usage des armes

Afin de sensibiliser les gendarmes sur les conséquences juridiques que peut générer un usage des armes en service, des Moniteurs d’intervention professionnelle (MIP) font un rappel sur le cadre légal, puis débattent avec les stagiaires sur des cas concrets bien précis. En complément, un exercice immersif sur simulateur vidéo place le militaire en situation de prendre une décision de tir, ou non, dans le temps réel d’une intervention.

Dans ce même module, quelques techniques de riposte face à une attaque au couteau sont mises en pratique. Bien que n’étant que des propositions, elles ont le mérite de montrer des réactions qui pourraient sauver des vies.

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De plus, un exercice sur le thème des tueries de masse planifiées est présenté. Conformément au schéma national d’intervention, le premier intervenant, bien souvent le brigadier, peut être amené à neutraliser l’adversaire sans pouvoir attendre l’arrivée d’équipes d’intervention spécialisée. Un parcours de tir sur cibles mobiles et des exercices de progression en milieu nocturne viennent compléter ce module technique. Un négociateur de crise intervient également pour mettre en évidence les points les plus sensibles à évoquer lors de la gestion d’une situation particulièrement délicate, préalablement à l’arrivée du « négo région ».

Des techniques utiles au quotidien

Certains anciens ne bénéficient pas de la qualification de Technicien en identification criminelle de proximité (TICP), contrairement aux gendarmes sortant actuellement d’école. Le recyclage fait donc un focus sur la police technique et scientifique. Cela permet la mise en pratique de la recherche et du relevé d’empreintes digitales sur une scène de cambriolage.

Dans le cadre de la sécurité routière, un accident mettant en cause un véhicule qui transporte des produits dangereux est simulé. L’objectif principal est d’éviter le suraccident.

Toujours dans le même volet, un cours de secourisme est dispensé. « Il ne s’agit pas de qualifier les stagiaires au Premier secours en équipe niveau 1 (PSE1), mais tout simplement de revisiter les bases du secourisme pour sauver la vie d’un camarade ou d’une autre victime : panser une plaie, poser un garrot, etc. », précise le capitaine Drouot.

La PSQ

Dans le cadre de la police de sécurité du quotidien, un module propose des clés pour mieux gérer les contacts, physiques ou virtuels, et être un bon capteur de renseignement sur le terrain. Un exercice, orienté sur le savoir-être et le savoir-faire, aide à la conduite d’un entretien, en veillant à adapter le comportement et le dialogue vis-à-vis de l’interlocuteur. Une information sur la radicalisation est également intégrée, ciblant la récolte et la remontée du renseignement.

Maîtriser les outils métier

La gendarmerie étant très active dans l’intégration des nouvelles technologies, il était important de ne pas les occulter. Des ateliers « transformation numérique » optimisent la maîtrise des progiciels comme LRPGN ou encore Néogend et ses dernières applications, lesquelles facilitent le travail en mobilité des gendarmes de terrain. Un cours est par ailleurs consacré à l’enseignement à distance via Gendform et au rôle de tuteur vis-à-vis des Agents de police judiciaire adjoints (APJA).

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Travailler dans le bien-être

Afin de rendre meilleures les conditions d’exécution du service au quotidien, une présentation des Techniques d’optimisation du potentiel (TOP) est faite aux APJ. Les gendarmes sont sensibilisés à la gestion du stress et à la récupération du sommeil, deux points très importants eu égard au rythme d’emploi souvent soutenu en unité territoriale. Toujours dans un objectif d’optimisation, un cours est également dispensé afin d’améliorer l’efficience du gendarme, notamment dans l’organisation de son travail.

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