JOP 2024 : la manœuvre du siècle

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 30 avril 2025
Contrôle des tribunes des JO par les gendarmes devant la Tour Eiffel
© GEND/SIRPA/BRI F. ARRIGHI

La mobilisation générale de toutes les composantes de la gendarmerie, en Île-de-France mais aussi en province et en outre-mer, a été déterminante pour la réussite de la sécurisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Manœuvre d’une ampleur et d’une durée inédites, la sécurisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024 a été anticipée et planifiée très en amont, d’abord au sein de la Direction des opérations et de l’emploi (DOE) de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN). Il s’agissait de répondre à des objectifs opérationnels à la fois en Île-de-France, en appui de la Préfecture de police (P.P.), mais aussi en différents lieux du territoire national, métropolitain et ultramarin.

En effet, ces Jeux ne se déroulaient pas uniquement en région parisienne, mais également sur des sites olympiques placés sous la pleine responsabilité de la gendarmerie, comme celui de Teahupo'o, en Polynésie française, pour les épreuves de surf, et celui de Châteauroux pour les compétitions de tir. La gendarmerie assurait également la sécurisation de lieux d’entraînement et d’hébergement à Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Nice, Saint-Étienne et Lille.

Un défi logistique

En Île-de-France, ce sont en moyenne 12 000 gendarmes, jusqu’à 18 000 au plus fort de la manœuvre, qui ont été engagés. Il s’agissait donc d’abord d’un défi logistique majeur. Pendant plus de deux ans, la Région de gendarmerie d’Île-de-France a réalisé un important travail afin de déterminer comment accueillir ces forces, par l’augmentation de ses capacités d’hébergement et en valorisant son patrimoine (écoles, centres de formation), puis en allant chercher, au-delà de l’offre hôtelière, onéreuse et limitée, d’autres capacités, par des conventions passées avec de grands lycées de la région parisienne, et par la structuration, avec l’économat des Armées, d’une offre modulaire destinée à accueillir près de 3 500 gendarmes, dans des chambres doubles, climatisées, avec le maximum de confort attendu pour durer.

Pour l’alimentation, des travaux ont été conduits dans les cercles mixtes, afin qu’ils puissent accueillir plus de monde. Les gendarmes disposaient aussi de cartes d’alimentation permettant de se restaurer dans des établissements du secteur privé, et 150 000 lunch box ont été distribuées, notamment pour les personnels employés sur les itinéraires des courses cyclistes ou dans des endroits isolés, ainsi que 365 000 en-cas box, afin de s’alimenter en dehors des repas, eu égard à la longueur des journées d’emploi.

Pour répondre à ce défi, une Base logistique avancée (BLA) a été implantée à Paris, ainsi que six points d’appui logistique, situés à Dugny, Beynes, Melun, Satory, Maisons-Alfort et Montparnasse. Les capacités de soutien de la Région de gendarmerie Île-de-France (RGIF) ont été renforcées par 800 personnels venus de toute la France métropolitaine.

Outre l’alimentation, cette BLA a regroupé toutes les spécialités du Corps de soutien technique et administratif de la gendarmerie nationale (CSTAGN) : réparation auto et moto, affaires immobilières, armuriers, pyrotechniciens…

Motard de la gendarmerie dans la file dédiée aux JeuxOlympiques sur l'autoroute
© GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE

Une organisation inédite

Pour le volet missionnel, s’agissant de la plaque francilienne, la gendarmerie était donc placée pour emploi auprès de la Préfecture de police (P.P.) de Paris, qui était le donneur d’ordres et a fixé les grands axes. Les missions attribuées à la gendarmerie étaient les suivantes : la protection des sites olympiques, avec la mise en place de périmètres d’interdiction autour de ces grands sites ; la sécurisation des transports collectifs ; la sécurisation des abords touristiques ; les escortes ; et les missions dites « de pic », à savoir les cérémonies d’ouverture et de clôture, les épreuves sur route et le marathon.

Commandant de la Région de gendarmerie Île-de-France, commandant de la gendarmerie pour la zone de défense et de sécurité de Paris, le général de corps d’armée Xavier Ducept a été désigné Commandant des forces de gendarmerie (COMFORGEND) pour les Jeux Olympiques et Paralympiques en Île-de-France.

Pour générer les forces nécessaires à cette manœuvre d’ampleur, il a été décidé de s’appuyer sur des Groupements tactiques de gendarmerie départementale (GTGD) en plus des Groupements tactiques de gendarmerie mobile (GTGM), afin de répondre à des missions qui dépassaient largement le cadre habituel de l’engagement de la G.M., et relevaient de la sécurité publique générale, c’est-à-dire les missions traditionnelles de la G.D. L’ensemble des capacités de la G.M., force extrêmement polyvalente, a donc été mis en œuvre, pendant que la G.D. était maintenue dans ses missions traditionnelles.

Ainsi, des Compagnies de marche (CdM), composées chacune de 72 militaires venus de tous les Groupements de gendarmerie départementale (GGD), sur la base du volontariat, sont venues renforcer les quinze CdM d’Île-de-France et la soixantaine d’Escadrons de gendarmerie mobile (EGM). Avec en outre la mobilisation de compagnies de marche de l’administration centrale, à l’occasion des pics lors des trois week-ends. Les premières CdM sont arrivées après le 14 juillet, et le dispositif est monté en puissance au fil des jours.

Dans les transports publics, la mission de sécurisation a commencé très en amont, dès le 15 juin. Les gendarmes ont préalablement suivi une formation spécifique pour pouvoir intervenir dans le métro, le RER et les grandes gares, en étant équipés avec des systèmes de radio spécifiques. Leur mission était complètement intégrée à la manœuvre de la P.P., avec un Groupement opérationnel de maintien de l'ordre (GOMO) Transports, des Groupements tactiques de gendarmerie (GTG) Transports et des EGM. Pendant les JOP, jusqu’à 30 forces ont mené 550 patrouilles, chaque jour, en renfort des 150 patrouilles de la P.P. La gendarmerie assurant ainsi 70 % de cette mission essentielle.
Plus de 650 motocyclistes, répartis au sein de neuf Escadrons de sécurité routière (EDSR), placés sous l'autorité d'un Groupement tactique de gendarmerie (GTG), ont pris part à la très importante mission « Escortes », pour conduire les autorités et les délégations entre les sites de compétition, mais aussi les détachements EGM ou CdM vers leurs zones d’emploi.

Pour répondre à une menace clairement identifiée, un important dispositif de Lutte anti-drone (LAD) a également été mis en place sous la responsabilité des Armées, complété par le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, et principalement par la gendarmerie qui, disposant d’opérateurs LAD en nombre, a sécurisé 28 des 32 sites olympiques, ainsi que les quatre cérémonies d’ouverture et de clôture.

Gendarme en écurisation des Jeux Olympiques sur les quais de Seine devant la Tour Eiffel
© GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE

Une mobilisation générale

La réussite indéniable de cette manœuvre de sécurisation, avant et pendant les Jeux Olympiques, puis Paralympiques, et lors des différentes cérémonies, a été rendue possible grâce à la mobilisation générale de toute la gendarmerie. Officiers et sous-officiers d’active et de réserve, gendarmes adjoints volontaires, élèves gendarmes, personnels civils…

La Garde républicaine a été pleinement sollicitée : pelotons d’intervention, tireurs d’élite, Section protection appui drone (SPAD)… Leurs motocyclistes ont été utilisés pour la reconnaissance des lieux, au profit des motocyclistes des EDSR connaissant moins Paris, puis pour les escortes les plus sensibles. Avec 200 chevaux par jour, le déploiement de la cavalerie a été le plus important sur le territoire national depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) a été engagé principalement pour la cérémonie d’ouverture, aux côtés du RAID et de la Brigade rapide d'intervention (BRI), dans un dispositif totalement inédit, puis pour les épreuves se déroulant dans les Yvelines (golf, équitation, pentathlon, cyclisme), celles de voile à Marseille, et autour des stades de Nantes, Bordeaux et Saint-Étienne.

L’ensemble des unités et des gendarmeries spécialisées ont également été impliquées : spécialistes EOR (Explosive Ordnance Reconnaissance) et NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique (NRBC), équipes cynophiles, Gendarmerie des transports aériens (GTA) et Gendarmerie maritime (GMAR), Commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace (COMCYBER MI) et Unité nationale cyber (UNC), Commandement pour l’environnement et la santé (CESAN), Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité et les crimes de haine (OCLCH), Forces aériennes de la gendarmerie nationale (FAGN), Commandement de la gendarmerie des voies navigables (CGVN), Sections opérationnelles de lutte contre les cybermenaces (SOLC)… Sans oublier les 1 750 renforts étrangers volontaires, venus de 44 pays, dont 26 pays européens, pour épauler les Forces de sécurité intérieure (FSI) françaises, conférant à cette manœuvre du siècle une dimension internationale.


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