Des compétences sportives particulières au service de l’opérationnel

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 02 mai 2025
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A gauche, le commandant du CNISAG. A droite, de dos, un instructeur du CNING
© GEND/SIRPA/BRC E. TAUPIN - GEND/CNING

Pour remplir ses missions dans les milieux montagnards et nautiques, la gendarmerie a besoin de militaires spécifiquement formés, auxquels elle impose des tests de sélection physiques de haut niveau. Présentation par les commandants des Centres nationaux d’instruction de ski et d’alpinisme (CNISAG) et d’instruction nautique (CNING) de la gendarmerie.

Colonel Alexis Peltier, commandant du Centre national d’instruction de ski et d’alpinisme de la gendarmerie (CNISAG)

Le commandant du CNISAG devant la rondache de l'unité.
© GEND/SIRPA/BRC E. TAUPIN

« Une trentaine de sous-officiers candidatent chaque année pour intégrer la spécialité montagne. Nous en retenons environ un peu moins d’un tiers. Ils sont généralement du grade de gendarme à maréchal des logis-chef, parfois adjudant, issus d’Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) ou de brigades de montagne. Ils ont été détectés en école de gendarmerie et suivent un parcours de montée en compétences, avec les quatre semaines de formation du Certificat élémentaire montagne (CEM), deux en hiver, puis deux en été, organisées par les Régions de gendarmerie, sous la tutelle pédagogique du CNISAG. Cela leur met le pied à l’étrier, mais ils ne sont pas encore autonomes et doivent encore être encadrés par des militaires qualifiés.

Ces gendarmes peuvent ensuite passer le Diplôme de qualification technique montagne (DQTM), donnant des prérogatives d’encadrement importantes. Ils constitueront alors l’ossature des Groupes montagne de la gendarmerie départementale et mobile (GMGD/GMGM). Cette qualification de perfectionnement s’obtient après onze semaines de stage au CNISAG, cinq en hiver et six en été, complétées par le stage Premier secours en équipe de niveau 2 (PSE2) de deux semaines. À ce stade, nous procédons déjà à une sélection, puisqu’en 2024, par exemple, nous avions 43 candidats pour 26 places.

Avec le DQTM, ils peuvent prétendre entrer dans la spécialité montagne. Il faut pour cela d’excellentes qualités physiques, techniques, mais pas uniquement. Ils effectuent un inventaire de personnalité, complété par un entretien avec un psychologue, pour nous assurer de la solidité psychique, de la résistance au stress et des facultés d’adaptation du candidat.
Les tests se déroulent d’abord en hiver, pour le ski - montée en ski de randonnée, descente à ski, recherche d’un avalanché avec Détecteur de victime d'avalanche (DVA) -, puis en été, pour les épreuves d’escalade d’un très haut niveau, une épreuve sur glace, un parcours en montagne sur deux jours, ponctué d’ateliers : escalade avec chaussures de montagne, désescalade, orientation… Ils sont ensuite évalués en montagne pendant cinq jours, en réalisant un certain nombre de courses avec des formateurs du CNISAG. Pour réussir ces tests, les candidats doivent faire preuve d’une endurance et d’une force morale peu communes.

En fonction des résultats et du nombre de places disponibles, sont désignés, dans l’ordre du mérite, ceux qui vont intégrer la formation du Brevet spécialiste montagne (BSM). Cette formation s’étale sur deux ans. Elle débute par un premier module de formation de trois semaines en septembre, permettant d’acquérir les fondamentaux des techniques de secours. Après la réussite à ce module, le jeune gendarme est alors affecté dans un Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) dans les mois qui suivent. Il poursuit son cursus en alternance par vingt semaines de stage (alpinisme, secours, canyon, polices administrative et judiciaire...), réparties sur deux ans et complétées par une formation continue au sein de sa nouvelle unité d’affectation. À l’issue de cette formation exigeante et dense, les jeunes secouristes se voient remettre le précieux BSM. »

Chef d’escadron David Veyrunes, commandant du Centre national d’instruction nautique de la gendarmerie (CNING)

De dos, un instructeur du CNING regarde des plongeurs revenir d'un phare en mer.
© CNING

« Le volet physique est bien sûr très important pour entrer dans la technicité plongeurs. Les sous-officiers de gendarmerie qui veulent devenir enquêteurs subaquatiques doivent avoir moins de 35 ans et satisfaire à une expertise médicale d’aptitude de catégorie 1, qui permet de plonger jusqu’à 35 mètres de profondeur, avec notamment des tests de souffle et de résistance des oreilles à la pression.

Les sélections se déroulent ensuite en deux phases, avec d’abord des pré-sélections au niveau zonal, une en février, l’autre en octobre, qui comprennent trois épreuves sportives. La première consiste en une nage chronométrée, avec palmes, masque et tuba, sur une distance de 1 000 mètres en milieu naturel. Un temps de 17 minutes permet d’obtenir la moyenne.

La deuxième est une épreuve d’apnée, non chronométrée, qui consiste en une descente verticale à six mètres de profondeur, suivie d’une nage de 15 mètres, d’une remontée, d’une deuxième descente après 12 secondes d’attente, puis d’une seconde nage de 15 mètres pour revenir au point de départ. C’est là qu’il y a le plus d’échecs.

La troisième est un parcours aquatique de sauvetage chronométré commençant par 200 mètres de nage entre deux bouées, 100 mètres aller et 100 mètres retour, sans palmes, ni masque, ni tuba, suivis du tractage sur 25 mètres d’un mannequin reposant au pied de la bouée de départ entre 5 et 6 mètres de fond. La moyenne s’obtient avec un temps de 4 minutes 30 secondes pour la nage et d’1 minute 30 secondes pour le tractage.

À l’issue, l’officier nautique zonal établit un classement. Les meilleurs, une quarantaine par an en moyenne, passent ensuite les tests nationaux au Centre national d’instruction nautique de la gendarmerie (CNING) d’Antibes, après avoir suivi un Enseignement à distance (EAD) sur lequel ils seront évalués. Ils passent les trois mêmes épreuves qu’au niveau zonal, mais depuis 2023, à la demande du Commandement des écoles de la gendarmerie nationale (CEGN), il a été décidé d’ajouter deux tests : une épreuve d’apnée à 10 mètres de profondeur et un baptême de plongée subaquatique d’une vingtaine de minutes, à 6 mètres de profondeur, durant lequel on leur demande d’enlever et de vider leur masque, ainsi que d’ôter leur détendeur. Et ce, afin de vérifier qu’il n’y a pas parmi les candidats de phobiques à la profondeur ou au milieu marin.

Car s’il n’est pas nécessaire d’être plongeur pour passer les sélections, nous avons constaté que ceux qui réussissaient les tests étaient avant tout de bons nageurs. Nous avons voulu les aguerrir davantage, afin de faire baisser le niveau d’attrition à l’École de plongée (ECOPLONG) de Saint-Mandrier, où les gendarmes poursuivent leur cursus en suivant la formation de Plongeur de bord (PLG), commune aux armées, à la gendarmerie et aux sapeurs-pompiers. Les échecs de gendarmes sur les tests physiques sont très rares, mais il y en a sur les épreuves techniques de plongée, en raison notamment de remontées trop rapides. Le taux d’attrition est passé de 38 à 31 % en 2024, ce qui est encourageant. »


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