Après le sport de haut niveau : la gendarmerie

  • Par la lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 17 avril 2025
Trois portrait de gendarmes, le premier en tenue de service courant, la deuxième en tenue du GIGN et le second en tenue de camouflage.
© MI-DICOM Élizabeth Delelis / GIGN / E.G Dijon

Ils ont derrière eux une carrière sportive de haut niveau les ayant propulsés pour certains jusqu’aux Jeux Olympiques, où ils ont marqué leur discipline. Nageur, coureuse de fond, tireur ou encore pentathlète, ils ont choisi, au terme de leur carrière sportive, de changer de cap et de rejoindre les rangs de la Gendarmerie. Rencontre avec ces militaires, anciens sportifs de haut niveau.

Samedi 22 décembre 2012, entouré de ses proches et de ses amis, Hugues Duboscq plonge une dernière fois dans la piscine du Havre où il s’est tant entraîné. Ce jour-là, le triple médaillé olympique met un terme à sa carrière de nageur, après avoir annoncé son souhait de rejoindre les plongeurs de la Gendarmerie nationale. Presque un an auparavant, Élodie, coureuse de demi-fond, voit ses rêves de qualification s’éloigner six mois avant les Jeux Olympiques (J.O.) de Londres, après une seconde blessure au talon. Quelques jours plus tard, elle annonce officiellement la fin de sa carrière de sportive de haut niveau. En 2023, alors qu’il se prépare pour les Jeux Olympiques de Paris, Christopher Patte, pentathlète, lui aussi Sportif de haut niveau de la défense – Gendarmerie (SHND-G), annonce prendre sa retraite sportive pour intégrer l’école de gendarmerie de Dijon en septembre 2024. Parmi les sportifs de haut niveau, cinq ont quitté cet univers fait d’entraînements et de compétitions, pour embrasser un autre type d’engagement : celui du monde militaire, et plus précisément celui de la Gendarmerie. Aujourd’hui, comme il y a dix ans, l’Institution continue d’attirer les athlètes sur le plan professionnel.

De nageur à plongeur

Il fait partie des nageurs les plus emblématiques de son époque. Lorsqu’il a mis un terme à sa carrière, Hugues Duboscq affichait un palmarès conséquent. Triple médaillé olympique, champion du Monde et champion d’Europe, le nageur, sous contrat avec la Gendarmerie depuis 2007, quitte les bassins la tête haute. Mais si en 2012, il annonce changer de carrière, il ne compte en revanche pas changer d’élément. Après un passage de neuf mois à l’école de sous-officiers de Châteaulin, il intègre la gendarmerie maritime du Havre. À 32 ans, il se rapproche ainsi de son but : devenir plongeur. Pour atteindre cet objectif, l’ancien médaillé olympique va suivre plusieurs formations. À force de travail et de pugnacité, il devient plongeur au Peloton de sûreté maritime portuaire (PSMP) du Havre en 2014. « Notre mission consiste essentiellement à contrôler les navires de commerce qui accostent dans le port du Havre, que ce soit au niveau de la documentation, de la sûreté ou des fouilles. Nous effectuons également de nombreuses patrouilles afin de surveiller le port et d’empêcher toute menace potentielle en provenance de la mer. Nous essayons de plonger régulièrement, notamment pour effectuer des inspections ou des plongées judiciaires. L’éventail est assez large. J’ai la chance d’être souvent en extérieur, dans l’eau, et de faire un métier où parfois je n’ai pas l’impression de travailler », expliquait Hugues Duboscq, en juillet 2024, dans une interview donnée à Ouest-France. Dans sa nouvelle vie, le sportif de haut niveau retrouve le plaisir de l’anonymat, de la simplicité, mais aussi la robustesse d’un métier où, quelle que soit la saison ou l’heure, il peut être amené à plonger dans une eau glaciale, bien loin de celle des grands bassins olympiques. Un changement qui, après plus de dix ans de carrière, lui plaît toujours autant.

Se reconvertir… dans la reconversion

À 39 ans, Élodie est sereine, mais le chemin parcouru est pourtant loin d’avoir été facile. Ancienne athlète de haut niveau ayant commencé le sport très jeune, elle remporte vite des championnats et se fait une place dans le monde très fermé des sportifs de haut niveau. En 2008, elle intègre les SHND-G via sa fédération, après avoir déposé un dossier. Cette première approche de la Gendarmerie lui ouvre également les portes des championnats militaires. Après un premier coup dur à Pékin, en 2008, en demi-finale des J.O., Élodie se blesse de nouveau six mois avant les Jeux de Londres. Cette fois, le corps meurtri et l’esprit fatigué, elle met fin à sa carrière de sportive. Se pose alors la question de sa reconversion. Journaliste de formation, elle opte finalement pour la gendarmerie. « Le journalisme, c’est bien, mais je travaillais un peu partout, ce n’était pas très cadré. Et quand on arrête une carrière de sportif de haut niveau, c’est un peu compliqué. Il faut savoir que le sportif de haut niveau est très entouré : derrière lui, il y a un agent, un entraîneur, un kiné, un manager, il y a toute une structure. Et le jour où on arrête, il n’y a plus rien, plus personne. Je pense donc que ça me rassurait de me dire que j’allais tenter le concours, que j’allais entrer dans une école, dans une structure. C’était une transition qui me correspondait à ce moment-là. » Bien consciente des contraintes du métier, elle décide alors de passer le concours pour devenir sous-officier du Corps technique et administratif de la gendarmerie nationale (CSTAGN).

Alors qu’elle est encore à l’école à Rochefort, elle voit passer un appel à volontaires pour le mythique Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et décide de répondre. « Quand j’ai vu l’appel à volontaires, je me suis dit : pourquoi pas ? Je trouvais que c’était une unité qui avait le même esprit que j’avais connu auparavant dans le milieu du haut niveau, donc je me suis dit que j’allais peut-être y retrouver les valeurs que j’ai moi-même côtoyées pendant des années. Et puis, quand on m’a dit qu’il fallait passer des tests et sauter en parachute, j’ai trouvé ça vraiment cool, ça me permettait de retrouver un peu d’adrénaline. » Au sein de la cellule des ressources humaines, puis de celle de la reconversion, le maréchal des logis Élodie va ainsi poser les bases de sa nouvelle vie. Ayant elle-même traversé l’épreuve de la reconversion, elle peut accompagner au mieux ses camarades dans cette étape. « Je peux comprendre ce qu’ils vivent, parce que je sais ce que c’est qu’un métier passion. Ils passent 15 à 20 ans au G.I., ils n’ont même pas l’impression de travailler, et puis un jour, tout s’arrête, c’est fini, au revoir. Ça peut être très violent, mais je leur explique qu’ils sont acteurs de leur reconversion et que décider de changer de vie, c’est aussi décider de la pimenter. » En pleine préparation d’une formation pour devenir conseillère en transition professionnelle, Élodie a désormais une vie équilibrée. « Je leur dis aussi souvent : “Vous verrez, la suite est chouette”. »

De l’INSEP aux bancs de l’école

Ce changement de vie, cette transition, c’est justement ce que vit actuellement l’élève-gendarme Christopher Patte. À 32 ans, ce pentathlète moderne a troqué le survêtement de l’INSEP contre le treillis de la Gendarmerie. En septembre 2024, il a intégré l’école de gendarmerie de Dijon, avec pour objectif de devenir à son tour militaire de la Gendarmerie. Un choix mûrement réfléchi depuis plusieurs années. Pour l’accompagner dans cette reconversion, il a pu compter sur l’Institution. Travaillant main dans la main, la cellule reconversion et le bureau de la santé et de la sécurité au travail ont géré ce processus. « Les sportifs de haut niveau, tout comme n’importe quel gendarme, peuvent bénéficier d’un accompagnement pour leur reconversion s’ils en font la demande. Lorsque nous les recevons, nous leur parlons bien sûr de la gendarmerie et des différents métiers qu’ils peuvent y exercer. S’ils choisissent la gendarmerie, nous les orientons vers les services compétents. S’ils optent pour une autre voie, nous les aidons à trouver des formations, à élaborer un projet de carrière, à mettre à jour leur CV, etc. », explique Maryline Robin, adjointe au service de la reconversion. Cet outil précieux proposé par la Gendarmerie leur permet aussi de faire le point sur leur carrière en se posant les bonnes questions. Un accompagnement bienvenu pour ces militaires, qui pourrait un jour concerner l’un des 25 autres sportifs de haut niveau que la Gendarmerie soutient.


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