CNEFG : l’exportation d’un savoir-faire français

  • Par capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 29 décembre 2021
© GND F. Garcia

Reconnu Centre d’excellence européen pour l’ordre public, le CNEFG est devenu, au fil du temps, une référence. Tout au long de l’année, la « maison mère » de la gendarmerie mobile accueille de nombreuses personnes extérieures à l’Institution, afin de les acclimater et même de les former aux techniques du maintien de l’ordre à la française.

Vitrine du savoir-faire français en matière d’ordre public, le CNEFG est un incontournable dans le domaine. Des techniques de maintien de l’ordre aux matériels utilisés, il n’y a nul autre lieu pour se familiariser avec l’expertise française. De ce fait, le Centre et les formations qu’il propose sont enviés à l’extérieur de l’Institution, si bien que nationaux comme internationaux s’y rendent tout au long de l’année.

Afin de valoriser et de développer son ouverture sur le monde extérieur, le CNEFG s’est doté, en 2010, d’un Département des formations internationales et des partenariats (DFIP), à côté des fameux départements « Rétablissement de l’ordre » et « Intervention professionnelle », deux disciplines ayant fait la renommée de ce Centre de formation. Composé d’officiers et de sous-officiers de divers horizons, le DFIP est chargé d’entretenir et d’approfondir les relations avec les différents partenaires institutionnels français et les forces de sécurité étrangères et ainsi permettre le rayonnement du modèle de maintien de l’ordre à la française.

L’accueil de formations internationales

Avec son « village M.O. » reproduisant la configuration d’une ville, le CNEFG offre la possibilité de s’entraîner dans des conditions proches de la réalité. Pour cette raison, les forces de sécurité étrangères sont nombreuses à venir bénéficier de l’expertise des instructeurs français dans ce cadre si particulier.

En 2019, 331 stagiaires étrangers de 35 nationalités différentes ont été accueillis en Dordogne. Certains ont l’opportunité d’être intégrés dans les stages de Perfectionnement et d’évaluation de la capacité opérationnelle (PECO) et peuvent ainsi observer les manœuvres menées par les commandants de Groupement tactique de gendarmerie (GTG) et ceux des Escadrons de gendarmerie mobile (EGM). Le Centre forme également des officiers et des sous-officiers des forces de sécurité étrangères à l’intervention professionnelle. De la maîtrise sans arme de l’adversaire à l’intervention lors d’une tuerie de masse, en passant par le secourisme opérationnel et le tir, une vingtaine d’étrangers a pu suivre, en juin 2019, la formation d’Aide moniteur en intervention professionnelle nouvelle génération (AMIP-NG), durant trois semaines.

Outre la réception individuelle de militaires ou de policiers étrangers, le CNEFG accueille également des forces en unités constituées. La Garde nationale d’Arabie saoudite (GNAS) a notamment pu suivre, à trois reprises, une formation en intervention professionnelle de quatre semaines, entièrement mise sur pied et encadrée par les instructeurs du Centre. La réputation du Centre traverse également l’Atlantique, puisque, chaque année, le corps des US Marines vient s’entraîner avec les forces françaises lors d’un exercice d’ampleur. Dénommé « Buffalo », celui-ci a pour objectif de développer l’interopérabilité entre les forces américaines et celles de la gendarmerie, dans le cadre de la gestion de crises internationales.

L’acculturation des forces étrangères aux méthodes françaises de rétablissement de l’ordre et d’intervention professionnelle est donc fréquente. Elle est en outre complétée par l’organisation d’exercices européens tels que celui de l’EUPST (European Union Police Services Training) en juin 2017, auquel avaient participé, durant deux semaines, 230 membres des forces de sécurité intérieure de 18 nationalités différentes. En 2019, deux stages HEAT (Hostile Environment Awareness Training) avaient également été mis sur pied au profit des membres de forces de gendarmerie et de police européennes projetées sur des théâtres d’Opérations extérieures (OPEX), notamment dans la bande sahélienne.

© CRAI/CNEFG

À l’extérieur des frontières

Le rayonnement du CNEFG repose aussi sur sa capacité à projeter ses experts à l’étranger, essentiellement sur le continent africain. En 2019, 36 experts ont été détachés dans 14 pays. Ils ont ainsi participé à la réalisation de 21 missions de formation ou d’audit, commandées par la direction de la coopération de sécurité et de la défense du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères auprès du commandement des écoles de la gendarmerie nationale.

Afin d’accroître son rayonnement, le Centre est également jumelé avec plusieurs centres de formation européens, tels que l’Académie de police de Savatan, en Suisse, le Centre de perfectionnement et d’instruction ordre public de la gendarmerie roumaine, situé à Ochiuri, ainsi que l’Unité d’action rurale de la Guardia civil espagnole, à Logroño. « Pour être un centre expert leader, il est nécessaire de faire des échanges bilatéraux. L’échange avec les autres pays est un enrichissement. Il nous permet d’évoluer et de nous adapter continuellement. C’est aussi la force du Centre ! », confie le général Éric Lamiral, commandant le Centre.

Une renommée internationale

De manière générale, l’export de la doctrine de maintien et de rétablissement de l’ordre permet ensuite son intégration dans celles des forces de sécurité étrangères, faisant ainsi rayonner le maintien de l’ordre à la française sur l’ensemble du globe. Ancien attaché de sécurité intérieure en Argentine, le général Éric Lamiral en mesure pleinement l’importance : « Le CNEFG représente une vitrine à l’international. Nous avons une vraie influence. En Argentine, par exemple, tous les officiers ont entendu parler du CNEFG. Ils s’intéressent à notre doctrine de maintien de l’ordre et nous avaient sollicités lors de l’organisation du G20 à Buenos Aires, en 2018. »

© MI DICOM - E. Delelis

Des partenariats institutionnels

L’exportation du « produit CNEFG » se fait également au sein même des frontières nationales. « On vient confronter nos savoir-faire avec ceux des autres acteurs de la gestion de crise », indique le général Lamiral.

Après les événements de Sivens, en 2014, des stages de présentation des techniques de maintien de l’ordre ont notamment été mis en place au CNEFG, à destination des préfets. Au programme : la présentation des Armes de force intermédiaire (AFI), du Dispositif de retenue autonome du public (DRAP) et des engins blindés, des précisions sur le cadre d’action lors d’une mission de maintien de l’ordre avec, pour conclure, l’observation d’un exercice grandeur nature.

Des magistrats, des membres de l’Éducation nationale, des journalistes de l’AFP, des étudiants en MBA ou en master spécialisé dans le domaine de la sécurité, ou encore des personnels de la SUGE et de l’administration pénitentiaire, sont également régulièrement accueillis au Centre pour bénéficier de démonstrations et d’une acculturation.

« C’est très important de faire ainsi littéralement « toucher du doigt » à nos visiteurs nos modes d’action. Le préfet est l’autorité habilitée à autoriser l’emploi de la force, les magistrats sont amenés à statuer sur les usages des armes par les gendarmes, les journalistes sont présents lors des manifestations et relaient les actions de maintien de l’ordre… Ces présentations au sein du Centre sont donc l’occasion de s’enrichir mutuellement », conclut le chef de corps.

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