Niger : la coopération bilatérale du Service de sécurité intérieure

  • Par le chef d'escadron Sophie Bernard
  • Publié le 18 septembre 2023
Le lieutenant colonel Ganche échange avec le colonel de la Garde nationale nigérienne.
Le lieutenant colonel Ganche échange avec le colonel de la Garde nationale nigérienne.
© T.DOUBLET / SIRPAG

Dans l’écosystème de coopération internationale à Niamey, au Niger, se trouvaient, jusqu’en juillet 2023, huit coopérants (policiers, gendarmes, pompier et douanier), rattachés à l’Attaché de sécurité intérieure (ASI) français, et s’appuyant sur le budget de la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD). Parmi eux, deux officiers de gendarmerie étaient placés comme conseillers auprès des directeurs généraux de la gendarmerie nigérienne et de la garde nationale, et ce jusqu’à la suspension des activités de la mission Eucap Sahel Niger décidée après le coup d’État.

À noter :

Depuis ce reportage, réalisé au Niger en février 2023, un coup d’État, survenu le 26 juillet, a renversé le président Mohamed Bazoum, exacerbant les tensions et les sentiments anti-Français. Faisant suite à la condamnation du putsch par les autorités françaises, comprenant la suspension par la France de ses aides financières au développement et de son appui budgétaire au pays, des milliers de manifestants se sont massés devant l’ambassade de France, à Niamey, le 30 juillet, pour soutenir la junte au pouvoir, saccageant une partie de l’emprise diplomatique. La France a débuté l’évacuation de ses ressortissants le 1er août 2023, sur la base du volontariat. Pour les gendarmes affectés à la sécurisation de l’ambassade, ce coup d’État a marqué la bascule d’un état d’alerte permanent à la défense active des emprises diplomatiques et des diplomates, ainsi qu’à l’appui à l’évacuation des ressortissants français.

« Créée en 1948, la garde nationale est le corps historique du Niger. Essentiellement déployés en zone rurale, les 15 000 gardes assurent avant tout des missions de sécurité publique. Pour faire face à la montée en puissance du terrorisme dans la zone des trois frontières, et de la criminalité organisée à la frontière du Nigeria, des escadrons polyvalents ont été mis en place avec notre soutien », expliquait, en février 2023, le lieutenant-colonel Philippe Ganche, alors officier de liaison auprès de la garde nationale nigérienne. Gendarme mobile, instructeur commando et d’intervention professionnelle, il avait déjà connu une première expérience de coopérant auprès de la gendarmerie béninoise en 2015. Et de préciser : « En tant que coopérants, nous apportons une expertise française, notamment le savoir-être et le savoir-faire de la gendarmerie nationale française. Intégré directement au sein de la garde nationale nigérienne, j’ai pris le temps de comprendre le dispositif, la culture, avant de faire des propositions. De par mon cursus, je me suis beaucoup impliqué sur la formation. J’ai aussi participé au développement de plusieurs projets, comme la sécurisation d’un centre pénitentiaire, l’achat de drones et la formation de télé-pilotes. Nous préparons également des candidats de la garde et de la gendarmerie au concours de l’École des officiers de la gendarmerie nationale, particulièrement réputée en Afrique, où la plupart des dirigeants des forces sont passés par Melun. » La coopération participe, en effet, au rayonnement des forces françaises, qui exportent leur savoir-faire, et permet également un enrichissement mutuel.

Le lieutenant colonel Maubert échange avec le commandant de la brigade fluviale nigérienne.
© T.DOUBLET / SIRPAG

C’est aussi en ce sens qu’a travaillé le lieutenant- colonel Philippe Maubert, officier de liaison auprès du Haut commandement de la gendarmerie nationale nigérienne (HCGN) jusqu’en juillet 2023 et la suspension de la mission. Ce dernier avait déjà eu l’occasion de servir en qualité de coopérant au Burkina Faso de 2010 à 2012 et de renforcer également le partenariat avec la gendarmerie française. « La coopération repose essentiellement sur l’authenticité, l’humain, la confiance mutuelle et réciproque. Elle nécessite surtout d’être à l’écoute des attentes du partenaire. Associé à la majorité des réunions du HCGN, mon rôle est de lui apporter des solutions disruptives, étayées par des fiches détaillées sur chaque projet. » Œuvrant jusqu’au cœur du désert sahélien, les gendarmes nigériens effectuent les mêmes missions que leurs homologues français et participent activement à la défense opérationnelle du territoire. Les projets de coopération touchent donc l’ensemble du spectre interventionnel. « Nous avons renforcé les capacités opérationnelles des brigades fluviales, afin d’améliorer le contrôle des flux et la sécurisation des voies navigables. » Traversant six pays africains, le fleuve Niger est en effet emprunté par de nombreux trafiquants (carburant, stupéfiants, armes, etc.). « La gendarmerie nigérienne s’est également dotée d’une légion de forces spéciales, comprenant une Unité spéciale d’intervention (USIGN). Actuellement, nous développons une cellule nationale drones, qui permettra de renseigner et d’appuyer les unités au sol. Cela suppose l’acquisition d’une flotte de drones et de systèmes de Brouilleurs anti-drone (BAD), ainsi que la formation de télé-pilotes par des gendarmes français », expliquait l’officier en février 2023. L’amélioration des capacités techniques de la cellule cybercriminalité est aussi un enjeu majeur pour le HCGN, afin de détecter en amont différents types de menaces en zone gendarmerie.

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