Maintien de la paix: la gendarmerie française, un contributeur reconnu
- Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
- Publié le 14 septembre 2023

Membre permanent du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, la France tient un rôle clé dans la préservation de la paix mondiale. Particulièrement active dans les négociations, elle contribue financièrement et projette régulièrement des forces, notamment des gendarmes, dans les opérations de maintien de la paix. Elle s’implique également dans la formation de l’encadrement des forces des pays partenaires dans la police de stabilisation, au sein du Center of excellence for stability police units.
La Représentation permanente (R.P.) de la France auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) est implantée au cœur de Manhattan, à quelques encablures du siège des Nations unies, au bord de l’East River. Partageant un gratte-ciel avec une douzaine d’autres R.P., elle est dimensionnée pour faire face aux obligations de la France au sein du Conseil de sécurité, avec 80 personnels, parmi lesquels une trentaine de diplomates, des juristes, des personnels du Trésor, des informaticiens, mais aussi des militaires regroupés au sein de la « Représentation militaire et de la Défense » (RMD). Commandée par un officier général qui a autorité sur cinq militaires, dont un officier supérieur de gendarmerie, la « RMD » couvre les enjeux relatifs aux « Affaires militaires et au maintien de la paix ». Au sein de la R.P. ONU, elle est le lien officiel entre les autorités françaises et le Secrétariat de l’ONU pour toutes les questions relatives à la participation de la France aux composantes militaires et de police (UNPOL) des Opérations de maintien de la paix (OMP). Elle doit aussi veiller aux intérêts français dans les différentes structures de représentation et de négociation du maintien de la paix.
Un gendarme à la Représentation permanente
Depuis l’été 2020, le colonel Frédéric Mollard est chargé de mission sécurité intérieure auprès du chef de la RMD et de l’ambassadeur Représentant permanent. À ce poste, créé il y a un peu plus de dix ans, pour mieux accompagner l’engagement national au sein des Opérations de maintien de la paix (OMP), l’officier apporte une approche « sécurité intérieure » : « Àladifférenced’uneambassadetraditionnelle,auseindelaR.P.ONU,noustravaillonstousàproduiredelasécurité.Nosdiplomates sont plutôt concentrés sur les enjeux politiques qui vont conduire à l’adoption des résolutions du conseil de sécurité. Je suis en mesuredeleurapporterunéclairageprofessionnels’agissantdesconditionsd’emploi des personnels et des unités UNPOL, ainsi quedeseffetsproduitssurleterrain.Cette approche permet, le cas échéant, d’adapter certainespartiesdesmandatsonusiens.»
Le travail du chargé de mission sécurité intérieure est triple. Tout d’abord, il représente les intérêts des autorités françaises auprès de l’administration onusienne et dans certaines négociations. Lors des visites de certaines autorités, il prépare au mieux l’échange avec l’ambassadeur R.P. « Ilmerevientdeluiexposer lespointsclés.C’estd’autantplusaiséque je conserve des liens avec le ministère de l’Intérieur, qui me permettent d’identifier rapidement les enjeux majeurs pourlaFrance.Cettemêmelogiquemeconduit à suivre les enjeux relevant des processus de « désarmement, démobilisation, réintégration »et de «réforme du secteur de lasécurité » danslespaysencrise,qui consistent globalement à appuyer la refondation des institutions sécuritaires. » L’officier relaie ensuite à l’administration française les évolutions majeures de la police de l’ONU et identifie les opportunités d’action à saisir, notamment les postes d’intérêt.
Enfin, il accompagne les démarches administratives et de sélection permettant la projection de personnels en mission ou au sein de structures de type état-major. Il doit donc pouvoir évaluer à tout moment, pour ses autorités d’emploi, les écarts entre la situation réelle rencontrée sur le terrain et la présentation des faits à New York. À cet effet, il doit maintenir un lien constant avec la « Division de la police des Nations unies » et les autres entités concourant à l’établissement de la doctrine en matière d’état de droit et des institutions chargées de la sécurité. Il peut aussi s’appuyer sur les échanges avec ses homologues, ainsi que sur l’expérience acquise par les gendarmes déployés en mission par le passé.
Un point d’entrée et de sortie pour les autorités françaises
Les échanges entre les autorités onusiennes et un État membre transitent toujours par la R.P. accréditée auprès de l’ONU, garantissant une cohérence et une traçabilité des contributions. Le chargé de mission sécurité intérieure assure ce rôle d’interface dans son domaine d’attribution.
S’agissant de la ligne politique, à l’instar de ses pairs, il reçoit des instructions validées par la Direction des Nations unies du ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères. Concernant l’approche opérationnelle, « leséchangessefontavecla Direction de la coopération internationalede sécurité, à la fois pour la gendarmerie et la police nationales. Pour la gendarmerie, je travaille avec le pôle des affaires européennes et internationales du cabinet du directeur général. Pour les aspects pratiquesdes sélections et des déploiements, je traite avec le Commandement de la gendarme- riepourlesmissionsextérieures(CGMEx). Naturellement, je suis l’activité des centresdeformationaumaintiendelapaix,dontle CoESPU (Center Of Excellence for Stability Police Units), qui forme des personnelsdésignésparleurpayspourservirdansl’encadrement d’unités de police constituées au sein des OMP. »
Le CoESPU, un centre d’excellence
Créé en 2005, ce centre de formation à la police de stabilisation est implanté à Vicenza (Italie), au côté du quartier général de la Force de gendarmerie européenne (FGE) et du Centre d’excellence de police de stabilisation de l’OTAN (NATO SPCoE). Les stagiaires s’y voient délivrer une instruction certifiée ONU sur la police de stabilisation. Plutôt destinée aux niveaux de conception ou de commandement, elle est dispensée via quatre pôles d’excellence : formation professionnelle ; approfondissement de la doctrine (maintien de l’ordre, criminalité organisée, gestion de crise…) ; interopérabilité des forces militaires et institutions civiles ; interaction entre l’ONU, l’OTAN, l’U.A. et l’U.E..
Au-delà de cette formation, un expert peut se rendre dans un pays demandeur pour l’aider à mettre en place ses propres modules de stability policing. Pour bénéficier de ce dispositif, un pays doit candidater et l’ONU doit donner son accord.
« Surles82personnelsducentre,seulementtroisnesontpasItaliens:deuxFrançaisetunAméricain. La gendarmerie française bénéficied’uneexpertisereconnueenmatièredemaintien de l’ordre, et une grande majoritédes missions de l’ONU sont francophones. Il adoncparunécessaireauxcarabiniersde faire appel à la France pour occuper certains postes », explique la colonelle Christine Bouffière, alors affectée au CGMEx.
Le colonel Fabrice Gaeng est Conseiller adjoint du directeur de la formation. Expert en maintien de l’ordre, il a rejoint son poste à l’été 2022, après avoir commandé le groupement de gendarmerie mobile II/6 de Hyères. De son côté, le chef d’escadron Quentin Cornet est en charge de la chaire Police de stabilisation depuis l’été 2021, après avoir servi à la Division de la police des Nations Unies à New York, au sein de laquelle il a pu participer « de l’intérieur » à l’évaluation des unités de police constituées. Il a ainsi une bonne connaissance de l’international et des besoins des stagiaires.
Influence française et rayonnement
La gendarmerie dispose d’une expertise reconnue en matière de maintien de la paix, qui lui permet de répondre avec efficience aux défis rencontrés, aux côtés des composantes militaires des OMP. Au sein du CoESPU, la présence de deux gendarmes permet à la France d’exercer son influence sur la scène internationale. Ils jouent en effet un rôle clé dans la conception de la doctrine et son assimilation par les pays venant s’y former. Ainsi, qu’ils soient affectés à la R.P. ONU ou au CoESPU, les gendarmes contribuent au rayonnement de la France, complétant l’engagement opérationnel des personnels déployés en mission.
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