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Plongée en eaux troubles avec l’adjudant-chef Aurélien

Auteur : le chef d'escadron Sophie Bernard - publié le
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© PICKTUREPROD

Au sein de la force intervention du « groupe », différentes spécialités permettent de répondre à l’exigence de pouvoir agir en tout temps et en tout lieu. Parmi celles-ci, Aurélien a choisi de rejoindre la dizaine de personnels formés à la discrète plongée en circuit fermé. Immergez-vous avec lui dans cet exercice hors du commun.

« Je ne connaissais pas grand-chose à la gendarmerie avant d’y entrer, ni à la plongée d’ailleurs, en dehors de quelques parties de chasse sous-marine avec mon père quand j’étais plus jeune », entame Aurélien, plein d’humilité. Lorsque le président d’une association de sport lui parle de l’Institution, il est attiré par son aspect militaire. C’est ainsi qu’il passe le concours de sous-officier de gendarmerie en 2001 et entre en école, au Mans, à l’âge de 21 ans. « Durant la formation, je découvre ce qu’est la gendarmerie mobile et mes camarades me parlent beaucoup du GIGN. Le champ de l'intervention me plaît bien ! », se souvient-il.

Passer les différents niveaux pour rejoindre l’élite

Aussi, dès sa sortie, il choisit d’être affecté à l’escadron 12/1 de Satory. Un premier pas vers l’unité d’élite située dans le même quartier militaire, à Versailles. Déterminé à entrer dans ses rangs, il tente les tests dès 2004. « Les épreuves physiques s’étaient bien passées, mais, avec le recul, j’étais encore trop immature à l’entretien. » Qu’à cela ne tienne ! Aurélien passe le diplôme d’arme, qui lui apporte l’aguerrissement militaire nécessaire pour se représenter en 2007, cette fois dans un tout autre état d’esprit. « Cela m’a beaucoup aidé pour la phase de pré-stage où, durant trois mois, nous travaillons dans la fatigue et des conditions psychologiques difficiles. » À l’issue, il commence sa formation initiale d’une durée de dix mois. Il obtient son brevet en 2009 et intègre la section III. « J’ai 29 ans et je viens d’être sélectionné ! Mais la priorité, c’est de continuer à se former, en évoluant encore durant au moins deux ans en section opérationnelle avant de se spécialiser. »

Approfondissant au départ le tir, il rejoint ensuite la cellule d’infiltration silencieuse, avant d’entamer sa formation de plongeur. La première partie ressemble au schéma classique imposé à tout plongeur en gendarmerie. Se déroulant « à l’air » (un circuit ouvert où l'air inhalé est aussitôt relâché vers l'extérieur), la formation est assurée par le Centre national d'instruction nautique de la gendarmerie (CNING), à Antibes. « Durant quatre semaines, nous apprenons à maîtriser le matériel et le milieu subaquatique. Puis, nous y retournons cinq semaines pour aborder davantage la technique. » Si Aurélien est à l'aise comme un poisson dans l'eau à Antibes, les choses sérieuses commencent lors de la formation de cinq semaines dispensée par l’école de plongée de la Marine nationale, à Saint-Mandrier.

© GIGN

Son oxygène à l'état pur : l'intervention en toute discrétion

Là, les instructeurs nageurs de combat entraînent les stagiaires du GIGN à travailler avec un appareil à circuit fermé, qui consiste à respirer de l'oxygène pur, recyclé après expiration. « C'est vraiment le cœur du métier : éviter l'échappement de toute bulle susceptible d'alerter l'adversaire. Mais c'est un appareil très difficile à maîtriser ! La formation est exigeante et laisse sept semaines pour acquérir technique et tactique. » Pour autant, il est retenu et finit de se former avec le commando Hubert (travail en équipe subaquatique, franchissement), avant d'être projeté pour ses premières missions sous l'eau. « Notre vocation est d’être employés sur des missions de contre-terrorisme maritime, pour des prises d'otages sur des navires par exemple. Nous pouvons également agir au profit d'unités de gendarmerie, comme les sections de recherches maritimes, afin d'acquérir du renseignement ou effectuer l'appui technique. » Autant d'opérations qui nécessitent une réelle organisation en amont. « Nous ne pourrons avoir un contact radio qu'une fois sortis de l'eau, à l'abri des regards. Il s'agit donc de se coordonner avec les équipes aérienne et nautique lors du briefing, en planifiant chaque action avec un minutage précis. »

Les plongeurs doivent également se préparer physiquement et mentalement pour cet exercice périlleux. « Nous plongeons avec tout l'équipement nécessaire : combinaison et appareil à circuit fermé, ceinturon, gilet pare-balles, casque balistique, moyens de transmission et de vision nocturne, fusil dans le dos, brassière de sécurité… Nous sommes extrêmement lourds ! » Limités à 7 mètres de profondeur avec l'oxygène pur et 4 heures de travail maximum, ils ne pourront contacter le reste de l'équipe qu'une fois parvenus sous la coque. « Cela reste un milieu complexe, par exemple lorsqu'on arrive de nuit sous de gros navires en pleine mer ! Nous avons tout un travail de mécanisation en répétant chaque geste, les temps et les rôles de chacun avant d'entrer dans l'eau. La PNL (NDLR : Programmation neurolinguistique) et la sophrologie peuvent également être de bons outils. » Alors entre deux missions, ces passionnés ne cessent de s’entraîner, en lien avec le commando Hubert, pour s'immerger dans l'action sans jamais être submergés !