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Les PHP, protecteurs de hautes personnalités

Auteur : Pablo Agnan - publié le
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© AGIGN Nantes

Pour répondre à des sollicitations de plus en plus nombreuses, la FSP (Force Sécurité Protection du GIGN) peut compter sur les PHP (Protection de Haute Personnalité). Depuis deux ans, le recrutement et le quotidien de ces gendarmes, désormais rattachés aux antennes GIGN, ont connu de nombreuses évolutions.

La multiplication des crises à travers le monde oblige la France à renforcer la sécurité de ses emprises diplomatiques sur les théâtres instables. Si la FSP, qui constitue le « tier one » des unités de protection rapprochée, est chargée des sites les plus sensibles, elle peut également s’appuyer sur les fameux PHP, sigle de « Protection de Haute Personnalité ».

Anciennement connus sous le nom de TEASS (Techniciens en escorte d’autorité et sécurisation de site), ces gendarmes sont principalement engagés « sur la protection des autorités diplomatiques françaises à l’étranger, mais également parfois en France, pour des hautes autorités », comme l’explique leur commandant, le lieutenant-colonel Olivier.

120 gendarmes de choc

Ce changement de nom s’est accompagné d’une modification organisationnelle et structurelle. Rattachés au GIGN central depuis 2020, la plupart des PHP sont dorénavant affectés aux antennes GIGN, alors qu’auparavant ils évoluaient au sein d’Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) ou à la garde républicaine. Pour l’officier, il y avait, à l’époque, « un décalage entre la vie des gendarmes en escadron et leur emploi à l’étranger. » Désormais, « ils sont dans une structure plus en lien avec leur cœur de métier. » Le lieutenant-colonel Olivier peut aujourd’hui compter sur 120 gendarmes, « tous affectés, à terme, en antenne GIGN. »

En moyenne, chaque PHP effectue une projection à l’étranger de 90 jours tous les trois mois. Entre-temps, ces gendarmes sont employés sur des missions en métropole, avec leur antenne de rattachement. « N’étant pas formés à l’Intervention spécialisée (I.S.), ils effectueront plutôt des missions d’appui, en fonction de leur spécialité », précise le lieutenant-colonel.

Sportifs, rustiques, curieux et intelligents

Mais cette évolution organisationnelle n’est pas la seule instillée par la réforme « GIGN 3.0 ». S’il fallait auparavant être titulaire du Diplôme d’arme (D.A.), aujourd’hui, la seule condition pour intégrer les PHP est d’être âgé de moins de 34 ans. « Et avoir une excellente condition physique et des facultés intellectuelles développées », renchérit l’officier.

Aussi, afin de répondre aux nombreuses sollicitations, le vivier de recrutement est à présent élargi. D’ores et déjà, « tout candidat, peu importe sa subdivision d’arme, peut se présenter », et plus seulement les gendarmes mobiles et les gardes républicains.

D’où l’on vient importe peu au lieutenant-colonel. Ce qu’il recherche, ce sont « des gens sportifs, rustiques, curieux et mettant en avant une belle faculté d’adaptation. » Ces qualités, lui et ses équipes les décèleront lors de tests de sélection d’une semaine, suivis par deux mois de formation.

« L’exercice de la protection est un métier difficile, car il faut faire face à une menace toujours plus complexe. »

Actuellement, une quarantaine de PHP sont déployés dans le monde, répartis dans quatorze emprises implantées dans treize pays différents, tous classés comme « territoire hostile », à l’instar du Venezuela et de Haïti, où les bandes criminelles pullulent. Le spectre d’emploi de ces gendarmes se situe donc un cran en dessous de celui de la FSP. « C’est le niveau de la menace qui détermine notre emploi », précise l’officier.

Ils peuvent néanmoins intervenir en appui du GIGN, sur des théâtres mixtes, comme l’Irak. Depuis la chute de l’organisation État islamique, fin 2017, certaines zones du territoire sont considérées comme plus sûres. C’est le cas de celle où se trouve l’ambassade de France à Bagdad. Ainsi, si la FSP s’occupe du consulat de Mossoul, les PHP restent dans la capitale. Dans ce cadre précis, les opérateurs effectuent des préparations opérationnelles communes.

Présenté ainsi, être un PHP peut faire rêver. Mais attention, « l’exercice de la protection est un métier difficile, car il faut faire face à une menace toujours plus complexe. Il faut être constamment en alerte et ne jamais tomber dans la routine », prévient le lieutenant-colonel Olivier.