Recherches opérationnelles de personnes disparues : moyens tous terrains sur terre

  • Par Angélina Gagneraud & l'aspirant Morgane Jardillier
  • Publié le 26 février 2018
Été comme hiver, de nombreuses personnes disparaissent au détour d’un col, déclenchant l’engagement de spécialistes des massifs : les militaires des PGM et des PGHM.
©  Mi Dicom – ADC F. Pellier

Selon la configuration des lieux et les besoins exprimés, des moyens spécialisés, des experts et des techniciens sont engagés pour participer aux recherches. Une évidente plus-value.

Recherches tous reliefs

Qu’ils soient alpinistes professionnels, skieurs chevronnés ou de simples randonneurs, les amateurs de montagne font face aux risques liés au milieu et aux changements météorologiques. Été comme hiver, de nombreuses personnes disparaissent au détour d’un col, déclenchant l’engagement de spécialistes des massifs : les militaires des Pelotons de gendarmerie de montagne (PGM) et de haute montagne (PGHM).

« Lorsque nous sommes avertis d’une disparition, le premier réflexe est d’appeler la personne. Si elle répond et qu’elle est perdue, nous pouvons la géolocaliser précisément, grâce à l’application Gendloc créée par un militaire du PGHM d’Isère. Si elle ne répond pas, nous commençons par collecter des renseignements afin de déterminer le secteur de recherche et de connaître le niveau d’équipement de la personne", explique le capitaine Jean-Marc Bougy, commandant le PGHM de Pierrefitte-Nestalas.

« Nous effectuons un survol en hélicoptère. À terre, une fois les itinéraires quadrillés, il faut analyser tous les paramètres : techniques, matériels, météorologiques.»

Le capitaine poursuit : « L’emploi de 4x4, de quads ou le déploiement de caravanes pédestres et d’équipes cynophiles sont envisagés. Les renforts convergent également pour participer aux recherches : compagnie républicaine de sécurité montagne, membres du Groupe montagne gendarmerie (GMG) et nos homologues des pays frontaliers au besoin. »

Les militaires procèdent par élimination en commençant par le point de départ d’une randonnée, les refuges et les cabanes connues. « Grâce à l’application Viewranger, je visualise toutes les zones empruntées à terre ou suivies en vol, afin de les transposer sur une carte. Ainsi, je vois précisément les secteurs vérifiés et ceux qu’il reste encore à faire. » En cas de doute, lors de la découverte d’un corps sans vie, les militaires, qualifiés officiers de police judiciaire, peuvent demander le gel des lieux.

« Si possible, nous faisons appel aux experts en criminalistique, membres du GMG, pour conforter nos constatations. » Il arrive que les victimes ne soient pas retrouvées, notamment à l’approche de l’hiver, si la neige vient à recouvrir les corps. « On ne peut pas soulever toute la montagne, mais nous ferons toujours notre maximum pour la victime et pour sa famille, que nous accompagnons tout au long des recherches et des investigations. »

Une recherche ne s’arrête jamais, elle reste dans la mémoire et les écrits de l’unité tant que la personne n’est pas retrouvée. Les souterrains, urbanisés ou naturels, ne sont pas en reste. Deux PGHM en France disposent de spéléologues capables d’évoluer en profondeur et de mettre en œuvre des techniques de police scientifique.

Les « experts » de l’ADN

« En fonction des faits délictueux ou criminels et de l’identité de la personne (mineur, personne vulnérable, personnalité sensible…), nous sommes engagés à la demande des Directeurs d’enquête (D.E.) et/ou des Directeurs opérationnels (D.O.) », explique l’adjudant Stéphane Tabaud, Technicien en identification criminelle (Tic) de la Cellule identification criminelle et numérique (CICN) d’Île-de-France.

Prélèvements d’indices par le technicien en identification criminelle.

© SirpaGend - BRC F. Garcia

Le méticuleux travail de relevé d’indices est fondamental pour la suite des investigations. « Plus le temps passe, plus il y aura une déperdition des preuves », précise l’adjudant Sylvain Quesnel, Tic. Formés à la vidéo et à la photographie, les Tic « figent » les lieux et les indices découverts avant de les prélever. « Cela évite que des personnes ou des éléments ne viennent polluer la scène, ne déplacent ou ne fassent disparaître les preuves », ajoute le sous-officier.

Ces éléments scientifiques vont alors aiguiller les enquêteurs sur le type de disparition (crime, fugue, enlèvement). Une des difficultés dans ce genre d’intervention réside dans le champ d’investigation. « La recherche de traces et indices s’effectue sur la scène d’infraction si elle est connue et également au domicile de la personne », éclaircit l’adjudant Tabaud. Les Tic ne sont pas les seuls à être mis en alerte en cas de disparition inquiétante.

« Dès lors que l’affaire revêt un caractère important ou que les opérations de criminalistique à mener sont complexes, un COCrim est saisi, soit par le D.E ., le D.O., le magistrat de permanence ou le juge d’instruction », explique l’adjudant-chef Stéphane Znaj, Coordinateur des Opérations de Criminalistique (COCrim) de la CICN Île-de-France. Le COCrim est le conseiller criminalistique en charge de la gestion globale de la scène d’infraction. Il est à la criminalistique ce que le D.E. est à l’enquête judiciaire.

À son arrivée sur les lieux, il évalue la scène, dirige les opérations de police technique et scientifique, coordonne l’action des divers intervenants et définit les protocoles d’intervention à mettre en place. « Notre rôle est de désigner les zones de travail pour les Tic, avec les missions à effectuer, énonce le COCrim. À l’issue, nous centralisons les prélèvements réalisés, en assurons leur gestion, priorisons les analyses et prenons attache avec les divers laboratoires. »

L’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) est un point d’entrée principal pour les analyses. Il offre la possibilité d’effectuer plusieurs examens dans chaque domaine de la criminalistique, notamment lors des affaires d’envergure. L’institut gère également l’organisation et l’emploi des experts, en assurant une gestion efficace des scellés. Les Tic et les COCrim peuvent également bénéficier de l’expertise de l’IRCGN (avis techniques, orientations d’enquête, conseils pour la réalisation d’actes techniques particuliers).

 

Un flair à toute épreuve

Pour réussir une enquête, il faut du nez. Lorsqu’il s’agit de retrouver des personnes disparues, les gendarmes peuvent compter sur des partenaires extrêmement précieux : leurs chiens. Grâce à leur flair ultra-performant, ils parviennent à détecter des traces olfactives et ainsi à se lancer sur la bonne piste. Il suffit de faire renifler au chien un objet ou vêtement ayant appartenu à la personne et celui-ci va intégrer ce qui est désormais son odeur de référence.

Le pouvoir de discrimination du Saint Hubert est tel qu'il peut pister en milieu urbain et est capable de travailler sur une odeur de référence, basé sur l’infiniment petit, tel qu’un mégot de cigarette.

© SirpaGend - MAJ F. Balsamo

Depuis 2009, la gendarmerie a recours aux chiens de race Saint-Hubert pour la recherche de personnes disparues, comme moyen d’exception. Contrairement aux bergers allemands et malinois, capables de travailler seulement quelques heures après le passage d’une personne, le Saint-Hubert, lui, est susceptible d’avoir des résultats jusqu’à 8 jours ! Son flair, supérieur à celui des autres races, combiné aux facultés intrinsèques de l’animal, permet de repousser les limites d’emploi d’un chien traditionnel (pistage en milieu urbain à partir d’un mégot de cigarette par exemple). Selon l’orientation de l’enquête, des chiens spécialisés dans la recherche de restes humains peuvent également être mobilisés.

 

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