G.M. : professionnalisme et résilience
- Par la capitaine Gaëlle Pupin
- Publié le 16 avril 2019
Qu’il s’agisse de maintien de l’ordre ou de renfort en matière de sécurité publique générale, la gendarmerie mobile est reconnue pour son professionnalisme et ses compétences. Dans un contexte social tendu, les presque 13 000 femmes et hommes qui la composent démontrent au quotidien leur engagement et leur savoir-faire en intervenant avec rigueur, dans des conditions parfois très dégradées.
Avec le maintien de l’ordre en cœur de métier, la gendarmerie mobile répond à de nombreuses sollicitations : sécurisation de voyages officiels, d’événements sportifs (matchs de football, courses automobiles...), de manifestations, etc. Mais parfois aussi à des missions un peu plus inhabituelles : « en début d’année 2018, à la suite de l’agression d’un surveillant pénitentiaire et du blocage qui s’en est suivi dans la maison d’arrêt, mon peloton est venu renforcer un autre escadron afin d’assurer la bonne marche de l’établissement », précise le gendarme Floris Nommay, de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 17/9 de Hirson. Les détenus ont rapidement dû adopter les méthodes de travail et la discipline imposée par leurs nouveaux “surveillants”. « Notre disponibilité et notre réactivité nous permettent d’être rapidement projetés et de nous adapter en fonction de notre environnement. »
Adaptabilité et réactivité
En métropole comme en outre-mer, les missions de sécurité publique générale amènent les gendarmes mobiles à devoir s’approprier très rapidement un nouveau territoire, chercher le renseignement auprès de la population et échanger avec les gendarmes locaux afin d’en comprendre tous les enjeux.
En maintien de l’ordre, les schémas tactiques ne seront pas les mêmes selon le territoire à reprendre ou à défendre. De même, l’adversaire évolue, tout comme ses modes d’action. Ainsi, en zone rurale, les évacuations des ZAD de Bure et de Notre-Dame-des-Landes illustrent à quel point la violence s’est banalisée lors de ce type de rassemblement. « Si l’opération de Notre-Dame-des-Landes présentait des similitudes avec de précédents engagements en milieu rural, il s’agissait d’un terrain d’action particulièrement vaste et nous disposions, au vu des compartiments de terrain à occuper, d’une empreinte au sol limitée. Mais ce qui fut le plus marquant, c’est la réponse de l’adversaire. » explique le major Yannick Savi, commandant de peloton au sein de l’EGM 17/9 de Hirson. De mémoire de mobile, une telle intensité n’avait pas été atteinte depuis les manifestations contre le CPE, en 2006. « Cette fois, nos adversaires étaient armés, casqués, bien organisés et entraînés. Utilisant des catapultes ou encore des bouteilles d’acide, ils étaient dotés de systèmes radio et avaient établi des protocoles d’attaque et de défense. » L’impression est unanime : la commission de violences est la finalité principale de certains individus présents.
Forte de précédentes expériences, la gendarmerie mobile a donc anticipé la manœuvre et mené une opération d’une ampleur inédite, tant en termes de personnels que de moyens engagés. « Le soin apporté à la logistique lors de cet engagement est à souligner. Le moindre casque, bouclier ou autre équipement inutilisable était immédiatement remplacé ». La gendarmerie mobile a également adapté ses modes d’action et procédé à des expérimentations. « Des équipes cynophiles ont été placées au cœur de notre dispositif. L’impact psychologique sur l’adversaire a été à la mesure de nos espérances. De même, trois enquêteurs de gendarmerie départementale, officiers de police judiciaire, ont intégré nos rangs afin de nous appuyer sur le volet judiciaire, précise le lieutenant Thomas Bettinger, commandant du peloton d’intervention de l’EGM 17/3 de Mayenne. Ils ont, par exemple, orienté la prise d’images par la cellule imagerie opérationnelle, afin de pouvoir matérialiser les infractions. »
Si l’action de l’unité engagée dépend du territoire, de l’adversaire, mais également des renseignements qui lui sont transmis en temps réel, la prise en compte de la situation sur le terrain nécessite une excellente réactivité et un grand professionnalisme des gendarmes.
Savoir-faire et professionnalisme
« Contrairement aux idées reçues, la mobilisation conséquente de moyens humains et matériels limite le recours à la force, précise le chef d’escadron (CEN) Philippe Règne, commandant l’EGM 28/2 de La Réole. C’est au contraire lorsque les forces de l’ordre sont en infériorité numérique que l’adversaire vient au contact et que le risque d’un recours excessif et inapproprié à la force est le plus important. D’où l’intérêt d’une formation adaptée. »
Rester calme, ne pas répondre aux agressions, savoir encaisser jusqu’à un certain niveau. « La formation délivrée à Saint-Astier répond à toutes les exigences d’un engagement de haute intensité comme celui rencontré depuis plusieurs semaines dans le cadre du mouvement des gilets jaunes. » D’un côté, savoir faire face, mais également intervenir dans des situations parfois dégradées avec rigueur et professionnalisme. De l’autre, être en mesure de se désengager si la pression devient trop importante. « Le maintien de l’ordre est devenu un métier de spécialistes. À nous d’apporter notre expertise et d’éclairer l’autorité civile en fonction des événements, afin que la sécurité de nos troupes soit toujours assurée. »
Un spectre opérationnel étendu
« Les missions dévolues à la gendarmerie mobile sont extrêmement diversifiées, explique le CEN Philippe Garin, commandant l’EGM 24/5 de Grenoble. Rien qu’au cours du premier semestre, les personnels de l’escadron ont exécuté des “métiers” complètement différents. » En effet, chaque hiver, l’EGM de Grenoble détache plus de 70 personnels au profit de brigades ou de postes provisoires dans les stations de sports d’hiver, dans le cadre du Dispositif hivernal de protection des populations (DHPP). « Ces derniers sont aguerris à l’ensemble des outils utilisés par leurs camarades de la gendarmerie départementale, puisqu’ils réalisent les mêmes services de sécurité publique générale, de renseignement ou de police judiciaire dans les mêmes conditions. » À peine cette mission terminée, ils sont aussitôt engagés à Notre-Dame-des-Landes. « Un engagement de haute intensité, sur un terrain très rural et face à des adversaires extrêmement déterminés. » Quelques semaines plus tard, l’escadron réalise une mission de plusieurs semaines au profit du Palais de justice de Paris. Cette fois, il s’agit d’assurer l’escorte des prévenus et la sécurité des audiences. À la fin de l’été, l’EGM s’est envolé à destination de Mayotte pour une mission de trois mois.
« Affectée par la pression migratoire massive en provenance des Comores et l’essor préoccupant de la délinquance, la situation de sécurité et d’ordre public à Mayotte nécessite un déploiement de forces de gendarmerie mobile en renfort, afin de faire face aux violences, notamment liées à l’espace scolaire, et aux tensions communautaires. Notre action est également significative dans le cadre de la lutte contre l’immigration irrégulière. »
Régulièrement engagés en renfort pour la protection de la population (DSI, DEPP, DHPP), les gendarmes mobiles interviennent ainsi au profit de la gendarmerie départementale, en métropole comme en outre-mer. Leur action dans le cadre de la sécurité publique générale est déterminante. « Lors des inondations dans l’Aude, la mission dévolue à l’escadron a pris une tout autre dimension, ajoute le CEN Règne. Les gendarmes mobiles étaient au contact de la population, mais cette fois-ci pour l’aider, la rassurer, surveiller les habitations et le stock de l’aide nationale contre les pillages. »
Résilience et disponibilité
Le rythme d’emploi de la G.M. s’est maintenu une année de plus à un très haut niveau et le contexte social actuel ne laisse pas augurer une baisse du rythme d’activité des escadrons. Depuis le 17 novembre, les EGM ont été extrêmement sollicités sur les mouvements des gilets jaunes, notamment plusieurs week-ends d’affilée. « Les gendarmes mobiles, disponibles par nature, sont revenus malgré les repos ou permissions, parfois à leurs propres frais. La cohésion et l’esprit de corps y est pour beaucoup », note l’adjudant David Villemiane, adjudant d’escadron au sein de l’EGM de La Réole. « Tous font preuve de résilience, malgré l’engagement soutenu et la modification constante de la programmation, ajoute le CEN Garin, de l’EGM de Grenoble. À nous de rester vigilants dans l’octroi des repos et de faire preuve de pédagogie. » Malgré la fatigue, les blessures, la médiatisation, les gendarmes doivent conserver leur calme et leur professionnalisme en toute circonstance. « Chacun de nos gestes est scruté, par les médias comme par nos adversaires. Mais nous restons sereins, ajoute le CEN Règne. Personne ne recule devant l’affrontement car nous avons confiance en nos schémas tactiques et en nos camarades. »
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