Sylvain Wajchert, gendarme et homme « à tout fer »
- Par Antoine Faure
- Publié le 24 janvier 2021

Quand sa journée de travail se termine, Sylvain enlève son uniforme d’adjudant et se saisit de son arc à souder, pour créer toutes sortes de personnages et de véhicules, à partir d’objets recyclés. Portrait de ce fan de métal, l’un des onze artistes, et des deux sculpteurs, ayant reçu l’agrément de peintre de la gendarmerie.
Un gros boulon, un petit extincteur, une boule de pétanque ou un ancien fer à repasser : tout ce qui tombe entre ses mains peut se transformer en sculpture. « Le plus souvent, c’est l’objet trouvé qui me donne une idée. »
Dans son bureau, à la brigade de gendarmerie de Witry-lès-Reims, où l’adjudant Sylvain Wajchert est affecté depuis 2008, sont exposées plusieurs de ses créations, comme la garde au drapeau, assemblage de tenailles, clous et écrous avec un vieux gaufrier en guise de socle, ou son imposant VBRG (Véhicule Blindé à Roues de la Gendarmerie), « en hommage à mes collègues mobiles qui ont protégé l’Arc de Triomphe en décembre 2018. » La lampe « Deudeuche » a, elle, été entièrement réalisée à partir d’éléments de 2CV.
Punaisées au mur, deux photos : Gustave Eiffel et Ferdinand Cheval, « mes principales inspirations. J’ai lu beaucoup d’ouvrages sur les constructions d’Eiffel et le « Palais idéal » du facteur Cheval. » Dans son jardin trône d’ailleurs une tour Eiffel de plus de deux mètres de haut, réalisée pour les 130 ans de la Dame de fer.
La gendarmerie et l’environnement en tête
Sa passion est sans doute née dans un atelier, celui de son père, mécanicien poids lourds de profession. « Et un vrai Géo Trouvetou, qui passait son temps à inventer et à transformer des machines, se souvient-il. J’ai grandi dans cette atmosphère, entre les vieux outils et l’odeur de la soudure. » En toute logique héréditaire, Sylvain suit des formations de carrossier et chaudronnier, et commence à travailler dans une entreprise de chaudronnerie.
Mais le jeune homme avait un autre projet en tête : la gendarmerie. Il décide de s’engager et, après l’école de sous-officiers de Montluçon, est affecté à la brigade de Bavay, dans le Nord, puis à Anglure, dans la Marne. « C’est là que j’ai commencé à réaliser de petites structures en métal, à partir de boulons, vis, clous… Au fil du temps, je me suis aguerri, notamment en soudure, et je me suis spécialisé sur le thème de la gendarmerie… J’y passe beaucoup de temps, mais c’est une forme d’exutoire, ça me permet de me vider l’esprit. »
En 2006, il suit le stage de Formateur relais écologie environnement (FREE) et prend réellement conscience de l’enjeu environnemental. « J’ai décidé de m’imposer la réalisation de sculptures uniquement à partir d’objets recyclés, récupérés sur le bord des routes ou dans les décharges sauvages », précise Sylvain.
Départs à la retraite, naissances, anniversaires, trophées pour des tournois de sport… Ses créations accompagnent de nombreux moments de convivialité au sein de la gendarmerie, dans la Marne, mais aussi dans l’Aube et dans le Nord. Il participe à deux reprises au concours artistique Gens d’art et Gendarmes et expose à l’Hôtel des Invalides, puis au Château de Vincennes.
« Raconter des métiers à travers mes créations »
Toujours aussi passionné par sa mission après 30 années, et sculpteur engagé, il semblait logique de retrouver le nom de Sylvain Wajchert dans la liste des onze artistes ayant reçu l’agrément de peintre de la gendarmerie, en septembre 2020, dans la catégorie Sculpture.
« C’est une grande fierté pour moi, sourit-il. Je voudrais désormais mettre l’accent sur différents corps de métier de la gendarmerie. J’ai déjà quelques idées : une cordée d’alpinistes, un maître de chien, un motard d’unité de sécurité routière… J’ai pour projet de les rencontrer, d’échanger avec eux, pour raconter leur histoire à travers mes créations. »
À la demande de la gendarmerie, Sylvain exposera également une œuvre au Mémorial Charles de Gaulle en avril prochain, si la situation sanitaire le permet. « Il s’agit d’une jeep semblable à celle qui le conduisait lors de son retour sur le sol français, en juin 1944. »
Il suffit de quitter la brigade et de parcourir quelques mètres pour se retrouver dans l’atelier de l’artiste, attenant à son logement. Épinglé au-dessus de l’établi, le dernier projet en date : « Je suis parti d’une vieille photographie cette fois, une Citroën C3 des années trente, détaille-t-il. Je me suis renseigné auprès du Musée Automobile Reims Champagne, et j’ai ainsi pu obtenir les plans. Je cherche maintenant les objets qui vont me permettre de la construire. »
Redonner une seconde existence à des objets abandonnés, pour ranimer une vieille voiture oubliée, tel est le plaisir de Sylvain, sculpteur et ambassadeur de la gendarmerie nationale.
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