Les rebonds de Cheikh Diop, basketteur et réserviste de la gendarmerie
- Par Antoine Faure
- Publié le 05 janvier 2024
Affecté à la Compagnie de réserve territoriale 95/2 de Pontoise, Cheikh Diop a décidé de raconter dans un livre cette expérience, qui lui a donné envie de passer le concours de sous-officier, avec l’espoir d’intégrer ensuite l’équipe de France militaire de basket, sport qu’il a pratiqué à haut niveau dans sa jeunesse.
En basket, le rebond est une action de jeu essentielle, qui consiste à récupérer le ballon après le tir d’un équipier ou d’un joueur adverse. Dans la vie aussi, l’art du rebond est primordial. « Parfois, on prend une route qu’on pense être la bonne, mais qui s’avère barrée, sourit Cheikh Diop. Il faut savoir rebrousser chemin pour en prendre un autre. »
Cheikh aurait pu devenir basketteur professionnel. C’était son chemin, son rêve. Il s’en est fallu d’un pouce, le sien, qu’il s’est déboîté lors d’un malheureux incident. Il avait commencé ce sport à 7 ans, faisait partie des meilleurs joueurs d’Île-de-France à 14 ans, et était près d’intégrer l’équipe première du club d’Orléans, qui fait partie de l’élite nationale. Son avenir paraissait tout tracé. « Après la blessure, mon taux de réussite au tir est passé de 90 % à 60 %, et mon espoir de devenir professionnel s’est envolé. »
J’aime ce rôle de transmission
Rebondir, donc… Pour évacuer sa frustration, Cheikh se tourne vers d’autres sports, la boxe et le ju-jitsu brésilien, un sport de combat qui emprunte au judo et au ju-jitsu traditionnel. Il décide aussi de se lancer dans l’écriture, et sort un premier ouvrage autobiographique, aux éditions Jets d’encre, intitulé Les 69 péripéties. « J’ai voulu y raconter mon parcours de sportif, avec ses hauts et ses bas, ses rires et ses pleurs. Comment je suis tombé et comment je me suis relevé. Ce témoignage m’a permis de faire de nombreuses interventions dans les écoles et des séances de dédicaces. J’ai pu ainsi échanger avec des jeunes. J’aime ce rôle de transmission. »
Cheikh a grandi à Gonesse, dans le Val-d’Oise, dernier né d’une fratrie de sept enfants, dans une cité où il habite toujours. Son grand frère Djiby est gendarme, actuellement affecté à la brigade de Reigner-Eséry, en Haute-Savoie, avec le grade d’adjudant, après une longue expérience au Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Pontoise. « C’est lui qui m’a donné envie d’être gendarme, confie Cheikh. En 2017, j’ai intégré la réserve pour mettre un pied en gendarmerie et pouvoir passer le concours interne de sous-officier. » Affecté à la Compagnie de réserve territoriale 95/2 de Pontoise, il enchaîne les missions, principalement dans le Val-d’Oise, mais aussi sur le littoral de la Manche, en renfort des unités locales, dans le cadre de la mission Poséidon.
En juin 2023, les émeutes urbaines agissent sur lui comme un déclic. « Voir tous ces jeunes opposés aux forces de l’ordre, ça m’a donné envie de témoigner, de raconter mon expérience de gendarme réserviste, avec ses multiples facettes, explique-t-il. Un jour, on peut sauver une vie, le lendemain, aider une personne vulnérable, le jour suivant, sécuriser un axe routier ou patrouiller dans les transports en commun. Je voulais faire passer un message aussi, sur le fait que, sans les forces de l’ordre, la vie serait impossible, que ce serait l’anarchie, et que le fait de détruire des infrastructures publiques, comme des mairies, des bibliothèques, ne fait que pénaliser les gens qui vivent là, nos mères, nos sœurs… Tous n’ont pas eu la chance, comme moi, d’avoir des grands frères et des grandes sœurs pour les guider, les cadrer, leur faire comprendre qu’il faut être irréprochable et ne pas ramener de problèmes à la maison. »
J’aimerais intégrer l’équipe de France militaire
Intitulé Dans son regard, ce second ouvrage vient de paraître. Cheikh y raconte avec des mots simples, accessibles aux plus jeunes, la vie de réserviste, la préparation militaire, la première mission, le planton, Poséidon… « J’espère faire de nombreuses interventions dans les écoles, pour changer le regard sur les gendarmes, et peut-être faire naître des vocations. »
Après avoir tenté une première fois, sans succès, le concours de sous-officier, Cheikh s’inscrira à nouveau au concours interne en 2024, parce qu’il n’est pas du genre à baisser les bras, et parce qu’il a aussi une idée en tête. « J’aimerais intégrer l’équipe de France militaire de basket. C’est ma dernière chance de pratiquer ce sport à haut niveau, et je veux la tenter. Et ce serait une manière de concilier ces deux éléments importants de ma vie, que sont le sport et la gendarmerie, qui m’apportent mon équilibre. »
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