« Le temps des foudres » : un roman historique faisant écho à la crise actuelle
- Par la capitaine Sophie Bernard
- Publié le 05 juin 2020
Le premier roman de Pascale Le Bellais s’inspire de faits réels s’étant déroulés à la fin du XVIIIe siècle. À cette époque, le Sud-Ouest est touché par une peste bovine qui décime des troupeaux entiers. Crise sanitaire et économique, mesures drastiques, méfaits en tout genre, un cocktail explosif qui rappelle étrangement l’actualité.
Quand Pascale Le Bellais a eu l’idée de ce livre, il y a près de vingt ans maintenant, elle était loin d’imaginer qu’il aurait autant de sens pour les lecteurs à sa sortie !
De la thèse d’Histoire au roman
Docteur en Histoire des sciences, l’auteur a soutenu sa thèse en 1999. À l’époque, elle est déjà passionnée par son sujet : l’épizootie (épidémie d’animaux) de 1772 et la création de la Société royale de médecine (SRM). Lors de sa soutenance, elle en parle avec tant d’engouement que le jury lui suggère d’en faire un livre. Mais Pascale Le Bellais n’est pas le genre de « rat de bibliothèque » que vous pourriez imaginer : « Je ne voulais pas écrire un livre trop technique, mais faire un roman vraiment accessible à tous !»
Après des années d’écriture, parallèlement à son métier dans l’administration de la recherche et sa vie de mère de famille, elle parvient à livrer un roman historique nourri de personnages hauts en couleur, d’intrigues et de faits réels méconnus.
Gérer la crise, l’Histoire se répète
À la veille de la Révolution française, des vaches hollandaises atteintes de peste bovine sont importées et débarquées à Bayonne. Très vite, le virus, particulièrement nocif et contagieux, se répand dans le Sud-Ouest et décime les troupeaux, tuant plus de 150 000 bestiaux. Certes, ce n’est pas le coronavirus, mais des similitudes troublantes apparaissent à la lecture ! À l’instar d’aujourd’hui, l’épidémie animale donne lieu à une crise sanitaire et économique : « Les bovins étaient souvent préférés aux chevaux, car moins coûteux et moins complexes à harnacher. Ils étaient utilisés pour les travaux agricoles, le transport de foin ou de marchandises, la tannerie, ou encore l’alimentation », raconte l’auteur. La région se retrouve alors à l’arrêt, la population est affamée et les prix des produits de substitution (moutons, blé) augmentent.
Mesures drastiques et escroqueries
Désemparé, le gouvernement de Louis XVI se retourne alors vers l’Académie des sciences, qui dépêche sur place un jeune médecin, Félix Vicq d’Azyr, pour évaluer la situation. « C’est toujours les mêmes réflexes : les gouvernements s’adressent aux scientifiques pour prendre des mesures d’après leurs préconisations, puis des gens tentent de les détourner », remarque Pascale Le Bellais. En effet, pour faire face à cette épizootie, différentes règles sont imposées : interdiction des foires et marchés, confinement des bêtes, abattage systématique des animaux malades et de leur troupeau, désinfection des étables, etc. Par ailleurs, très vite, des fraudes en tout genre apparaissent : des charlatans développent de soi-disant remèdes miracles ; des experts chargés de détecter les bêtes malades profitent de la méconnaissance des éleveurs et empochent une partie de l’indemnisation de l’État qui leur est due. Tout cela ne vous rappelle rien ?
Création de la société royale de médecine
Comme le veut l’adage : « À toute chose, malheur est bon ». En effet, la crise va tout de même permettre de faire avancer la science et la médecine. Pour lutter contre l’isolement des praticiens et trouver rapidement un remède, Félix Vicq d’Azyr propose de mettre en place une nouvelle institution. C’est la naissance de la SRM, qui permet de collecter et d’échanger des informations scientifiques, mais aussi d’évaluer l’efficacité des médicaments selon des méthodes rigoureuses. « Bien que la peste bovine n’ait finalement été éradiquée que très récemment, cette entité se trouve être l’ancêtre de l’Académie de médecine, de l’Agence nationale de sécurité du médicament et de France Santé Publique », explique l’auteur.
Un crime résolu par un gendarme
En parallèle de cette crise, Pascale Le Bellais réunit tous les ingrédients pour tenir en haleine le lecteur, avec une intrigue criminelle et amoureuse. Parmi les personnages clés du roman, Toussaint, soldat de la maréchaussée, lutte contre les malversations et tente de résoudre une enquête portant sur un crime. « Un crime dont je suis très fière ! J’ai profité de l’expérience d’expert en crime-incendie de mon mari [NDLR : le général Patrick Touron, commandant le pôle judiciaire de la gendarmerie nationale]. Il a pu nourrir mon écriture en m’apportant des détails sur les aspects techniques, tandis que les tensions ayant existé entre la Maréchaussée et la police, pendant la guerre des farines ayant eu lieu à Pontoise, l’ont beaucoup amusé », relate l’auteur. En bon représentant de la loi, elle a souhaité que Toussaint « porte haut les valeurs de la gendarmerie. Il est pragmatique, droit et humain ». Autant de qualités qui vont lui permettre de résoudre ce crime !
À l’approche des vacances estivales, plongez-vous dans cette fresque romanesque passionnante, qui alimentera sûrement votre réflexion sur la crise actuelle !
« Le temps des foudres » est disponible en version papier sur Amazon, mais aussi en librairie sur commande, en précisant qu’il est édité chez Publishroom. Par ailleurs, sachez qu’il existe aussi sous format numérique.
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