Guillaume Lefranc sème un Joyeux désordre !

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 26 juin 2021

Inspiré de sa longue expérience de gendarme et de sa rencontre fortuite avec un escroc de haut vol, le premier roman de Guillaume Lefranc est un polar mêlant habilement aventure et humour avec, pour toile de fond, la Françafrique, la montée du salafisme, et les Printemps arabes.

C’est à Rabat, au Maroc, où il est en poste à l'ambassade de France, que Guillaume Lefranc, alias d’un haut gradé de la gendarmerie, que beaucoup connaissent et que d’autres reconnaîtront, a croisé la route de celui qui allait devenir le personnage principal de son premier roman. 

« J’ai été appelé par la gendarmerie royale du Maroc, car un escroc avait usurpé l’identité d’un attaché militaire de l’ambassade, raconte-t-il. Une affaire assez anodine au départ, mais, lors des perquisitions dans l’appartement, nous avons trouvé de nombreux uniformes. En dénouant le fil de l’enquête, j’ai découvert une véritable bobine, digne d’un scénario hollywoodien ! »

Comme le dit Guillaume, avec le sens de la formule que l’on retrouve dans les pages de son Joyeux désordre, « ça commence comme Slumdog Millionaire et ça finit en Catch me if you can ! ». La vie romanesque d’un enfant d’un bidonville de Libreville, qui remporte un radio crochet en chantonnant Au pas camarade (d’où son surnom d’Opa), devient amuseur de la galerie au palais d’Omar « Papa » Bongo, à qui il vole quelques milliers de francs CFA, dans une des fameuses valises de la Françafrique, pour quitter le Gabon pour la France où, après son enrôlement de force dans l’armée, il devient un faux agent de la DGSE…

Il sait mentir jusqu'à ce que ce soit vrai ! 

« Tout est vrai... ou presque, assure l’auteur. Je n’ai fait qu’assembler les pièces d’un incroyable puzzle. » Tandis que l’enquête internationale progresse pour retrouver la trace de cet escroc aux innombrables identités, Guillaume commence à écrire les premières lignes d’un roman. « C’est le hasard qui m’a mis sur sa route. J’étais simplement à Rabat quand il y était. J’ai fait ensuite de nombreuses recherches, à partir de documents d’enquête, de photos… Et j’allais de surprise en surprise ! »

L’individu sera finalement arrêté en 2013 au Sénégal, et condamné à deux ans de prison. Après avoir purgé sa peine, il disparaît totalement de la circulation. « On pense qu’il est peut-être mort, mais avec lui on ignore où se situe la vérité. Il sait parfaitement mentir jusqu'à ce que ce soit vrai ! »

Ce personnage flamboyant, truculent, « fascinant par sa capacité à tromper tout le monde, les pauvres comme les puissants, un peu à l’image d’un Rocancourt », va servir de témoin à l’écrivain pour parcourir trente ans d’histoire, de la Françafrique aux Printemps arabes, en passant par la montée du salafisme et l’attentat dramatique du 28 avril 2011, perpétré dans le café Argana, sur la place Jemaa el-Fna à Marrakech.

Du plaisir à entrer dans la peau des personnages 

 Le livre enchaîne les rebondissements, non sans humour. Un petit côté OSS 117, Rabat nid d’espions ! « Ce n’est vraiment pas simple d’écrire un roman, reconnaît-il. J’ai beaucoup tâtonné au début, car j’avais toujours écrit comme un gendarme, de manière très militaire. Mais j’ai pris beaucoup de plaisir à entrer dans la peau des personnages de cette biographie déguisée. J’ai essayé de me mettre à leur place, de comprendre notamment comment des jeunes basculent dans le terrorisme, comment leur ressentiment les pousse à passer à l’acte. »

On sent qu'il s’est beaucoup amusé avec les mots, ceux des langues étrangères, au fil des tribulations d’Opa, mais aussi le moyen Français un peu suranné que parle son héros quand il devient escroc. « Entre les Mémoires de Saint-Simon et Cyrano de Bergerac ! J’aime cette richesse infinie de notre langue, les vieilles expressions oubliées. » Comme son personnage, l’auteur est un prestidigitateur qui aime brouiller les pistes, semer des petits cailloux entre les lignes. « Je n’ai pas d’ambition littéraire, dit-il. Je voulais juste écrire un roman qui soit agréable et divertissant. » 

Guillaume vient de commencer l’écriture d’un second livre. Changement de lieu et d’époque. « Cela se passe en Martinique en 1843. Je me suis intéressé au personnage de Joseph France, commandant la gendarmerie sur l’île. Un abolitionniste qui n’est jamais entré dans l’histoire et que je voudrais sortir de l’oubli. » Une manière de réconcilier la petite et la grande histoire.

À noter :

 Vous pouvez commander Joyeux Désordre sur le site de l'éditeur.

 

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