Avec le film Ad Vitam, Guillaume Canet rend hommage aux membres du GIGN
- Par Antoine Faure
- Publié le 10 janvier 2025
Thriller d’action tendu, le film Ad Vitam, qui sort sur la plateforme Netflix ce vendredi 10 janvier 2025, est en outre un témoignage passionnant et crédible sur la vie au sein du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), où ont été tournées de nombreuses scènes. Rencontre dans les locaux de l’unité avec l’acteur principal, également co-scénariste, Guillaume Canet, et deux anciens du Groupe, Thibault Lévêque et David Corona, qui ont joué un rôle important avant et pendant le tournage.
Guillaume Canet ne s’en cache pas. La projection du film Ad Vitam, organisée début décembre en avant-première devant les membres du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), était pour lui la plus stressante. Parce qu’il tenait absolument à ce que ce thriller, dont il est l’acteur principal et le co-scénariste, ne soit pas seulement un film d’action, mais ait aussi valeur de témoignage le plus réaliste possible sur la vie au GIGN. Raison pour laquelle il avait souhaité tourner de nombreuses scènes au sein même de l’unité, sur le plateau de Satory. « J’avais vraiment envie que les membres du GIGN s’y retrouvent, insiste Guillaume. Il n’y a rien de plus terrible que de faire un film sur un milieu, et que ce milieu ne s’y retrouve pas. C’est pour ça que j’étais extrêmement stressé avant la projection. C’était la plus importante pour moi. J’avais envie qu’ils soient touchés, émus, qu’ils rigolent à certaines répliques qui ne feront pas rire les autres téléspectateurs. »
À quelques jours de la sortie mondiale sur la plateforme Netflix, le comédien est de retour au GIGN pour enregistrer une interview pour TF1 et rencontrer GENDinfo. Il semble s’y sentir comme chez lui, comme s’il était encore un peu ce Franck Lazareff, son personnage dans le film, un ancien du Groupe qui s’apprête à devenir père, quand les membres d’une organisation criminelle font irruption à son domicile et kidnappent sa femme…
« Raconter l’humain sous le casque, derrière la visière »
À la genèse d’Ad Vitam, il y a une rencontre, entre Guillaume Canet et Thibault Lévêque, qui a été membre de la Force intervention (F.I.) du GIGN pendant douze ans. « Quand j’étais encore au Groupe, raconte ce dernier, j’avais fait la connaissance de professionnels du cinéma qui m’avaient demandé de former un comédien au maniement des armes. C’était Guillaume. Plus tard, quand j’ai quitté le GIGN, à 44 ans, l’âge de départ à l’époque, ça a été hyper violent. On passe d’une unité où on vit à 100 % tout le temps à une existence normale, celle de tout le monde. Quand on n’est pas préparé, ça gratte un petit peu ! On m’a alors proposé de devenir armurier de plateau. Je suis monté dans ce train du cinéma et je n’en suis plus descendu. »
Dans le cadre de sa collaboration avec Christophe Maratier, spécialiste de la location d’armes et de costumes réglementés pour le 7e art, Thibault retrouve Guillaume sur un tournage. « En discutant avec lui, se souvient l’acteur, j’ai vu qu’il y avait dans son regard une certaine peine d’avoir quitté le Groupe pour lequel il avait tant donné. Et je me suis dit qu’il y avait un film génial à faire, raconter l’histoire d’un personnage qui avait cette dévotion, et qui, du jour au lendemain, quand ça s’arrête, doit revenir à une vie un peu banale, avec beaucoup moins d’adrénaline, et un vide qui se crée forcément. Je fais partie des gens qui ont été extrêmement touchés, ces dernières années, lors des situations d’attaques terroristes, de cette génération frappée par les images de l’aéroport de Marignane, où on voit des mecs du GIGN qui tombent de la nacelle, qui remontent. J’étais en admiration pour ces gars, et j’ai eu envie de faire un film sur eux, sur leur engagement, et de raconter l’humain sous le casque, derrière la visière. »
« Porte-le et sois en fier »
Pour obtenir un résultat crédible, avec une vraie dimension documentaire sur la vie au GIGN, ses temps forts, son ambiance particulière, Guillaume Canet a donc pu compter sur les conseils de Thibault, lors du tournage, mais aussi, avant cela, lors de l’écriture du scénario, d’un autre ancien du GIGN, David Corona. Négociateur au sein de la F.I. pendant onze ans, il a ensuite créé une agence de conseil en gestion de crise et en négociation à forts enjeux. « J’ai eu à cœur de préparer l’après GIGN pendant plusieurs années, explique David. Avec mon agence, je fais de la formation à la négociation et du profilage non criminel. On organise aussi des séminaires un peu atypiques, dans lesquels on emmène les personnels de grands groupes brancarder des blessés dans l’eau, de nuit. Ça les sort un peu du confort des comités de direction ! Je n’ai pas autant d’adrénaline qu’à l’époque du GIGN, bien sûr, mais j’en ai gardé un peu, puisqu’il m’arrive d’aller discuter avec des mafias dans les Balkans pour des grandes entreprises françaises. »
David a fait la connaissance de Guillaume Canet alors que ce dernier avait repris la compétition équestre, après une grave blessure. « Je commençais à parvenir au niveau qui était le mien avant l’accident, raconte le comédien, et je me suis rendu compte que le traumatisme psychologique refaisait surface. Un jour, à Lyon, avant le Grand Prix, je sens monter une angoisse. J’appelle mon ami Philippe Rozier (champion Olympique de saut d’obstacles par équipes aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, NDLR), qui me donne les coordonnées d’un coach. C’était David. Il est venu, on a discuté assis sur un ballot de paille, et il m’a donné des clés pour repousser cette peur. Je suis entré en piste, j’ai fait un sans-faute et j’ai fini 6e, ce qui était une performance énorme pour moi. Ensuite, on a sympathisé, j’ai lu son livre (Négocier, NDLR), et j’ai découvert son aptitude à raconter des histoires. C’est comme ça que je lui ai proposé de venir travailler sur le scénario d’Ad Vitam qu’on écrivait avec Rodolphe Lauga. »
Au-delà de leur rôle respectif de conseiller et de co-scénariste, Thibault et David jouent également dans Ad Vitam. Avec une forte portée symbolique pour Thibault, qui interprète le personnage qui donne le brevet et l'écusson de l'unité au héros en lui disant : « Porte-le et sois en fier ». « Ça avait beaucoup de sens pour moi, précise Guillaume Canet. J’aime bien faire jouer dans les films des gens qui sont importants dans ma vie à ce moment-là, pour ce projet-là. »
Le GIGN ouvre grand ses portes
Ad Vitam dépeint donc avec beaucoup de justesse la vie au GIGN, la force du collectif qui naît entre ces murs et qui va bien au-delà de l’opérationnel. Ce réalisme, si essentiel pour l’équipe du film, l’était tout autant pour le GIGN et pour son commandant, le général Ghislain Réty. Raison pour laquelle il avait décidé d’ouvrir les portes du Groupe comme jamais auparavant.
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« Mais ça n’a pas été évident, note Guillaume. Si certains étaient en quelque sorte acquis à la cause, d’autres se sont montrés plus réfractaires à l’idée d’être perturbés dans leur travail et dans leur concentration, juste avant les Jeux Olympiques. J’ai eu besoin de leur dire que je voulais faire un film pour eux, un film crédible, pour leur rendre hommage, les mettre à l’honneur. Je voulais qu’ils me fassent confiance. »
« Guillaume et Rodolphe ont tenu à rencontrer les gars des sections, à les regarder dans les yeux et à avoir leur avis, avec une validation du général, complète David. C’était la première fois, pour un film évoquant le GIGN, et ça a été le game changer de ce tournage. Il faut mesurer la difficulté à rentrer dans cette unité, à intégrer la meute. C’est un poulailler où il n’y a que des coqs ! C’est compliqué de s’y faire une place, et c’était un vrai enjeu pour Guillaume et Rodolphe, mais ils ont su le faire, avec humilité et courage. Ils ont été intégrés, et toutes les scènes s’en ressentent. Pour avoir discuté avec les mecs du GIGN, je sais qu’ils sont heureux et fiers d’avoir pu participer, qu’ils sont contents du résultat parce qu’il y a un rendu extrêmement fidèle à ce qu’on peut vivre à l’intérieur du Groupe. Il y a des scènes d’action, mais aussi des moments d’intimité, de famille, de couple, qui rendent hommage à toute l’unité, à sa base arrière aussi, aux épouses, aux enfants. J’étais intimement persuadé qu’on pouvait raconter quelque chose de réaliste qui ait de la profondeur. »
Réaliste, Ad Vitam reste aussi bien sûr un film d’action spectaculaire et divertissant, que n’aurait pas renié Jean-Paul Belmondo, et dans lequel Guillaume Canet fait d’ailleurs un peu son « Bébel », en voiture, à moto, en paramoteur, ou en gambadant sur les toits de Paris. « J’ai passé beaucoup de temps avec Jean-Paul dans ses dernières années. Dans nos discussions, je lui disais que j’avais aussi fait du cinéma pour pouvoir faire comme lui, parce qu’il me faisait vibrer quand j’étais gamin. Et il me disait : « Fais-le ! » Je répondais qu’on ne me le proposait pas. Il me disait que lui non plus, on ne le lui proposait pas au début, et qu’il avait donc monté ses projets lui-même, pour pouvoir faire ses cascades. C’est aussi ça qui m’a motivé. »
Ad Vitam est également une histoire d’amour, d’amitié, qui parvient souvent à être émouvante. « Je voulais que l’action soit générée par le sentiment, que l’on sache pourquoi ces personnages courent », confirme l’acteur. Vous pouvez les voir courir à partir d’aujourd’hui sur Netflix.
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