Nord : un meurtre élucidé grâce à un briquet
- Par Maud Protat-Koffler
- Publié le 06 juin 2019
Le 17 octobre dernier, le conducteur d'un engin de fauchage chargé de débroussailler les fossés de la départementale D300, sur le territoire de la commune de Bourbourg (59), découvre un corps enveloppé et ligoté dans un sac à déchets verts. Le parquet de Dunkerque confie l’enquête à la Section de recherches de Lille.
Lorsque le 17 octobre 2018, le conducteur d’un engin de fauchage découvre un corps enveloppé dans un sac à déchets verts, en contrebas de la route départementale 300, rien ne permet alors de déterminer l’identité de la victime, ni les circonstances de son décès.
Une fois la circulation neutralisée, les premiers gendarmes dépêchés sur place procèdent au gel des lieux afin de préserver les indices et permettre aux techniciens en identification criminelle du groupement de gendarmerie départementale du Nord d’effectuer les prélèvements nécessaires.
Le parquet de Dunkerque confie l’enquête à la Section de recherches (S.R.) de Lille, unité régionale d'investigations judiciaires de la gendarmerie, en co-saisine avec la brigade de recherches de Dunkerque-Hoymille.
Un début d’enquête nébuleux
Compte tenu d’une décomposition déjà très avancée, l’état du corps ne permet de déterminer ni le sexe, ni l’âge de la victime, ni les circonstances de son décès. Aucun document d'identité ou téléphone susceptible d'orienter les enquêteurs n'est découvert sur les lieux.
Confiée à l'Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN), laboratoire central équipé d'un plateau technique médico-légal de pointe, l'autopsie ne permet pas non plus de préciser la cause de la mort, mais elle permet d’extraire un profil ADN et de relever la seule empreinte digitale encore exploitable.
L'interrogation du Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) et du Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) n'aboutit cependant à aucun rapprochement ni aucune identification. La transmission de ces empreintes aux forces de police européennes, au titre des dispositions du Traité de Prüm renforçant la coopération policière transfrontalière, n'apporte pas plus d'informations.
Un indice rescapé
C'est finalement un simple briquet publicitaire, découvert lors de l'autopsie, au fond d'une poche du pantalon de la victime, qui permet à la S.R. de Lille de faire progresser le dossier de façon majeure. Les enquêteurs diffusent ainsi une demande de renseignements comportant la photo du briquet portant un dessin et une publicité « Café de Kroeg ». Quelques semaines plus tard, le service des personnes disparues de la police judiciaire fédérale (PJF) de Bruxelles réagit.
Celui-ci est en effet saisi, depuis le 21 juin 2018, d'une procédure de disparition inquiétante concernant un homme de nationalité indienne, âgé de 42 ans et résidant dans la commune belge de Ravels, à moins de trois kilomètres de la frontière avec les Pays-Bas. Il permet alors d’identifier le café d’où provient le briquet. En dépit de son nom très courant en Belgique et aux Pays-Bas ("De Kroeg" se traduit par "le pub"), l’établissement se trouverait à proximité du domicile de cet homme, dont la disparition avait été signalée par les voisins, étonnés de ne plus percevoir de signe de vie depuis plusieurs semaines.
La comparaison des profils génétiques, respectivement prélevés sur le corps confié à l'IRCGN et sur la brosse à dents découverte au domicile de l'homme signalé disparu en Belgique, confirme formellement ce rapprochement à la fin du mois de novembre 2018.
La transmission aux enquêteurs de la S.R. de Lille de plusieurs photos de la victime, dont l'apparente constitution physique ne semble pas coïncider avec les vêtements masculins de petite taille saisis lors de l'autopsie, conduit toutefois les gendarmes à faire pratiquer une analyse complémentaire, afin de lever tout soupçon sur une éventuelle mise en scène. Un examen odontologique confirme alors sans réserve la correspondance entre la dentition du cadavre découvert à Bourbourg et le dossier dentaire de la victime.
La coopération franco-belge permet d’élucider l’affaire
Le rapprochement opéré grâce aux gendarmes de la S.R. de Lille et le conditionnement du corps lors de sa découverte relancent le dossier côté belge et conduisent la police judiciaire fédérale d'Anvers, par le biais de son antenne implantée dans la commune de Turnhout, à se saisir du dossier, dans le cadre d'une procédure visant désormais des faits criminels. Les investigations entreprises par ce service aboutissent le 28 mars dernier, au placement en détention provisoire d'un autre individu de nationalité indienne, contre lequel les éléments à charge s'accumulent.
La coopération franco-belge permet notamment de croiser certaines données relatives aux déclenchements de relais téléphoniques et aux déplacements réguliers du suspect entre la Belgique, la France et le Royaume-Uni.
Compte tenu des éléments mis à jour dans le cadre des investigations et de la très probable commission des faits criminels sur le territoire belge, le procureur du tribunal de grande instance de Dunkerque a récemment communiqué son intention de se dessaisir du dossier au profit des autorités judiciaires belges par le biais d'une dénonciation officielle.
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