Violences conjugales : la gendarmerie de Meaux propose un kit hygiène et bien-être aux femmes relogées d’urgence

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 28 juillet 2023
Deux femmes dont un commandant de gendarmerie, derrière elles un kakémono "compagnie de gendarmerie de Meaux", et elles présentent devant elles et sur une table une dizaine de "kit hygiène et bien-être" avec leur contenu (gel douche, crèmes, miroir, déodorant, serviette hygiénique...)
© D.R.

À Meaux, le chef d’escadron Séverine Hammel, commandant de compagnie, a conçu, avec son intervenante sociale, Akia Marir, un kit hygiène et bien-être pour les femmes victimes de violences conjugales et relogées d’urgence. Une manière complémentaire de s’investir dans la lutte contre ces violences

« Tout est parti d’un soir, il y a un peu plus d’un an, où Akia Marir, l’Intervenante sociale gendarmerie (ISG) de la compagnie, arrive dans mon bureau, explique le chef d’escadron (CEN) Séverine Hammel, commandant de la compagnie de Meaux (77).Elle m’explique qu’elle doit reloger une femme victime de violences, qui ne peut pas retourner chez elle. On part sur un relogement d’urgence avec le 115, maisellen’a plus la possibilité de faire de courses et la victime n’a rien pu emporter. »

L’officier passe alors chez elle récupérer ce qu’elle peut avoir comme échantillons pour constituer une petite trousse, afin que cette femme ait un nécessaire de toilette. Cela les amène au constat qu’il faudrait toujours avoir ce type d’échantillons disponibles pour les cas d’urgence. En effet, ces situations arrivent souvent tard le soir ou le week-end, sans possibilité de faire les achats de première nécessité. C’est ainsi qu’émerge l’idée de constituer un kit d’urgence.

Une base grâce aux kits de la Croix-Rouge

Si, dans un premier temps, le commandant de compagnie et l’ISG gèrent avec leurs propres moyens, elles se disent que le produit existe peut-être déjà sur étagère. Le 8 mars 2023, à l’occasion de la première édition d’un forum « Femmes actives et citoyennes », qui se tient à Meaux, en lien avec le département, les deux femmes vont au contact des services de la préfecture et de nombreuses associations présentes, mais force est de constater qu’il n’y a rien. « Les associations ont des objets et des vêtements à donner, mais quand les femmes viennent à elles. Il n’y a pas de kit prêt à l’emploi à mettre dans les brigades, qu’on puisse donner aux victimes dans les situations de relogement d’urgence. J’avais donné beaucoup d’échantillons et autres, mais ça ne suffisait pas. Nous avons donc commencé à lister tout ce dont nous avions besoin (brosses à dents, etc.) », précise le CEN Hammel.

Akia Marir est employée par la Croix-Rouge et c’est dans ce cadre qu’elle est détachée auprès des gendarmes, pour les accompagner sur l’aspect social des enquêtes qu’ils traitent. Réfléchissant aux moyens concrets de mener à bien le projet, elle pense aux kits maraudes de la Croix-Rouge comme base de travail. Elle leur demande s’ils peuvent lui faire un don et reçoit vingt kits, composés de produits de base : brosse à cheveux, brosse à dents, dentifrice… « À partir de là, on l’a adapté, puisqu’il manquait des produits de bien-être, comme de la crème hydratante, du démaquillant, et on a retiré ce qui ne servait pas », ajoute le commandant de compagnie. Un complément réalisé à l’aide de divers petits dons, permettant ainsi d’adapter le kit aux besoins réels.

Sur une table 8 kits "hygiène et bien-être" avec le type de contenu: peigne, miroir, gel douche, crème hydratante, cotons démaquillants, mouchoirs, serviettes hygiéniques
© D.R.

Une première aide à la reconstruction

Ajouter des produits de bien-être dans ces petits lots est une manière concrète d’aider ces femmes à prendre soin d’elles, alors qu’elles sont relogées sans rien. « Elles sont victimes de coups, et quand on arrive dans une chambre d’hôtel sans rien, même pour se laver, sur un corps déjà meurtri, c’est vraiment dur. En mettant des petits éléments de bien-être, on s’est dit que c’était une première étape pour se reconstruire, en prenant soin de son corps. Le kit est largement perfectible, mais il y a un besoin, et on commence par là », explique l’officier.

En plus du partenariat avec la Croix-Rouge, les deux femmes ont rencontré, lors du forum du 8 mars, l’association « le Vert à moitié plein », qui fait de la récupération de tissus et donne une deuxième vie aux vêtements. Ces membres ont confectionné des cotons démaquillants pour chaque trousse, conférant ainsi une touche éco-responsable au projet, tout en lui apportant aussi un aspect plus personnalisé. L’idée serait désormais de développer cette partie : une trousse en tissu, des pains de savon…

Un petit miroir, du gel douche, une brosse à dents, mais aussi des crèmes hydratantes, un peu de maquillage, etc., un contenu pour aider ces femmes, tant pour l’urgence que dans la prise en compte de leur dignité et de leur reconstruction.

Un projet à poursuivre

« On a quantifié qu’on avait à peu près une à deux mises à l’abri par mois sur les 370 faits de violences faites aux femmes enregistrés sur la compagnie. Le but serait maintenant de développer le projet à l’échelle du département. Madame Marir s’est ainsi rapprochée des ISG des secteurs voisins ainsi que du réseau Violences-intrafamiliales (VIF) départemental, évoque la CEN Hammel. Le plus dur a été de constituer les premiers kits. Une fois que le projet est lancé, différents acteurs peuvent se grefferafin de poursuivre et de développer cette action. »

Une autre intention a également commencé à voir le jour à travers les prémices de kits enfants : quelques couches, du liniment et un petit doudou. À ce jour, cet objet manque encore, mais l’intervenante sociale de la Croix-Rouge, totalement investie dans son travail auprès des victimes, va poursuivre ces deux objectifs, afin de toujours mieux accompagner ces femmes et familles en détresse.

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