Séminaire commandement : le directeur général fixe le cap de l’action de la gendarmerie

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 16 mai 2023
Vue plongeante sur un amphithéâtre rempli d'officiers de gendarmerie vus de dos. En arrière plan, sur scène, le directeur général
© Sirpa-G - GND B. Lapointe

L'ensemble des échelons de commandement de la gendarmerie étaient réunis, ce lundi 15 mai 2023, sur le site de l'École polytechnique, à Palaiseau. L’occasion pour le général d’armée Christian Rodriguez de rappeler les axes stratégiques de la gendarmerie, de faire part de ses attentes et, enfin, d’aborder les défis à venir. En clôture de la matinée, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer est venu présenter les grands enjeux auxquels son ministère doit se préparer.

Cette journée du 15 mai 2023 a réuni l'ensemble des responsables territoriaux de la gendarmerie, soit près de 800 militaires, sur le site de l'École polytechnique, à Palaiseau, renouant ainsi avec l’exercice des grands séminaires de commandement, dont le format permet d’« échanger et réfléchir ensemble sur notre action et sur notre façon de la concevoir ». L'occasion donc pour le général d’armée Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale, de rappeler les axes stratégiques de la gendarmerie et de faire part de ses attentes.

Après avoir souligné l’importance du rôle des cadres de commandement et salué l’intensité de leur engagement, le directeur général leur a dit sa fierté, notamment au regard des résultats obtenus collectivement : « nous avançons tous dans la même direction, en suivant le même cap ! C’est là notre plus grande force, la garantie de notre efficacité : c’est notre cohésion de force militaire au service des territoires et des populations. » Une cohésion de la Maison qui passe aussi par « l’implication que chacun de vous met dans l’appropriation et la mise en œuvre des changements » nécessaires.

La proximité : « Une priorité absolue ! »

Face à un environnement stratégique en évolution constante, marqué par une succession de chocs et une superposition des crises, mais aussi face aux défis à venir, comme la Coupe du Monde de Rugby cette année et les Jeux Olympiques l’an prochain, et afin d’apporter des solutions optimales aux besoins et inquiétudes nouvelles de nos concitoyens, de plus en plus en attente d’immédiateté, « notre mission est d’y répondre mieux, d’y répondre plus vite, avec les bons outils, plus visiblement ! », a insisté le général d’armée Rodriguez.

Le mot d’ordre reste donc la proximité, physique et numérique : « Elle passe par du contact, de la redevabilité et de la présence de voie publique. (...) C’est une priorité absolue ! (…) La garantie de la confiance qu’on nous accorde. Et cette confiance, c’est le fondement même de notre existence : l’incarnation du visage de l’État qui protège, surveille, accompagne, rassure. (…) Notre mission est (…) plus que jamais d’être dehors, sur le terrain ! (…) La présence de voie publique est la brique de base de notre travail. Elle permet de lutter à la fois contre l’insécurité et contre le sentiment d’insécurité. (…) Tout ce que vous faites, toutes les décisions que vous prenez, tous les outils que nous créons, c’est pour que le gendarme soit le plus possible dehors, sur le terrain, au contact direct des gens. »

Prônant également l’adaptabilité et l’innovation, le directeur général a ainsi tenu à rappeler qu'il était nécessaire de laisser une liberté d'action et d'initiative à chaque échelon, en acceptant son corollaire « le droit à l’erreur », « parce que notre intelligence la plus efficace est locale, nous nous adaptons sans cesse pour lui permettre de s’exprimer pleinement. (…) C’est à chaque chef désigné, choisi pour un territoire, qu’il revient d’adapter et de choisir ses priorités. C’est tout simplement l’application aboutie du principe de subsidiarité, qui repose sur la confiance qui laisse à chacun sa juste part d’initiative (…)Le respect de la chaîne des responsabilités ne contraint pas notre action, au contraire, il libère les énergies. » Et le général Rodriguez d’indiquer que la D.G. elle-même se transforme, « pour gagner en souplesse et vous donner plus de marges de manœuvre, pour mieux vous accompagner », citant pour exemple la refonte en cours de la circulaire 100 000.

Le directeur général de la gendarmerie, sur une scène, derrière un pupitre. Derrière lui, le drapeau français et le drapeau européen.
© Sirpa-G - GND B. Lapointe

GEND 20.24 et feuille de route 2.0 : la dynamique collective paie !

Des priorités qui sont au cœur de la stratégie de transformation GEND 20.24, dont l’objectif est de « répondre “sur mesure” aux besoins et vous en donner les moyens. “Répondre présent, pour la population, par le gendarme” », a rappelé le directeur général, avant de brosser un rapide bilan de ces trois dernières années : « Vous avez fait énormément, alors même que sur le terrain, vous n’étiez épargnés par aucune crise ! Et vos efforts paient ! Ensemble, dans les quatre piliers de notre stratégie, ce sont 103 projets qui ont été menés ou lancés. Grâce à vous, ce sont plus de 3,5 millions d’heures de voie publique supplémentaires. Ce sont aussi, pour nos gendarmes, 26 outils numériques supplémentaires développés et 43 nouveaux processus pour alléger la contrainte. »

Le directeur général a également évoqué les avancées apportées, dans le même esprit, par la Feuille de Route 2.0., « avec déjà 33 mesures de simplification (…), dont près de la moitié sont mises en œuvre » (…) « pour vous redonner davantage de marges de manœuvre. » Et de citer pour exemple le déploiement du modèle E-TTR afin de fluidifier les échanges avec le parquet et de gagner du temps, le contrôle infocentré du stock des procédures, la fin des remontées statistiques à partir des données déjà en base ou encore une meilleure organisation des tâches entre les échelons brigade, compagnie et groupement, pour les signalisations FNAEG ou le traitement des enquêtes administratives individuelles. « À chaque fois, la solution est trouvée à partir de votre besoin et avec vos idées ! »

Le général d’armée Rodriguez a également rappelé les moyens obtenus par la gendarmerie depuis trois ans, fruits de son engagement et de ses réussites : la création des 200 brigades, de sept nouveaux escadrons et de 3 500 postes supplémentaires ; l’arrivée « inédite » de nouveaux véhicules de service et de maintien de l’ordre, des blindés CENTAURE et de la future flotte d’hélicoptères H160, sans oublier la montée en puissance des moyens cyber et l’acquisition de nouveaux outils numériques (NEO 2 et UBIQUITY). « Tout cela est le fruit de votre action au quotidien, qui démontre la pertinence de notre modèle. Parce que ce qui nous est accordé est largement rentable pour la sécurité du citoyen. »

Un hommage appuyé à « tous nos camarades qui ont été blessés ou qui l’ont payé de leur vie (…) en accomplissant leur devoir. »

Se faisant l’écho « de nos élus, nos parlementaires, nos dirigeants », le directeur général n’a pas manqué de saluer « l’engagement total [des forces] dans cette mission de proximité (…) Dans chaque territoire, avec sa spécificité, mais avec la même volonté », et ce, face à un « recours à une violence de plus en plus désinhibée.(…) Ce sont les VIF, les agressions d’élus, les violences contre les forces de l’ordre évidemment, les pics émeutiers en outre-mer, etc. (…) Les violences augmentent et nous prennent pour cible, pour la simple raison que nous faisons notre devoir. (…) Nous avons été durement éprouvés au cours de ces derniers mois, de ces dernières semaines, en métropole comme outre-mer, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières, dans les territoires physiques comme dans le cyberespace. »

Revenant notamment sur les événements de Sainte-Soline, où « deux fois déjà, nous avons affronté l’émeute et la radicalité d’assaillants armés, déterminés », le général Rodriguez a une nouvelle fois rendu hommage à la détermination et au courage des gendarmes mobiles et départementaux engagés. Il a également souligné l’exemplarité du GIGN et des Gardes de sécurité diplomatique (GSD) sur les théâtres ukrainien et soudanais.

Un hommage que le directeur général a également souhaité rendre, de manière appuyée, à tous « nos camarades qui ont été blessés ou qui l’ont payé de leur vie. (…) En accomplissant leur devoir, ils étaient convaincus que le sens de leur action, c’est le service des autres. Je l’ai ressenti en Guyane, lorsque je suis allé m’incliner devant la dépouille d’Arnaud Blanc, ou à Sathonay, en rendant hommage à Loïc Jeansanetas et en soutenant leurs familles. Comme dans les Landes, comme à Rennes ou en tant d’autres lieux... (...) Jamais le chef ne peut se résoudre à ces pertes brutales (…) Pour avoir géré l’anormal de manière extra-ordinaire, pour avoir juste voulu faire leur métier, pour avoir voulu mieux le faire, pour l’avoir simplement et héroïquement fait. Ils méritent toute notre admiration. »

Le directeur général s’est ensuite prêté au jeu des questions-réponses, abordant des sujets d’actualité divers et variés (priorités ministérielles, création d’un commandement cyber ministériel, mutualisation de la police technique et scientifique de masse, recrutement, plan de mutation 2024, parc immobilier, 200 brigades, durcissement des escadrons de gendarmerie mobile, grilles indiciaires des officiers, emploi des réserves, gendarmerie verte, etc.), avant de laisser la place à Monsieur Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, dont l’intervention est venue clore cette matinée.

« La présence de voie publique contribue à prévenir les actes de délinquance mais surtout à rassurer la population. » Gérald Darmanin

Le ministre de l'Intérieur vu de profil, sur une scène, s'adressant à un parterre d'officiers de gendarmerie réunis dans un amphithéâtre.
© Sirpa-G - GND B. Lapointe

En préambule, le ministre a tenu à remercier l’ensemble des cadres de la gendarmerie présents pour leur engagement, leur service de la France, et à travers eux les femmes et les hommes qui sont sous leurs ordres, « qui prennent des risques chaque jour, dans des conditions que nous savons extrêmement difficiles. »

Il a ensuite présenté les six grands enjeux auxquels son ministère et ses différents services et directions doivent se préparer. Le premier étant celui du réchauffement climatique, citant l’engagement d’ampleur de tous les services sur les méga-feux qui ont ravagé la France l’été dernier. Face à l’importance des enjeux environnementaux, le ministre a rappelé la création prochaine d’une « gendarmerie verte ». Gérald Darmanin a ensuite successivement évoqué les préoccupations liées à la crise migratoire, puis à la crise de l’ordre public, avec des maintiens de l’ordre s’apparentant à « des guérillas urbaines ou rurales », où seule la présence des forces de sécurité intérieure permet de garantir la paix. « Le sujet n’est pas ce pourquoi les gens manifestent (… ) Il n’appartient pas à la police ou à la gendarmerie de prendre position (…) [mais que] la cause entraîne des personnes qui sont en lutte contre l’État, contre vous... »

S’agissant de la délinquance, « que nous connaissons partout sur le territoire », le ministre a conforté les propos tenus par le directeur général un peu plus tôt, insistant à son tour sur l’importance de la présence de voie publique, qui « contribue à prévenir les actes de délinquance mais surtout à rassurer la population ». Pour le ministre, il faut « du bleu sur le terrain. (…) Et c’est votre travail de chef d’assurer cette présence (...) au contact avec la population. (…) Lutter contre la délinquance est un combat de tous les jours. (…) Ce travail de Sisyphe, c’est notre raison d’être. »

L’évocation de la cinquième crise, celle du risque terroriste, toujours présent même si la menace l’est moins, a permis à Gérald Darmanin d’insister sur la menace endogène, précisant que sur les neuf derniers attentats, huit des auteurs étaient inconnus des services. L’occasion également d’évoquer le risque de menace terroriste technologique, utilisant par exemple la technologie 3D ou les drones… « Cette menace évolue et c’est à nous d’être au rendez-vous de ces technologies », particulièrement dans la perspective des grands événements à venir.

Le ministre a enfin abordé la crise cyber, d’autant plus préoccupante que la moitié des escroqueries touchant nos concitoyens sont d’origine cyber.

Après avoir engagé les forces à se préparer à potentiellement devoir gérer plusieurs crises en même temps à l’aube des J.O. 2024, Gérald Darmanin s’est à son tour plié à l’exercice des questions-réponses.

Le ministre de l'Intérieur, vu de trois-quart face, échangeant avec deux experts de l'IRCGN, dont un vu de dos au premier plan, sur le village gendarmerie.

Deux tables rondes et un « village » des nouveautés

La journée s'est poursuivie par deux tables rondes successives, animées par François Cazals, sur le thème d’« un service modernisé de la gendarmerie départementale pour mieux protéger », en présence de trois officiers de la DGGN, et du « chef dans la mêlée », en présence de l’ancien international de rugby, Fabien Pelous, et du général de corps d’armée Alain Pidoux, chef de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN).

Le séminaire a également été l’occasion pour les participants de profiter, pendant les pauses, d’« un village gendarmerie », composé d’une vingtaine de stands, installés dans le hall de l’école, présentant les évolutions en cours au sein de l’Institution, dans les quatre piliers de la stratégie GEND 20.24, s’agissant d’outils, de projets ou encore de doctrine.

M. François Cazals, animateur de la table ronde, aux côtés de trois officiers de gendarmerie, deux hommes et une femme (au centre), assis sur une scène.
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