Dans le quartier des Célestins, au cœur du 4e arrondissement de Paris, au milieu du claquement des sabots et des mélodies de la fanfare en répétition, six orphelines de la gendarmerie écoutent, attentives, le garde Romain, trompettiste au sein de cette formation musicale, raconter l’histoire de l’une des plus anciennes institutions de la gendarmerie nationale.

Partager une même passion

Cette rencontre est l’une des nombreuses que ces jeunes filles, dont les pères, gendarmes, sont décédés (en service et hors service), ont pu faire durant leurs deux jours d’immersion à la Garde républicaine. Passionnées d’équitation, ces jeunes, âgées de 12 à 18 ans, ont en effet toutes été « sélectionnées » pour venir en découvrir les coulisses. Elles ont ainsi pu visiter les magnifiques écuries du quartier des Célestins, écouter la fanfare s’entraîner, remonter le temps dans la salle des traditions, visiter le showroom, mais aussi découvrir, au cours de la seconde journée, les incroyables métiers de la Garde, des forgerons aux vétérinaires.

Et si au début, les échanges ont été un peu timides, c’est ensuite avec beaucoup d’entrain, de rires et dans la bonne humeur générale qu’ils se sont poursuivis. Pour compléter cette immersion, deux des six jeunes filles ont été hébergées dans des familles de cavaliers. L’occasion pour elles de tisser des liens avec d’autres militaires partageant les mêmes valeurs et la même passion.

« Faire vivre les valeurs de partage, d’entraide, de cohésion et de solidarité »

Cette visite s’inscrit dans le cadre du programme « Bleu pupilles ». Lancé début 2023, et copiloté par la Sous-direction de l’accompagnement du personnel (SDAP) de la direction générale de la gendarmerie et par la Fondation Maison de la Gendarmerie (FMG), ce programme accompagne aujourd’hui 1 250 orphelins de la gendarmerie, avec pour objectif « d’assurer et de faire vivre les valeurs de partage, d’entraide, de cohésion et de solidarité au profit des enfants dont l’un des parents, militaire, est décédé en service et hors service », explique la lieutenante-colonelle Florence Pelardy, cheffe de la section sociale, de l’accompagnement des blessés et du handicap à la SDAP.

Pour cela, la SDAP et la FMG s’appuient sur un réseau d’associations de gendarmerie, comme les Képis pescalunes, qui mettent en place chaque année des opérations de solidarité, notamment au profit des enfants orphelins de la gendarmerie. « Nous nous sommes dit qu’il y avait sans doute un intérêt à regrouper toutes ces initiatives, afin de permettre de créer du lien entre elles et d’assurer une plus grande visibilité, précise l’officière. Le programme Bleu Pupilles est aussi la contrepartie de l’engagement de nos militaires sur le terrain. C’est important qu’ils sachent que s’il leur arrive quelque chose, ils ont l’assurance que leur famille et leurs enfants seront accompagnés dans la durée. »

Concrètement, le programme repose sur trois grands axes : l’accompagnement des familles au quotidien, celui des jeunes dans leur parcours scolaire (recherche de stage, insertion professionnelle, etc.) et, enfin, la création d’un grand réseau permettant de fédérer ces familles autour d’événements ou d’actions communes au niveau national ou local. Des actions qui peuvent prendre la forme de grandes rencontres regroupant des centaines de personnes ou de moments en plus petit comité, plus conviviaux. Des moments pour « créer une complicité », à l'image de celle développée par ces six jeunes filles durant ce court séjour au sein de la Garde républicaine.