« Plan 20 » : la gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine présente son action pour la filière viti-vinicole

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 15 septembre 2023
Au milieu d'un champ de vignes, quatre cavalier de la garde et leurs chevaux, et à leur droite deux gendarmes à pied
© RGNA - GD G. Payen

Le 12 septembre 2023, au cœur de l’emblématique cité du Vin, à Bordeaux, le général de corps d’armée Samuel Dubuis, commandant la région de gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine, a présenté aux acteurs du monde viti-vinicole local les 20 mesures du plan de la gendarmerie pour la filière.

216 000 hectares de vigne en production, 1,6 milliard de litres produits par an pour 7 milliards d’euros de valeur marchande, tel est le poids de la filière viti-vinicole en Nouvelle-Aquitaine, première région viticole de France et d’Europe en termes de valeur. Par ailleurs, avec près de 13 000 exploitations viticoles, environ 54 000 emplois directs et 66 000 emplois indirects, cette région est le premier employeur viti-vinicole de France. Que ce soit du côté des vins ou de celui des spiritueux, la filière, incontournable du paysage local et véritable richesse de nos terroirs, présente de nombreux enjeux de sécurité pour la gendarmerie. Par ailleurs, l’agrandissement récent des contours de la Région de gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine (RGNA), qui vient épouser ceux de la région administrative, place dans son giron davantage de vignobles.

Une nouvelle région, de nouveaux enjeux

Compte tenu de la singularité de la région à propos de cette filière et de l’importance des enjeux actuels et à venir, le commandant de région, le général de corps d’armée (GCA) Samuel Dubuis, a impulsé une dynamique nouvelle afin de travailler sur une stratégie régionale. Celle-ci implique une logique plus globale autour des différents bassins viticoles, s’appuyant notamment sur les bonnes pratiques déjà menées dans les Groupements de gendarmerie départementale (GGD) de Gironde et de Charente depuis plusieurs années. Sept départements ont été identifiés avec une présence forte de la filière, à savoir la Charente-Maritime, la Dordogne, le Lot-et-Garonne, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, en plus de la Gironde et de la Charente. Ce territoire recouvre invariablement des vignobles divers, dont les productions vont des vins de Bordeaux ou de Bergerac au Cognac en passant par le Pineau des Charentes.

Réassurer les professionnels de la filière viti-vinicole dans un esprit de co-construction, tel est l’objectif que la RGNA s’attache à poursuivre à travers ce « Plan 20 ».

Ainsi, en juin 2023, la démarche à conduire a été présentée aux deux conseils de bassins viticoles de la région (Bordeaux Aquitaine et Cognac Charente), présidés par le préfet de région et réunissant les représentants de la profession. Au mois de juillet, la consultation était lancée en vue de faire remonter leurs observations et attentes de manière organisée via la filière.

À noter :

Exemples de bonnes pratiques

- Travail en lien avec le CIVB (Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux) et le BNIC (Bureau National Interprofessionnel du Cognac).

- Information globale par le référent sûreté, prévention technique de la malveillance.

- Actions de prévention cyber.

- Formation de référents viti-vinicole dans les unités, organisée par l’interprofession (connaissance du métier, immersion sur une demi-journée, fonctionnement de la vigne, circuit d’exploitation…).

- Organisation de moyens pour faire de l’échange ou de l’alerte (site Internet privatisé avec un accès réservé aux professionnels avec des bonnes pratiques, des messages de vigilance ; et dispositif d’alerte SMS).

Des bonnes pratiques qui peuvent être dupliquées au sein de la région, d’autant que les bassins sont interdépartementaux. C’est tout l’intérêt de cette approche régionale, afin que les professionnels puissent avoir le même discours et la même offre de services de la gendarmerie.

Deux éléments majeurs en ressortent, le premier en termes de constat. Les professionnels de la Gironde et de la Charente sont très satisfaits de ce qui est déjà mis en place. Le second élément concerne des attentes très fortes dans plusieurs domaines, tels que la prévention en cybersécurité, la protection des installations et la délinquance habituelle, mais aussi le volet environnemental. Sur cet aspect, la gendarmerie de RGNA pourra s’appuyer sur les nouveaux enquêteurs environnement de proximité afin de les faire monter en compétence sur ces connaissances particulières.

Au-delà de cette remontée, différentes vulnérabilités ont été identifiées par la gendarmerie, qui doit prendre en compte la crise de production qui dure depuis deux ans, touchant essentiellement le bassin bordelais, et les conséquences du changement climatique sur les vignobles. Il s’agit donc aussi d’accompagner les territoires dans leur transformation.

En buste de trois quart avant gauche, un gendarme en chemisette blanche cravate parle dans un micro
© D.R.

20 mesures pour un plan vin

Forte de ces bonnes pratiques et à la suite de la consultation estivale, la RGNA a identifié vingt mesures concrètes, portant principalement sur le conseil, la protection et l’accompagnement.

Plus de 150 personnes étaient présentes à la cité du Vin, le soir du 12 septembre dernier, pour le lancement du plan : des professionnels de la filière, des directeurs d’exploitation, des courtiers, des experts, mais aussi des magistrats, ou encore des représentants d’administrations en charge du secteur. « Le dénominateur commun porte selon moi un nom simple : le terroir. Celui que vous pétrissez inlassablement au fil des saisons, celui que vous sentez et tentez d’apprivoiser année après année, dans une lutte contre les éléments sans cesse renouvelée. Le terroir, celui que nous, gendarmes, arpentons sans relâche, cherchant à en connaître tous les enjeux, les ressorts mais aussi les vulnérabilités, afin de garantir une vie paisible à l’ensemble de nos concitoyens qui y vivent. » Le général de corps d’armée Samuel Dubuis leur a présenté les objectifs ainsi que les actions phares pour chaque thématique, tout en resituant son action dans le dispositif d’appui global mis en œuvre par le préfet de région.

Un livret numérique de présentation du plan a été transmis à tous les participants, présentant les quatre axes, déclinés en vingt mesures, dont une phare pour chaque. Chacun de ces objectifs repose sur une logique de « mieux faire », en se basant sur le retour d’expérience, mais aussi sur ce que la gendarmerie propose déjà, comme l’application « Ma Sécurité », ou la formation à la gestion de crise. Un séminaire sur cette problématique sera ainsi proposé aux professionnels au cours du premier semestre 2024.

Le commandant de région et ses personnels ayant contribué à monter cette action ont réuni dans ce livret, clé en main, ces propositions à l’intention de la filière viti-vinicole. Pour mieux répondre aux besoins, aux menaces, leur communiquer le savoir-faire de l’Institution, en passant par une meilleure connaissance mutuelle.

Derrière une un talus de terre, dans les vignes, un cheval et son cavalie de la Garde républicaine
© RGNA - GD G. Payen

Un travail conduit en inter-administrations

L’échelon régional est naturellement concerné par ce projet et la RGNA travaille de concert avec la région Nouvelle-Aquitaine. Il en va de même avec les différents services de l’État [NDLR : Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAF), Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), Chambres d’agriculture…] Les gendarmes les ont rencontrés en amont pour mieux comprendre le poids de la filière mais aussi leur action sur celle-ci. L’objectif est de développer cette stratégie en cohérence avec les services de l’État et de la région, s’inscrivant aussi dans le projet Vitirev.

Les gendarmes doivent s’acculturer pour comprendre comment leur territoire se transforme, sachant que les viticulteurs sont ici des acteurs incontournables. Cette connaissance approfondie du monde viti-vinicole apporte aussi du crédit aux gendarmes dans leurs échanges quotidiens avec les exploitants.

Le second volet partenarial voit la participation du Campus régional de cyber sécurité, en lien avec le référent cyber conseiller du commandant de région, afin de réaliser un partenariat au profit de la filière. Il s’agira, dans un premier temps, d’ajuster le besoin avec les interprofessions, et de fait de prévoir des modules adaptés aux divers niveaux. La gendarmerie s’appuiera sur la filière, et donc ses experts au niveau régional, pour s’organiser sur le volet stratégique de la cybersécurité.

Tendant vers le développement d’une communauté d’experts autour de la filière, certaines actions seront donc pilotées au niveau régional : cybersécurité, gestion de crise, environnement. D’autres verront l’implication des compagnies de gendarmerie des sept GGD concernés, avec une approche adaptée à leurs interlocuteurs. Ce qu’elles développeront avec leurs unités et leurs référents s’intégrera dans ce cadre régional. Cela peut être l’opération tranquillité vacances viticulteurs ou la mise en œuvre d’outils d’alerte dédiés. Le tout s’appuie sur ce que la gendarmerie a déjà déployé, mais en le déclinant et en l’adaptant, dans une logique d’« aller vers ».

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