Près de 55 000 actions menées par les gendarmes sur tout le territoire, et plus d'un million d'élèves sensibilisés, tel est le bilan de dix années de Permis Internet. Lancé en 2013, ce dispositif, co-construit par l’Éducation nationale, la gendarmerie nationale et AXA Prévention, est un programme de sensibilisation aux risques numériques, à destination des élèves de CM2.

Alors que l’exposition des enfants au numérique ne cesse d’augmenter, l’édition 2023 du baromètre AXA Prévention/CSA, dont la première édition remonte à 2013, montre la difficulté pour les enfants de prendre la mesure des dangers auxquels ils peuvent être confrontés, et pour les parents, la difficulté de contrôler l’accès de leur progéniture aux réseaux sociaux notamment. Et, à l’approche des vacances, les enfants seront plus exposés aux dangers numériques, car le temps de connexion augmente pendant l’été.

Dans ce contexte, le Permis Internet contribue plus que jamais à sensibiliser les enfants à ces risques. Il se déroule sur le temps scolaire, en trois phases : la présentation aux élèves du Permis et des principales menaces ; un examen sur les sujets abordés ; puis la remise officielle d'un diplôme par les gendarmes, en présence des autorités locales.

Une approche locale et collective

« L’objectif de ce programme est d’éduquer à la civilité et à la responsabilité, explique le chef d’escadron Wilfried, du Bureau de la prévention et des partenariats de sécurité à la Direction générale de la gendarmerie nationale. Il appelle à la prudence et à la vigilance dans l'usage des nouvelles technologies, par une analogie avec les comportements à adopter dans la rue. Il aborde notamment la problématique du cyberharcèlement, mais aussi de la protection de l'identité numérique et des données personnelles, ainsi que des potentielles mauvaises rencontres. »

Le Permis Internet repose sur une approche locale et collective, mobilisant la communauté éducative et les cadres de l’Éducation nationale, un acteur privé et l’ensemble des forces de sécurité intérieure, la police nationale et la préfecture de police ayant rejoint le dispositif quelque temps après son lancement. Il implique également les parents, lesquels bénéficient d'un contenu dédié. « La sensibilisation à la parentalité numérique est essentielle pour que les plus jeunes puissent être accompagnés de façon continue, au quotidien, en dehors des créneaux dédiés au Permis Internet », confirme le commandant Wilfried.

Afin de garantir l'adéquation des contenus à la réalité des menaces et des pratiques digitales, gage de la pertinence du programme, tout en s'attachant à préserver un visuel et un langage adaptés à la bonne transmission des messages aux jeunes enfants, des évolutions successives ont été conduites afin d’intégrer notamment l'importance des réseaux sociaux, ainsi que des phénomènes tels que les challenges et autres défis aux conséquences parfois dramatiques.

Jeudi 22 juin, à l’occasion des 10 ans du Permis Internet, s’est déroulée une cérémonie dans les salons de la mairie du 9e arrondissement de Paris, en présence notamment de la maire, Delphine Bürkli, du général de division Jean-Valéry Lettermann, chef du Service d'information et de relations publiques des armées (SIRPA) de la gendarmerie nationale et membre du Conseil d’administration d’Axa Prévention, du Directeur général d’Axa France, Guillaume Borie, et du président d’AXA Prévention, Éric Lemaire.

« Avec Axa et l’Éducation nationale, nous avons eu l’intuition, il y a 10 ans, qu’il fallait faire quelque chose pour enseigner aux enfants les gestes élémentaires à adopter dans l’espace numérique, pour le respect de soi-même et d’autrui, a indiqué le général Jean-Valéry Lettermann. Nous avons décidé de mettre l’accent sur cette notion d’hygiène numérique et sur son apprentissage. Tous ensemble, avec nos partenaires, les enseignants, les directeurs d’établissement, les élus et les parents d’élèves, nous sommes parvenus à cette très belle réussite du Permis Internet, dont nous sommes très fiers en gendarmerie. »

L’adjudant-chef Christophe récompensé

Au cours de cette cérémonie ont été remis les trophées de l’Engagement, dont trois à des représentants des forces de l’ordre. Pour la gendarmerie nationale, c’est l’adjudant-chef Christophe, de la brigade de proximité de Riaillé, en Loire-Atlantique, qui a ainsi été récompensé, pour s’être particulièrement impliqué dans cette mission de prévention, et avoir été un élément moteur de son unité pour aller au contact dans les écoles et augmenter, de fait, le nombre d'élèves sensibilisés.

Son action a été très remarquée, tant au sein de la gendarmerie qu'à l'extérieur, les chefs d'établissement ayant loué sa disponibilité et son sens de la pédagogie. La dynamique locale qu'il a su insuffler va se poursuivre à la prochaine rentrée scolaire et a fait tache d'huile auprès des autres unités du département. Ainsi, c'est tout le Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de Loire-Atlantique qui a développé son action dans ce domaine de la sensibilisation cyber et numérique des plus jeunes : 315 actions ont ainsi été menées au cours de la dernière année scolaire, soit quatre fois plus que les années précédentes.

Investir l’avenir et répondre au temps présent

Pour la gendarmerie nationale, comme pour tous les autres acteurs de ce dispositif, l’enjeu est désormais d’optimiser un format qui ne couvre encore qu'imparfaitement l'intégralité d'une classe d'âge, alors même que l'actualité rappelle la vulnérabilité des enfants, et l'exposition croissante aux menaces numériques. Pour parvenir à cet objectif, la gendarmerie nationale peut s’appuyer sur le réseau des Maisons de protection des familles (MPF), dont le déploiement dans tous les GGD et Commandements de la gendarmerie (COMGEND) outre-mer, à l'exception de Saint-Pierre-et-Miquelon et Wallis-et-Futuna, a été finalisé, ainsi que sur les nombreux référents scolaires et Correspondants territoriaux de prévention (CTP).

« Mener des actions de prévention à destination des enfants, c'est investir l'avenir. Et la réalité de 2023 signifie toute la pertinence du choix fait il y a 10 ans, mais aussi que l'engagement dans ce programme répond, en fin de compte, à un impératif du temps présent », conclut le chef d’escadron Wilfried. La préfiguration de PROTECT (PROgramme Territorial d’Éducation à la Cyber Tranquillité), un outil numérique conçu pour sensibiliser les collégiens aux dangers potentiels d’Internet, témoigne de ce volontarisme de la gendarmerie nationale en matière de prévention des risques numériques.