Ses jours étaient comptés. Très peu de personnes au sein de la compagnie de gendarmerie de Kourou, en Guyane, osaient parier sur les chances de survie d’Ouchka. La chienne de 5 ans, spécialisée dans la recherche de Stupéfiants, d’armes, de munitions et de billets de banque (SAMBI), souffrait en effet d’un cancer des maxillaires et du palais depuis janvier dernier. Après un premier traitement, qui s’est avéré peu efficace, Ouchka a subi une nouvelle opération pour éviter les ramifications de la tumeur. Mi-août, son état de santé s’est brusquement détérioré. « J’avais mal au cœur quand je la regardais », déclare son maître, l’adjudant Christophe, qui travaille, depuis trois ans, avec Ouchka. Le cancer était en train de se déployer dans la tête de la chienne. « Son œil droit avait été atteint,et il menaçait de sortir de son orbite », témoigne-t-il. Et d’ajouter : « Des examens ont aussitôt été réalisés, et la décision de faire opérer la chienne sur le territoire métropolitain a immédiatement été prise par le commandant de gendarmerie de Guyane. »

Borgne mais sauvée !

Accompagnée de son maître, Ouchka quitte la Guyane et arrive à Orly le 3 septembre dernier. Elle est prise en charge dès le lendemain et opérée dans la foulée dans un hôpital vétérinaire de Vélizy, en région parisienne. L’opération dure huit heures et demie. « Le système nerveux de l’œil droit ayant été affecté par la tumeur, le chirurgien a dû gratter deux centimètres autour de l’œil pour éviter des ramifications », explique l’adjudant Christophe, qui travaille depuis plus de vingt ans avec des chiens. Et de se montrer rassurant : « Le médecin m’a confirmé qu’il n’y avait pas de risque de récidive. »

Ouchka est aujourd’hui borgne, mais elle est sauvée et prête à reprendre ses activités au sein de l’équipe cynophile du Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG) de Kourou. Ce qui pourrait être le cas dès janvier 2024.

Sur la place d’armes du Commandement de la gendarmerie d’outre-mer (CGOM), à Arcueil, où son maître l’a présentée à une partie du personnel, la chienne affichait une grande forme. Sans attendre la fin de sa période de convalescence – environ trois mois -, elle s’est dirigée vers les personnes présentes, testant au passage le fonctionnement de son système olfactif. Ouchka n’a bien évidemment rien détecté, mais elle est rassurée : son flair est toujours opérationnel !

L’adjudant Christophe, qui la considère comme « sa troisième fille », est visiblement heureux. Le sous-officier, aujourd’hui âgé de 53 ans, espère l’avoir jusqu’à son départ à la retraite, en 2025. « J’ai déjà perdu un chien, atteint d’un cancer ; je n’aimerais pas perdre Ouchka », lâche-t-il, en fermant le visage.