La passion fait la force
- Par Antoine Faure
- Publié le 27 avril 2022
À l’origine de la création du Fonds de dotation pour le musée de la gendarmerie nationale (FDMGN), lancé officiellement le 15 mars dernier, lors du salon Rétromobile, on trouve deux hommes : Jean Todt et le général d’armée François Gieré, Inspecteur général des armées gendarmerie (IGAG). Tous deux animés par une même passion pour le patrimoine automobile et par une ambition commune : œuvrer dans le cadre de leurs attributions respectives pour la sécurité routière. Entretien croisé.
Jean Todt et le général d’armée François Gieré se sont rencontrés pour la première fois sur le circuit des 24 Heures du Mans, dont la gendarmerie sécurise le circuit et son accès.
Passionné de course automobile, le général Gieré, aujourd’hui Inspecteur général des armées gendarmerie (IGAG), est alors directeur des opérations et de l’emploi à la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), après avoir notamment commandé le groupement de gendarmerie départementale du Bas-Rhin et la Région de gendarmerie d’Aquitaine.
Jean Todt est, lui, président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) et envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la sécurité routière, fonction qu’il occupe depuis 2015, après avoir été, entre autres, fondateur et directeur de Peugeot Talbot Sports (quatre titres de champion du Monde des rallyes, cinq Dakar et deux victoires aux 24 Heures du Mans), directeur de la Scuderia Ferrari (14 titres de champion du Monde de Formule 1, dont les cinq de pilote remportés consécutivement par Michael Schumacher).
Tous deux ont décidé d’unir leurs compétences pour lancer le Fonds de dotation pour le musée de la gendarmerie nationale, qui a vu le jour officiellement le 15 mars dernier, lors du salon Rétromobile, et dont Jean Todt est l’un des fondateurs et le président d’honneur. Ce fonds a été créé grâce à l’appui de mécènes fondateurs : les groupes ACO (Automobile Club de l'Ouest), créateur et organisateur des 24 Heures du Mans, et ASO (Amaury Sport Organisation), organisateur du Tour de France et du Dakar, et l’entreprise française Motul, acteur majeur du monde automobile.
Comment vous êtes-vous rencontrés et avez-vous décidé de travailler ensemble à la création du Fonds de dotation pour le musée de la gendarmerie nationale ?
Jean Todt : « Dans le cadre de mes fonctions d’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la sécurité routière, j’ai été amené à collaborer avec la gendarmerie nationale sur des opérations de prévention et la mise en place de contrôles éducatifs, notamment lors de la course automobile des 24 Heures du Mans. Comme je suis quelqu’un de curieux, je me suis intéressé à la gendarmerie, et j’ai voulu savoir comment étaient organisés les gendarmes. J’ai échangé à ce sujet avec le général Christian Rodriguez et le général François Gieré. Celui-ci m’a alors proposé de devenir réserviste citoyen de la gendarmerie nationale. J’ai accepté et j’ai intégré la réserve le 11 mars 2021.
J’ai considéré que c’était à la fois un honneur et un devoir de m’engager ainsi officiellement. J’ai aussitôt demandé ce que je pouvais faire pour aider concrètement la gendarmerie. François m’a alors parlé de ce projet de fonds de dotation, destiné à rénover le patrimoine automobile de la gendarmerie. Or, j’aime beaucoup les voitures anciennes, celles que j’ai pu admirer en étant jeune, celles que j’ai eu la chance de conduire plus tard. Pour moi, l’automobile, c’est de la technologie bien sûr, mais aussi de l’art et de l’histoire. Les voitures sont comme des tableaux, des sculptures. Elles font rêver. Les faire revivre et leur permettre de rouler à nouveau, c’est transmettre ce patrimoine et véhiculer, au-delà de l’image de la gendarmerie, une image de la France. »
Général François Gieré : « Je suis la seule personne d’active dans ce projet, qui s’appuie exclusivement sur des réservistes citoyens, à l’instar de son président Bruno Gauttier. Cela avait du sens que Jean Todt, également réserviste citoyen, en soit le président d’honneur. Par sa grande connaissance du monde automobile, il nous a considérablement aidés à monter ce fonds et à trouver des partenaires. Son engagement actif et enthousiaste, ainsi que les compétences du Fonds de dotation de la garde républicaine, créé l’an dernier avec le même objectif de conservation du patrimoine, et sur lequel nous avons calqué notre fonds, ont été les deux clés de la réussite. »
Général, pouvez-vous nous en dire davantage sur le rôle de ce Fonds de dotation ?
Général François Gieré : « De par mes fonctions d’inspecteur général des armées gendarmerie, je suis président du conseil d’administration du musée de la gendarmerie. Ce musée possède un important patrimoine automobile de 80 véhicules, certains très emblématiques de la gendarmerie. On y trouve notamment des véhicules d’intervention rapide, mais aussi des véhicules blindés de gendarmerie mobile.
L’idée générale était donc de réunir ces véhicules, ainsi que des motos conservées par le Centre national de formation à la sécurité routière (CNFSR), dans une seule et même collection, visible dans le cadre d’une exposition au musée, mais qu’ils puissent aussi être utilisés par les groupements de gendarmerie départementale lors d’opérations de relations publiques, voire rouler sur la route à l’occasion de grands événements nationaux auxquels participe la gendarmerie, comme les 24 Heures du Mans ou le Tour de France. »
En quoi la création de ce Fonds de dotation s’inscrit-elle dans une démarche de sécurité routière ?
Général François Gieré : « Ce projet s’inscrit totalement dans la logique de contact avec la population, qui est au cœur des missions de la gendarmerie, et que symbolisent aussi ces véhicules. Cela va permettre de créer du lien entre les gendarmes et les citoyens. Il faut bien comprendre qu’il n’y a pas d’un côté le passé et de l’autre l’avenir. C’est le passé qui permet d’expliquer l’avenir. En l’occurrence, chaque fois qu’un véhicule sera présenté au public, cette exposition sera accompagnée d’un message de prévention de sécurité routière. »
Jean Todt : « L’insécurité routière est l’un des grands fléaux de notre temps. Chaque année, environ 1,4 million de personnes sont tuées dans des accidents de la route, et bien davantage encore sont blessées. Chaque jour, ce sont plus de 500 enfants qui meurent ainsi. Il s’agit d’une pandémie à laquelle nous pouvons mettre fin. Rendre les routes plus sûres, c’est le rôle des citoyens et des forces publiques. Dans le cadre de mes fonctions, j’ai pu constater l’engagement des gendarmes dans ce combat, en France bien sûr, mais aussi à l’étranger auprès des ambassades.
La mise en valeur du patrimoine automobile de la gendarmerie est aussi l’occasion de rappeler que les gendarmes ne sont pas des « empêcheurs de tourner en rond », qu’ils sont engagés au quotidien, depuis de très nombreuses années, au profit de la population et pour sa sécurité. Sur la route, le respect du gendarme doit remplacer la peur du gendarme ! »
Quelles sont les prochaines étapes pour le fonds de dotation de la gendarmerie nationale ?
Général François Gieré : « Nous allons désormais chercher des mécènes. L’idée directrice reste de restaurer en priorité les véhicules les plus emblématiques, mais nous voulons être souples et agiles, et agir en fonction des envies exprimées par ces mécènes de financer telle ou telle restauration. J’aimerais que nous puissions mixer les véhicules rapides d’intervention et les estafettes ou les Renault 4L, qui sont aussi des véhicules avec une forte symbolique.
En ce qui concerne les prochains événements, le musée de la gendarmerie sera présent aux Classic Days, les 30 avril et 1er mai, sur le circuit Bugatti du Mans. Le musée y tiendra un stand avec le groupement de gendarmerie départementale de la Sarthe, et deux Alpine - une nouvelle et une ancienne - ouvriront la parade.
Ensuite, le 23 mai, Jean Todt se rendra à l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), à Melun, où il abordera, lors d’une conférence, son expérience de management, avant de visiter le musée et sa collection de véhicules.
Enfin, les 11 et 12 juin, ce seront bien sûr les 24 Heures du Mans, avec là aussi un stand du musée et de la gendarmerie, ainsi que des actions de prévention. »
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