Sauvetage inédit pour le PGHM de Savoie grâce à l'appareil Wolfhound
- Par Capitaine Marine Rabasté
- Publié le 19 juin 2021
Le 28 janvier 2021, intervenant à la suite d’une avalanche, les gendarmes du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Savoie ont sauvé une victime ensevelie grâce à l'emploi de l'appareil Wolfhound. Récit de ce sauvetage qui marque une grande première dans le secours en montagne !
28 janvier 2021, 13 h 15. Le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Savoie est engagé sur un secours à Val-d'Isère. Quatre membres d'une même famille ont été pris dans une avalanche. Au moment de l'alerte, donnée par le fils, le père est enseveli sous plusieurs mètres de neige. Le temps est alors compté. Les militaires n'ont pas une minute à perdre pour intervenir. Malheureusement pour eux, la météo ne permet pas à l'hélicoptère des secours de voler. C'est donc en véhicule qu'ils doivent se rendre sur les lieux, bravant la neige et les avalanches déboulant sur la route. 45 minutes sont nécessaires aux trois premiers gendarmes engagés pour atteindre la station. « Quand on arrive sur place, on ne voit pas trop l'étendue de l'avalanche. La visibilité n'est pas très bonne, on a du mal à déterminer l'ampleur de l'accident », explique l’adjudant Cyril. Grâce à la présence de pisteurs et de professionnels de la montagne, déjà en train de sonder, ils localisent rapidement la zone de l'avalanche.
Le choix des moyens de recherches
Habitués à intervenir à la suite d’avalanches, les militaires du PGHM de Savoie disposent de moyens multiples pour rechercher des personnes ensevelies. Ce 28 janvier, l’engagement du chien avalanche en premier volet est une évidence. Mais ils ne peuvent se limiter à ça. L’adjudant Cyril emporte alors avec lui le RECCO, le DVA (Détecteur de Victimes d’Avalanche) pour leur sécurité, mais aussi le Wolfhound. « Il y avait quatre solutions. La première était que la victime soit détectée par la vague de sondage. Les personnes s'alignent et progressent en plantant une tige de 3 m à la verticale pour, peut-être, toucher la victime à travers le manteau neigeux. La deuxième était de la retrouver avec le chien. La troisième, le RECCO, et la dernière, le Wolfhound ».
À ce stade, les recherches RECCO n'ont pas encore été effectuées. « J'ai alors procédé à la recherche pendant près de trente minutes, mais la victime n'était pas détectable avec l'appareil. J'ai été perturbé par d'autres pastilles autour de l'avalanche, appartenant aux personnes qui sondaient », ajoute l’adjudant Cyril. Face à cette vaine manœuvre et à la non-détention de DVA par la victime, il choisit d'utiliser le Wolfhound.
La localisation par le Wolfhound
« C'est un appareil qu'on n'utilise pas tous les jours, loin de là ! Il n'est pas efficace à 100 % et il est difficile à mettre en œuvre, comparé à d'autres matériels dont on dispose. » Mais pour l’adjudant Cyril, il faut tenter quand même. « Les premières minutes, mon signal est brouillé par des téléphones restés allumés. Ça m'a perturbé, car j'ai tourné pendant 15 minutes autour d'une vague de sondage. » Les secouristes demandent alors à toutes les personnes présentes de bien éteindre leur téléphone. « À partir de ce moment-là, j'ai tout de suite constaté la présence d'un signal, faible mais stable. Pour cela, il faut que le téléphone émette en permanence et donc il faut l'appeler. » Un deuxième gendarme se charge donc d'appeler le téléphone de la victime à plusieurs reprises pour que l'émission se fasse quasiment en permanence. Avec ce signal, l’adjudant Cyril sait que s'il capte un signal stable, il s'agira de celui de la victime recherchée. Commence alors un travail de localisation du téléphone. Quand le signal est au maximum, l'appareil Wolfhound peut pointer dans une direction où est susceptible de se trouver la victime. C'est ensuite une succession de points de station et de recherches du signal maximum pour l'affiner et se rapprocher au maximum de celle-ci. « À un moment donné, je suis passé au-dessus de la victime, je ne le savais pas, et en continuant à avancer, j'ai vu le signal baisser. Donc j'ai réalisé que j'étais passé à côté d'elle. Ça m'a permis de restreindre la zone de recherches à un espace de 5x5 mètres et de demander à une vague de sondage de venir faire des recherches à mon niveau. Je suis alors passé en mode « Recherche finale » sur l'appareil, le potentiomètre étant réglable en sensibilité. L'idée était qu'il capte mal, donc à faible distance, pour avoir une recherche affinée », explique l’adjudant Cyril. En une minute, la victime est localisée. « Ça a été précis ! J'ai moi-même été surpris par la précision avec laquelle j'ai donné le point. »
Une fin heureuse !
En sondant, les secouristes constatent qu'il y a bien quelque chose sous la neige à leur niveau. C'est en retirant une couche de plus d'un mètre de neige qu'ils constatent que la victime se tient là, debout, en hypothermie, mais conscient et lucide. Cela fait alors 2 h 30 qu'elle est ensevelie. Pour l’adjudant Cyril, c'est un soulagement. « Au fur et à mesure du temps qui passe, on a une certaine pression qui s'installe, car on doute de notre efficacité à rechercher. On voit que ça ne fonctionne pas… Ici, ça s'est vraiment décanté quand les téléphones ont tous été éteints. En tant que secouriste, quand on recherche pendant des heures quelqu'un et que finalement on le découvre, c'est un soulagement pour tout le monde. Pour nous, car on prend des risques, notamment à cause du risque de suravalanche, mais pour la famille également. »
Grande première dans le secours en montagne
Cette fin heureuse, la victime la doit entièrement à l'utilisation du Wolfhound par l’adjudant Cyril. En dotation dans les unités depuis quelques années, ce dispositif est pourtant peu utilisé, contrairement aux autres matériels. Et pour cause, il ne s'agit pas, au départ, d'un dispositif dédié au secours en montagne.
Créé aux États-Unis, sa vocation initiale est de détecter les téléphones portables au sein des prisons, grâce à un système de captation des fréquences téléphoniques. Dans les PGHM, il était initialement utilisé pour rechercher des personnes en montagne qui ne pouvaient pas répondre au téléphone. À partir d'une localisation approximative, donnée par l'entourage, les secouristes pouvaient localiser un signal téléphonique sur un kilomètre. Mais les résultats n'étaient pas garantis. « L'efficacité du Wolfhound est soumise à un environnement : s'il n'est pas optimal, c'est compliqué », explique l’adjudant Cyril. C'est pourquoi il est rarement utilisé lors des recherches sur une avalanche. « Détecter la victime d'une avalanche grâce au Wolfhound est donc une grande satisfaction pour moi, car c'est la première fois que ça arrive ! »
À la suite de ce secours, l’adjudant Cyril a effectué un retour d'expérience diffusé au niveau national, avec des préconisations et des recommandations. « Avec ça, lors de la prochaine intervention avec le Wolfhound, on arrivera, je l’espère, à être plus efficace et plus efficient. Ça fait avancer le secours en montagne ! »
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